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Bergson, « La conscience et la vie »

Publié le 05/12/2010

Extrait du document

bergson

« Les philosophes qui ont spéculé sur la signification de la vie et sur la destinée de l’homme n’ont pas assez remarqué que la nature a pris la peine de nous renseigner là-dessus elle-même. Elle nous avertit par un signe précis que notre destination est atteinte. Ce signe est la joie. Je dis la joie, je ne dis pas le plaisir. Le plaisir n’est qu’un artifice imaginé par la nature pour obtenir de l’être vivant la conservation de la vie ; il n’indique pas la direction où la vie est lancée. Mais la joie annonce toujours que la vie a réussi, qu’elle a gagné du terrain, qu’elle a remporté une victoire : toute grande joie a un accent triomphal. Or, si nous tenons compte de cette indication et si nous suivons cette nouvelle ligne de faits, nous trouvons que partout où il y a joie, il y a création : plus riche est la création, plus profonde est la joie. […] Prenez des joies exceptionnelles, celle de l’artiste qui a réalisé sa pensée, celle du savant qui a découvert ou inventé. Vous entendrez dire que ces hommes travaillent pour la gloire et qu’ils tirent leurs joies les plus vives de l’admiration qu’ils inspirent. Erreur profonde ! On tient à l’éloge et aux honneurs dans l’exacte mesure où l’on n’est pas sûr d’avoir réussi. […] Si donc, dans tous les domaines, le triomphe de la vie est la création, ne devons-nous pas supposer que la vie humaine a sa raison d'être dans une création qui peut, a la différence de celle de l'artiste et du savant, se poursuivre a tout moment chez tous les hommes : la création de soi par soi, l'agrandissement de la personnalité par un effort qui tire beaucoup de peu, quelque chose de rien, et ajoute sans cesse a ce qu'il y avait de richesse dans le monde ? «

  Bergson, « La conscience et la vie «

 

   Ce texte est extrait de « La conscience et la vie « de Bergson. Celui-ci y donne sa vision sur la signification de la vie. Ainsi, la thèse du texte est que la joie est la manifestation d’une réussite de la vie, dont le but est la création de soi par soi. Le texte a 3 articulations. La première partie, de « Les philosophes « à « triomphal « (ligne 1 à 8), annonce que la joie est le signe naturel de la réussite de la vie. Les 7 lignes suivantes (de « or, si « à « avoir réussi « nous indiquent que joie et création sont intimement liées. Les dernières lignes suivantes font la synthèse, sont la conclusion logique des deux idées précédentes. Puisque la réussite de la vie est due à la création, signalée par la joie, le but de la vie humaine est la création de soi par soi, c’est-à-dire l’enrichissement personnel de chaque homme.

 

    La première phrase est une petite introduction, ou Bergson critique les philosophes qui ont cherché ardemment le but, « la signification « de la vie, « la destinée de l’homme « sans remarquer que la nature, ce qui dans un être constitue le principe de son développement autonome, nous donnent l’information, qui est ainsi à notre portée. La joie nous montre que « notre destination est atteinte «, que nous avons atteint, ce que la vie, en nous, vise. Ceci est précisé dans les phrases suivantes (l. 3 à 8). Tout d’abord, Bergson insiste sur le fait que le signe de réussite de la vie est la joie, et non le plaisir. Bien que ces deux termes expriment l’idée de satisfaction, il existe entre eux une différence capitale. La joie –terme que Bergson rapproche du bonheur- est un état de plénitude, un sentiment de satisfaction ou d’exaltation, profond en ceci qu’il affecte la conscience tout entière. Le plaisir, satisfaction physique ou morale, n’affecte qu’une partie de l’être seulement. C’est pour cela que, selon Bergson, c’est « un artifice imaginé par la nature pour obtenir de l’être vivant la conservation de la vie. «, alors que la joie « indique la direction ou la vie est lancée. « Le plaisir est une ruse de la nature afin que l’homme reste en vie, qu’il vive. Donnons quelques exemples. Le plaisir sexuel fait partie intégrante de la reproduction. Celle-ci est nécessaire à la conservation de la vie, et donc à la perpétuation de l’homme. L’homme ressent du plaisir lorsqu’il mange, il aime la bonne cuisine. Or manger est indispensable pour rester en vie (biologiquement). Mais l’homme doit aussi garder son envie de vivre intacte, c’est ce que lui permet par exemple lire, jouer au piano, faire du vélo… La diversité des plaisirs permet à l’homme de ne pas tomber dans la monotonie (ou la souffrance) de l’existence et de l’ennui, qui pourrait conduire à sa mort (envie de se suicider). La joie, elle, est signe que « la vie a réussi «, « la vie a gagné du terrain «, « la vie a remporté une victoire «, c’est-à-dire que la vie a gagné du terrain sur elle-même (elle s’est dépassée) et sur la mort (qui la supprime). Ainsi, « toute grande joie a un accent triomphal. «. Toute joie importante marque une victoire de la vie, un succès de la vie à atteindre sa destination.

   Bergson, de la ligne 8 à 15 « Or, si nous tenons (…) avoir réussi «, poursuit son raisonnement en nous faisant connaître la cause de cette joie.

Bergson nous apprend que la joie est intimement liée à la création : « partout ou il y joie, il ya création «, et que c’est cette dernière qui affecte la première ; la joie accompagne la création. Ainsi, « plus riche est la création, plus profonde est la joie «.  Pour étayer cette affirmation, Bergson donne deux exemples (ligne 10 à 15) : celui du savant et de l’artiste. Mais avant d’expliquer ces exemples, remarquons que la création est une action incompréhensible qui fait advenir de l’être à partir du néant (elle est ex nihilo « à partir de rien «). Elle se distingue de la production, de la technique et du travail, qui agissent sur une matière préexistante. La joie qui succède à la création est donc satisfaction d’avoir fait quelque chose à partir de rien. Ainsi, l’homme n’est pas qu’un « bon à rien « qui n’éprouve que des plaisirs, il est aussi capable de créer. Ainsi, si nous reprenons les deux exemples de Bergson, la joie du savant et celle de l’artiste vient du fait qu’ils ont inventé tous deux quelque chose à partir de rien à partir de leur seule réflexion et imagination (théorie pour le savant, œuvre d’art pour l’artiste) : ils ont créés. Leur joie ne vient donc pas du fait que grâce à leur travail, leur gloire, leur célébrité, leur renommée s’accroissent, comme nous pourrions facilement le croire. Il ne faut pas se méprendre sur la cause de leur joie : ils ne tirent pas « leurs joies les plus vives de l’admiration qu’ils inspirent. «. Ce n’est pas excès d’amour-propre, mais satisfaction intérieure profonde. « On tient à l’éloge et aux honneurs dans l’exacte mesure où l’on n’est pas sur d’avoir réussi «. L’homme incertain vis-à-vis de son œuvre cherche la considération des autres hommes, pour qu’ainsi il puisse se rassurer. L’homme sûr, lui, est au-dessus de la gloire et de la fierté, il n’en a pas besoin. Il sait qu’il a créé une œuvre stable, la joie m’envahit. Il n’a pas besoin de plus.

    De la ligne 15 à 20 : « Si donc, …. «, Bergson déduit des deux précédentes idées, que « la vie humaine a sa raison d’être dans […] la création de soi par soi «.

En effet, pour Bergson, puisque la joie est signe que notre destination est atteinte (1ère idée), et que joie est toujours intimement lié à la création, alors la vie vise la création. Celle-ci est le « triomphe de la vie «. Cette victoire de la vie est annoncée par la joie ; la vie atteint effectivement et pleinement son but (la création).  Ainsi, le but de la vie humaine, « sa raison d’être «, plus spécifiquement, réside dans la « création de soi par soi «. C’est une création « qui peut (…) se poursuivre à tout moment chez tous les hommes. «, c’est-à-dire une création à la portée de tous, au contraire de la création du savant et de l’artiste, qui n’est pas accessible à tous, car elle nécessite une certaine culture et éducation. Ainsi, l’homme se façonne lui-même, en tant qu’individu avec une personnalité, des caractéristiques qui lui sont propres. L’homme devient plus qu’il n’était : plus complexe, plus fin, plus sensible… Il y « agrandissement de la personnalité « par création, qui est ex nihilo « à partir de rien «), la création que Bergson définit comme « un effort qui tire beaucoup de peu, quelque chose de rien, et ajoute sans cesse à ce qu’il y avait de richesse dans le monde. «. Conséquence de la création est un sentiment de joie, signe que notre destination est atteinte, joie qui nous indique vers quoi tend la vie.

 

    Ainsi, Bergson nous fait part ici d’une réflexion sur la signification de la vie, une des questions les plus importantes et essentielles de la philosophie. La vision que nous donne Bergson sur le but de la vie est très intéressante, satisfaisante et valable, mais elle n’est pas et ne peut être universelle. En effet, la question de la signification de la vie est très délicate, car chaque homme peut avoir sa propre notion de la signification de la vie… Remarquons que nous pouvons aussi  avoir une autre définition du plaisir. Nous pouvons très bien résumer la pensée de Bergson par ce que nous venons d’accomplir. Nous avons expliqué un texte philosophique : nous pouvons écrire notre explication avec plaisir, mais le résultat obtenu procure de la joie : rien qu’avec notre réflexion, nous avons produit notre propre argumentation à partir du texte, de la pensée de l’auteur. Grâce à cette création, nous nous sommes enrichis, ce que vise la vie.

bergson

« beaucoup de peu, quelque chose de rien, et ajoute sans cesse à ce qu’il y avait de richesse dans le monde.

«.

Conséquence de lacréation est un sentiment de joie, signe que notre destination est atteinte, joie qui nous indique vers quoi tend la vie. Ainsi, Bergson nous fait part ici d’une réflexion sur la signification de la vie, une des questions les plus importantes et essentielles de la philosophie.

La vision que nous donne Bergson sur le but de la vie est très intéressante, satisfaisante et valable, mais elle n’est pas et ne peut être universelle.

En effet, la question de la signification de la vie est très délicate, car chaque homme peut avoir sa propre notion de la signification de la vie… Remarquons que nous pouvons aussi avoir une autre définition du plaisir.

Nous pouvons très bien résumer la pensée de Bergson par ce que nous venons d’accomplir.

Nous avons expliqué un texte philosophique : nous pouvons écrire notre explication avec plaisir, mais le résultat obtenu procure de la joie : rien qu’avec notre réflexion, nous avons produit notre propre argumentation à partir du texte, de la pensée de l’auteur.

Grâce à cette création, nous nous sommes enrichis, ce que vise la vie.. »

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