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Sujet : Y a-t-il de l’imprévisible dans la nature ?

Publié le 31/10/2015

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Sujet : Y a-t-il de l’imprévisible dans la nature ? CITATION : « Vous arrivez devant la nature avec des théories, la nature flanque tout par terre. « Pierre-Auguste Renoir. Analyse de la citation : Le peintre impressionniste du 19 et 20ème siècle a réalisé beaucoup d’œuvres et de représentation de la nature. Avant de s’élancer sur ses toiles, il a étudié les grands espaces et paysages qu’offre la nature. Puis en la peignant, il comprit qu’on ne pouvait pas se contenter d’une simple toile pour la décrire entièrement. La nature est beaucoup plus complexe qu’un simple coup de pinceau. Dès lors, tout ce qu’il avait étudié à propos de la nature n’avait plus de sens. Selon Renoir, la nature n’obéit à aucune règle ni théorie, elle est libre et surprend toujours les hommes. DEFINITION DES TERMES La nature est un terme d’une grande polysémie. Il est plus facile à le définir positivement que négativement. On l’oppose à la culture, à l’histoire, mais aussi à la liberté et à l’artificiel. Étymologiquement, nature vient de Natura (qui renvoie au verbe nascor : naître, prendre son principe). Par extension, le terme désigne : -La totalité de ce qui a en soi son principe de mouvement ou de développement. -Ce tout en tant qu’il est ordonné (la Nature en général). -Ce tout en tant qu’il se laisse connaître (c’est-à-dire en tant qu’un objet d’investigation et de connaissance). -Ce qui fait qu’une chose est ce qu’elle est. Autrement dit, sans les sens. L’imprévisible est ce qu’on ne peut pas savoir, ce qui ne peut pas être prévu. L’imprévisible est inattendu, imprévu et soudain. PROBLEMATIQUE Si l’on exclut la pensée de Renoir sur la nature, celle-ci pourrait-elle présenter certaines de ces caractéristiques ? A-t-elle en elle une part d’inaccessibilité pour l’homme ? Est-ce que l’homme pourrait déterminer à l’avance ce que la nature a à nous offrir ? I - La nature est par définition la naissance du vivant Elle ne peut donc pas être prédéfinie, ni pensée à l’avance. A / L’évolution du vivant détermine le caractère imprévisible de la nature Selon le philosophe latin de l’Antiquité Lucrèce, le constant mouvement des particules est responsable de l'évolution des êtres vivants. Il le démontre son ouvrage « De la nature « : Tous les atomes ne peuvent certes pas se combiner de n'importe quelle façon, car « tous les corps proviennent de semences définies, ont une mère déterminée et croissent avec la faculté de conserver chacun son espèce « (II, 707-10). Mais avant d'en arriver là, la nature a expérimenté en de multiples façons, engendrant des monstres et des organismes non viables, avant d'en arriver à produire des corps qui se sont transformés au cours d'un long et complexe processus d'essais et d'erreurs.] L'organe a précédé la fonction. Les divers organes n'ont pas été créés pour une fin déterminée, mais ont permis à la créature qui en était doté de s'en servir pour survivre[] : « Rien en effet ne s'est formé dans le corps pour notre usage; mais ce qui s'est formé, on en use. Aucune faculté de voir n'exista avant la constitution des yeux, aucune parole avant la création de la langue: c'est au contraire la langue qui a précédé de beaucoup la parole, et les oreilles ont existé bien avant l'audition des sons. « (IV, 834-39) Loin d'avoir commencé dans un mythique âge d'or, les espèces ont dû lutter pour leur survie: « Beaucoup d'espèces durent périr sans avoir pu se reproduire et laisser une descendance. Toutes celles que tu vois respirer l'air vivifiant, c'est la ruse ou la force, ou enfin la vitesse qui dès l'origine les a défendues et conservées. « B / La nature nous surprend sans cesse La nature change constamment. Rien ne se perd, mais tout se transforme selon un philosophe atomiste ionien du Vème siècle avant J-C, déjà très en avance sur son temps, Anaxagore de Clazomènes : « Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau «. Il sait que le monde est matériel et que, partant de là, tout est nécessairement relié à tout. La nature n’est donc qu’une reformation des atomes qui nous entourent. De plus, l'univers, selon le philosophe grec de l’Antiquité Epicure, est constitué de corps en nombre infini et d'un vide illimité qui existent depuis toujours: "rien ne naît de rien", et "l'univers a toujours été identique à ce qu'il est aujourd'hui, et il sera toujours ainsi de toute éternité" (Diogène, X, 39); autrement dit, il n'y a jamais eu de commencement du monde, et comme les atomes sont en nombre infini, il existe aussi une infinité de mondes, différents ou semblables au nôtre. Du fait de l’immensité de la nature, l’homme est constamment surpris de ce qu’il y trouve, bien qu’il sache que tout n’est que transformation d’atomes. C’est donc pour cela qu’il ne peut connaître l’univers et la nature dans sa totalité. Malgré cela, comme la nature ne cesse de changer de forme et d’apparence, la perception que l’on en a est modifiée et parfois, on s’étonne devant les modifications qu’elle apporte aux paysages. De ce fait, On ne peut prévoir ce qui nous étonne sans cesse. Cela paraît incohérent de dire que l’on puisse prévoir ce que la nature va nous offrir. Le changement du décor de la nature est inattendu, et imprévisible à nos yeux. Par exemple, le film « Nature « de Patrick Morris témoigne de l’immensité de la nature. Des entrailles de la terre aux déserts brûlants, des profondeurs de l’océan aux cimes glaciales, nous voyageons pour découvrir que la nature, peuplée de créatures extraordinaires, est encore plus fascinante que tout ce que nous pensions savoir. TRANSITION Seulement, l’aspect imprévisible de la nature n’est pas tout à fait véridique. Dans certaines acceptions de la nature, l’homme peut comprendre la nature et l’étudier pour mieux la connaître. II – La nature peut être comprise, et parfois ses actions prédites par l’homme A / Le terme nature a été étudié et ses causes peuvent dans certains cas être prédéfinies par expérience « La nature est un principe et une cause de mouvement et de repos pour la chose en laquelle elle réside immédiatement, par essence et non par accident. « Aristote : Un accident est un événement inattendu, qui n’est pas prédéfini au préalable. Aristote montre dans « Physique « que la nature est L’essence d’une chose est ce qui est en dehors de toute apparence (selon Platon). En général, elle s’oppose à l’accident. L’essence est ce qui ne peut pas ne pas être et c’est ce qui commande en devenir propre. L’accident quant à lui est éphémère, incertain, peut être ou ne pas être, il est simplement particulier. Or les phénomènes météorologiques sont récurrents, et ne sont pas des événements accidentels : leurs mouvements et leur évolution sont étudiés par des scientifiques qui prévoient les actions de la nature. Ils étudient des phénomènes atmosphériques tels que les nuages, les précipitations ou le vent dans le but de comprendre comment ils se forment et évoluent en fonction des paramètres mesurés tels que la pression, la température et l'humidité. Tout cela encore imprévu dans le moment présent est deviné par la science. La nature est donc une cause de phénomènes propres à eux-mêmes qui évoluent parfois en lien avec certaines des prédictions météorologiques. De plus, dans un aspect spirituel, la nature d’un homme peut être prédéfinie selon la manière dont il est perçu par ses semblables. La conscience d’une personne peut être parfaitement comprise pour savoir comment le sujet peut réagir face à tel ou tel événement. Le cas le plus représentatif est la psychiatrie. Un homme ayant des troubles mentaux peut être pris en charge dans un établissement. Ses faits et gestes sont analysés afin de comprendre d’avantage sa nature et sa raison d’être. Petit à petit, les infirmiers comprennent son comportement et sont capables de prévoir sa réaction à quelconque moment. Aussi, par expérience, les infirmiers arrivent à comprendre les patients puisqu’ils ont appris les caractéristiques psychologiques et connaissent les troubles mentaux récurrents. La nature humaine a longuement été étudiée par la science et des lois, elle n’est pas totalement acquise, mais les comportements naturels peuvent être prédéfinis selon la situation. B / Le monde sensible est soumis à un devenir propre selon la physis La physis : terme grec de la physique : il désigne le monde sensible en tant qu’il est soumis à un devenir propre. Une totalité ordonnée et systématique ont le devenir obéit à une certaine causalité : soit propre, soit qui renvoi à de grandes lois universelles. Pour les penseurs de la modernité, ce qui est décisif est l’idée de lois universelles (de déterminisme). De plus, Aristote définit la nature comme un endroit où chaque être a son lieu. Il construit une physique des lieux naturels qui explique le mouvement du fait que tout être tend à gagner sa place. C’est une physique dépassée, mais elle décrit une nature qui est le fruit de notre expérience de tous les jours. C’est une nature que nous pouvons reconnaître, qui est donc prévisible. Selon Aristote dans « Ethique à Nicomaque «, notre nature est caractérisée par « une certaine vie pratique (= c’est-à-dire ce qui concerne les domaines de l'éthique de la morale et de l'économie pour Aristote) de la partie rationnelle de l'âme « : c'est une vie d'agent politique qui implique une perspective morale éthique et juridique. Cette perspective est ancrée dans nos sociétés, la vie pratique constitue des actions communes et répétitives. La nature est donc soumise à un déterminisme qui peut être causé par les actions que l’on effectue : les habitudes et les pratiques acquises de la vie sont déterminées par la nature, et sont prévisibles, car elles sont communes à la société. CONCLUSION En définitive, on ne peut dire clairement s’il existe de l’imprévisible dans la nature ou non. Certes, la part d’inconnu est une réalité, et chaque fois que nous essayons de comprendre la nature, elle nous surprend en nous apportant des choses nouvelles. Cependant, les lois et sciences contemporaines nous permettent de prévoir une infime quantité de ce que la nature a à nous offrir, comme le temps qu’il fera demain, ou alors la nature humaine.

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