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Britannicus Acte II scène 2

Publié le 01/12/2013

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Introduction Britannicus est une tragédie en cinq actes et en vers de Jean Racine (1639-1699), célèbre dramaturge français, représentée pour la première fois en 1669 à l'Hôtel de Bourgogne. Il s'agit de la deuxième tragédie écrite par Racine et, pour la première fois, il utilise l'histoire romaine antique pour construire son intrigue en adaptant librement le texte de Tacite pour en faire une tragédie. Cette pièce raconte les premières années du règne de Néron, au moment où le jeune empereur s'affranchit de la tutelle de sa mère, Agrippine, pour s'engager dans la voie de la tyrannie et du crime, aidé en cela par Narcisse. Au début de l'acte II, Néron a fait enlever Junie, la jeune fille dont Britannicus, son demi-frère, est amoureux. Dans l'acte II, scène 2, extrait soumis à notre commentaire, Néron avoue à Narcisse son amour pour celle-ci. A travers le récit d'un évènement violent, l'enlèvement de Junie par les hommes de Néron, Racine dépeint un amour excessif de la part de Néron. Nous évoquerons d'abord la naissance d'une passion, pour ensuite nous intéresser à la révélation d'une passion excessive voire inquiétante. La naissance d'une passion Dans sa tirade, Néron raconte à Narcisse l'arrivée de Junie « en ces lieux » et le coup de foudre qui s'en suit alors qu'il ne l'avait jamais rencontrée auparavant. L'arrivée de Junie Cette arrivée se déroule dans une ambiance de terreur et de violence, Junie vient d'être enlevée « ses fiers ravisseurs » (vers 14), « les armes » (vers 9) pendant la nuit sans savoir ce qui lui arrivait : « dans le simple appareil » (vers 10), « arracher au sommeil » (vers 11), « les cris » (vers 13). Néron d'ailleurs dresse le portrait d'une jeune fille triste, terrifiée et apeurée en utilisant les champs lexicaux de la tristesse, de la souffrance : « triste », « yeux mouillés de larmes » (vers 8), « ses pleurs » (vers 23), « farouche » (vers 14). On remarque également un champ lexical de la vue ; ainsi, Néron raconte l'arrivée de Junie du moment où il l'a vue arriver : « je l'ai vue », dès le deuxième vers de sa tirade, puis v.8 « yeux mouillés de larmes », v.15 « relevaient de ses yeux », v.16 « ravi d'une si belle vue », v.21 « son image », v.22 « trop présente à mes yeux », v.23 « j'aimais jusqu'à ses pleurs », jusqu'au moment où il est allé se coucher, avec toujours son image en tête vers 27 : « mes yeux sans se fermer ont attendu le jour ». L'arrivée de Junie n'est donc pas sans effet sur Néron. Il tombe littéralement « amoureux » d'elle par un simple regard. C'est un véritable coup de foudre. Un coup de foudre éblouissant Néron est ébahi par la beauté de Junie. Sa douceur et sa beauté sont mis en valeur par les champs lexicaux suivants : « belle » (vers 10 et 16) « d'une beauté » (vers 11), « timides douceurs » (vers 15). Il dresse un portrait physique très élogieux de Junie. Ce portrait contraste avec l'ambiance de terreur ressentie lors de son arrivée. Racine joue d'ailleurs avec les mots et les rimes pour marquer cette opposition : « larmes/armes » « ravisseurs/douceurs ». Néanmoins, Néron est totalement tétanisé, paralysé, hypnotisé par Junie comme en témoignent les termes « Immobile, saisi d'un long étonnement » (vers 18). Il est vraiment troublé car on constate un décalage entre ce que veut faire Néron « j'ai voulu lui parler » (vers 17) et ce qu'il fait vraiment « ma voix s'est perdue ». Il va rester obsédé par le souvenir de Junie car il dit ne pas pouvoir se « distraire de son image » (vers 21), « trop présente » (vers 22), « occupé de mon nouvel amour » (vers 26). Néron éprouve donc de l'amour pour Junie mais c'est un amour excessif, démesuré, étouffant comme nous allons le voir. II Un amour excessif L'amour de Néron est si soudain et impossible à maîtriser « depuis un moment ; mais pour toute ma vie, j'aime » (vers 3), qu'il en devient inquiétant. A ) Un amour impossible à maîtriser Certes, Néron semble aimer sa prisonnière mais c'est un amour excessif lorsqu'il emploie l'hyperbole « j'idolâtre Junie » (vers 4) plus une allitération en J et assonance en i. Son comportement frise l'obsession : son image « trop présente ». La passion de Néron se présente comme une relation amoureuse cruelle, obscure, excessive, démesurée, paralysante. Dominé par sa passion, Néron n'est plus maître de lui-même. Cet amour est né brusquement et a surgi dans sa vie comme un événement absolu. Il est saisi, lié. En effet, au moment où Néron voit Junie pour la première fois, il se dit « ravi d'une si belle vue » (vers 16) c'est-à-dire saisi.  On retrouve ici la passion chez Racine où la fatalité s'acharne sur les héros qui ne peuvent rien contre elle. Le héros racinien est conduit aux pires atrocités car il est sous l'emprise d'une passion amoureuse souvent coupable et née d'un regard, d'un coup de foudre, comme pour Néron, à laquelle il ne peut se soustraire. Cet amour devient une véritable machine de guerre qui broie les individus et inspire la terreur. C'est en cela que cet amour est inquiétant. Un amour inquiétant Cet amour est inquiétant car Néron aime Junie non pas pour ce qu'elle est mais pour l'image qu'il a d'elle. Ces sentiments ne peuvent être très sains. Junie subit cet amour, elle n'est pas là pour répondre, il n'y a aucun échange. Il parle à la première personne du singulier : « je », « j'ai ». Mais ce qui est le plus inquiétant c'est le fait qu'il devienne insomniaque, Junie hante son esprit : « mes yeux sans se fermer ont attendu le jour » (vers 27). Il revit la scène de l'enlèvement et son regard n'est pas tendre il semblerait même qu'il prend plaisir à faire du mal : « j'aimais jusqu'à ses pleurs que je faisais couler » (vers 23) puis il essaie de se faire pardonner «Quelquefois, mais trop tard, je lui demandais grâce » (vers 24). Néron est un être plein de cruauté et de perversité. Conclusion Dès le premier regard, Néron est hypnotisé par Junie, mais on s'aperçoit très vite de la démesure de Néron à travers l'excès qui caractérise ses sentiments pour Junie. On peut rapprocher cette situation de celle d'Hippolyte face à Phèdre qui est également l'objet de la passion de Phèdre. Cette tirade laisse mal à l'aise le lecteur et le spectateur car on ne sait plus à quel jeu se prête Néron : il est à la fois amoureux, déchiré par cette passion soudaine et cruel, tyrannique dans sa façon d'être.   IntroductionEn 1669, paraît Britannicus de Jean Racine. Dans la deuxième scène du deuxième acte de cette pièce, Néron avoue à Narcisse son amour pour Junie. Il est alors intéressant de voir de quelle façon Néron raconte l'arrivée de la jeune fille, pour essayer de mieux cerner la nature de ses sentiments. Nous allons d'abord étudier comment est décrite l'apparition de Junie, puis en quoi l'amour de Néron pour elle est excessif et irréfléchi. Dans sa tirade, Néron raconte à Narcisse l'arrivée de Junie, la nuit lors de laquelle elle a été enlevée. Le récit de son apparition commence avec le verbe « arriver » et se termine avec le verbe « passer ». I- Apparition de JunieL'arrivée de Junie se déroule lors d'une scène de terreur : Junie est enlevée en pleine nuit par des gardes sans connaître la raison de son enlèvement. La violence de cette situation se traduit par le fait que Junie ait été « arrachée » à son sommeil. Néron nous dresse le portrait d'une jeune fille triste et terrifiée, en utilisant les champs lexicaux de la tristesse et de la souffrance : « larmes », « triste », « pleurs ». Le portrait de Junie est introduit par l'expression « je l'ai vue ». La douceur et la beauté de la jeune fille, mis en valeur par les champs lexicaux correspondants : « belle », « beauté », « douceurs », contrastent avec la violence de la situation : « farouches », « ravisseurs », « cris ». De plus, l'auteur joue sur l'opposition avec les rimes : « larmes »/ «armes », « ravisseurs »/« douceurs ». On a pu voir que l'arrivée de Junie se fait dans un climat de terreur, la jeune fille ne semblant pas avoir sa place dans ce lieu comme le montre le contraste entre les termes se rapportant à elle, et ceux se rapportant à la violence de la scène. II - Amour excessif de NeronDe quelle façon Néron réagit-il à cette arrivée et comment est-il séduit pas Junie ? L'arrivée de Junie n'est pas sans effet sur Néron, comme le prouve son ébahissement face à la beauté de Junie. Néron se dit « amoureux », mais on peut néanmoins remarquer que ses sentiments à l'égard de Junie ne sont pas le fruit d'un échange : en effet, ils sont subis par la jeune fille, ce qui montre la démesure du personnage de Néron. Ce dernier est comme tétanisé, hypnotisé par Junie, comme le soulignent les termes « immobile » et « étonnement ». Il y a un décalage entre ce que veut faire Néron : « j'ai voulu lui parler » et ce que son corps fait : « ma voix s'est perdue » : Néron est troublé. Il reste obsédé par le souvenir de Junie : « occupé », et ne peut se défaire de son image « trop présente ». On trouve le champ lexical de l'amour, mais c'est un amour excessif et démesuré que Néron éprouve pour Junie, comme le prouve l'hyperbole « je l'idolâtre ». De plus, les sentiments de Néron ne peuvent être louables, car il n'aime que l'image de Junie. La rencontre entre les deux personnages n'a pas lieu et Néron s'adonne à une forme de voyeurisme. Junie subit son amour : pas une seule fois, elle n'est le sujet d'une phrase prononcée par Néron ; ce dernier n'utilisant que des phrases à la première personne du singulier, il n'y a pas d'échange. ConclusionOn retrouve la même situation que dans Phèdre : Junie est l'objet passif de la passion de Néron comme Hippolyte l'est de celle de Phèdre. Dès le premier regard, Néron était comme hypnotisé par Junie, mais on s'aperçoit vite de la démesure du personnage à travers l'excès qui caractérise ses sentiments pour la jeune fille. L'analyse du récit de l'arrivée de Junie nous a permis de constater chez Néron une preuve de sa démesure : son amour excessif pour une image. Sachant que Néron est un tyran, ce n'est sans doute pas le seule domaine où il fait preuve d'excès.

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