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Fin DE PARTIE de Samuel Beckett (analyse détaillée)

Publié le 23/10/2018

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Fin DE PARTIE. Pièce en un acte et en prose de Samuel Beckett (Irlande, 1906-1989), publiée à Paris aux Éditions de Minuit en 1957, créée en français dans une mise en scène de Roger Blin à Londres au Royal Court le 3 avril 1957. Elle sera reprise à la fin du même mois à Paris au Studio des Champs-Ély-sées. Entre 1954 et 1956, sur l'insistance de Roger Blin, Beckett avait écrit une version en deux actes de cette pièce, mais il n'en fut pas satisfait, probablement à cause d'accessoires trop nombreux et d'un jeu de scène trop dense.

 

Dans un décor très rudimentaire (« Intérieur sans meubles, deux fenêtres haut perchées aux murs de droite et de gauche, une porte à l’avant-scène à droite » et « accroché au mur près de la porte un tableau retourné ») se trouvent deux personnages. L’un, Clov, parcourt la scène d’un endroit à un autre et sert de valet à l’autre, Hamm, aveugle et immobile dans un fauteuil au centre de la pièce. À l'avant-scène, à gauche, deux poubelles enferment les parents de Hamm : Nagg et Nell. Toute la pièce consiste en fait en une longue conversation entre Clov et Hamm avec quelques interventions de Nagg et Nell qui passent pour ce faire la tête hors de leur poubelle. Les propos tenus, de courtes répliques la plupart du temps, sont désespérés et désespérants : l'ennui de tous est à son comble, la pénurie s'installe (plus de biscuits, de bouillie, de roues de bicyclette, de calmant) et les personnages éprouvent les uns pour les autres une haine résignée. L'action se réduit aux déplacements de Clov qui répond avec plus ou moins de bonne volonté aux sollicitations de Hamm et lui apporte les objets qu’il réclame : un chien en peluche et une gaffe. Le monde extérieur, observé à la lunette par Clov, est un désert ; tout y semble mort Hamm se raconte une histoire : celle d’un homme et d'un enfant qu’il pourrait recueillir ; il termine sur un monologue, après le départ de Clov.

 

Alors que dans En attendant Godot on pouvait encore feindre de croire à une certaine efficacité du jeu pour faire parade à l'ennui, cette ressource a disparu dans Fin de partie. Ici, c'est l'accablement à l'état pur qui se représente et il n'est plus question que de subir les affres d'un interminable présent. Contre cela, les quelques tentatives de la mémoire (comme celle de Nell ou encore celle esquissée dans cette adresse de Hamm à Clov : « Héhé, on s'est bien amusés tous les deux, bien amusés ! [Morne.] Puis on a pris l'habitude ») ou de l'imaginaire (comme cette histoire que Hamm n'en finit pas d'ébaucher laborieusement et sans la moindre conviction) constituent de bien dérisoires recours.

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« fraîcheur ! Nos idéaux ! » Pourtant ce cheminem ent reste trop imperceptible pour éviter que chaque seco nd e ne pèse un s iècle.

Dans un tel engourdis­ seme nt, les adverbes temporels perdent leur sens : « Hier ! Qu'est-ce que ça veut dire, Hier? », demande Hamm à Clov qui lui répond « avec violence ,.

: "J'emploie les mot s que tu m'as appris.

S'ils ne veulent plus rien dire apprends­ m'en d'autres.

Ou laisse-moi me tai re.

» Même les mots do nc ne son t plus d es repères utilisables mais on continue de les emplo yer, faute d'autres moyens pour éviter la trop grande morsure de la solitude.

Il suffi t de ne pas être dupe de le ur prét endu poids symbolique.

Beckett insiste dans de nombreuses répliques sur le carac­ tère ludique de cette pièce qui est beau­ coup plus proche de ses romans que Godot.

Il s'y gausse également des nom­ breuses inte rprétati ons auxquelles sa première pièce a donné lieu ; à Hamm qui lui demande : «On n'est pas en train de...

de...

signifier quelque chose?,., Clov répond : «Signifier? Nous, signifier 1 (Rire bref.) Ah elle est bonne ! » Comme pour laisser enten­ dre que l'attente id, quoique plus tmplidte, est aussi plus essentielle.

Et avant que la « partie » se termine, il n'y a que le jeu qui puisse s'intercaler , en pur e perte.. »

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