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canadienne, littérature.

Publié le 06/05/2013

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canadienne, littérature. 1 PRÉSENTATION canadienne, littérature, ensemble des oeuvres littéraires de langue française et anglaise écrites par les habitants du Canada. 2 REPÈRES HISTORIQUES Découvert en 1497 par le Vénitien Giovanni Caboto, dit Jean Cabot, le Canada est progressivement colonisé sous l'impulsion de l'explorateur Jacques Cartier qui découvre l'estuaire du Saint-Laurent et prend possession du territoire au nom de François Ier. Ainsi, le Canada est d'abord une colonie française, appelée Nouvelle-France, durant les XVIe et XVIIe siècles. Objet de querelles continuelles entre la France et l'Angleterre, qui obtient l'Acadie, Terre-Neuve et la baie d'Hudson par le traité d'Utrecht en 1713, la Nouvelle-France est finalement cédée à l'Angleterre par le traité de Paris en 1763. Sous domination anglaise pendant un siècle, le Canada accède à l'indépendance en 1867, avec la création de la Confédération canadienne. La part de la population de langue et de culture anglaise y est aujourd'hui prépondérante, une tendance encore accrue par l'influence importante du seul pays frontalier, les États-Unis. Après la Seconde Guerre mondiale, la province de Québec, traditionnellement attachée à la langue et à la culture françaises, affirme avec vigueur son droit à la différence. En 1974, elle obtient la promulgation d'une loi faisant du français sa langue officielle. Aujourd'hui, le Canada est donc héritier d'une double tradition culturelle et linguistique, française et anglaise. Deux littératures s'y sont développées parallèlement, reflétant ce double héritage. À leurs débuts, les littératures anglophone et francophone du Canada sont surtout le fait d'explorateurs, de missionnaires et de colons qui relatent leurs voyages et leurs expériences en montrant un grand intérêt pour les vastes espaces sauvages qu'ils découvrent (voir récit de voyage). Longtemps, ces littératures restent l'une et l'autre tributaires, dans leur forme, des styles européens, dont elles suivent les grands courants avec quelque retard. Pourtant, un sentiment croissant d'identité nationale, qui grandit à partir du 3 XIXe siècle pour culminer au XXe siècle, contribue à donner peu à peu à ces littératures une maturité et une indépendance nouvelles vis-à-vis des modèles du Vieux Continent, fondées sur l'expression de la différence. LITTÉRATURE CANADIENNE D'EXPRESSION FRANÇAISE La première étape de l'évolution de la littérature canadienne francophone couvre une période qui s'étend de la colonisation française, au 3.1 XVIe siècle, jusqu'au traité de Paris en 1763. Littérature de la Nouvelle-France La littérature de cette période, dite « littérature de la Nouvelle-France «, est surtout constituée de récits ou de témoignages historiques relatant la conquête des nouveaux territoires et le mode de vie qu'on y mène ; elle est donc essentiellement le fait d'explorateurs et de missionnaires. Parmi les oeuvres les plus connues, figure le récit que fait Jacques Cartier de son voyage sur les rives du Saint-Laurent en 1534-1535, ou les Voyages de la Nouvelle-France occidentale (2 volumes, 1632) de Samuel de Champlain, fondateur de Québec (1608). Ce sont pourtant les Relations des jésuites, publiées à Paris entre 1632 et 1672, qui constituent le document ethnographique le plus précieux sur la vie en Nouvelle-France à cette époque. Il s'agit des rapports annuels que font les missionnaires jésuites sur leur existence parmi les Indiens. De cette époque datent aussi Histoire et Description générale de la Nouvelle-France (1744) du père jésuite François-Xavier de Charlevoix, et les Lettres mystiques de la religieuse ursuline Marie de l'Incarnation, qui sont riches en détails précieux sur la vie en Nouvelle-France. À côté de cette littérature narrative, faite de descriptions et d'anecdotes, se développe également une poésie très influencée par le 3.2 Le XVIIIe XVIIIe siècle français, où s'illustrent des auteurs comme Joseph Quesnel (1749-1809). Littérature canadienne-française siècle voit l'avènement d'une littérature autochtone, en ce sens qu'elle ne se rattache plus, ni explicitement ni implicitement, à la littérature de voyage. La deuxième période de la littérature canadienne francophone débute avec la domination anglaise (1763-1867) et se poursuit jusqu'au début de la Seconde Guerre mondiale. Cette « littérature canadienne-française « affirme surtout la réalité de l'identité française par rapport à la domination politique et culturelle britannique. Elle suit de loin les grands courants de la littérature de France, tout en célébrant ses propres valeurs et sa culture spécifique (notamment dans sa religion, son patriotisme ou son attachement aux valeurs morales). Le sentiment d'amertume qu'a fait naître chez les Français du Canada le traité de Paris est renforcé par l'Acte d'union de 1840, qui fait perdre au français son caractère de langue officielle, puis par l'Acte de l'Amérique du Nord de 1867, qui crée la Confédération canadienne. L'amertume fait croître un patriotisme profond chez les Canadiens français, d'autant plus fort qu'il va de pair avec l'adhésion à la pensée des Lumières. Dès le milieu du XVIIIe siècle, avec notamment l'introduction de l'imprimerie consécutive à la conquête anglaise, une prose politique se développe, une tendance qui est accélérée par l'introduction du régime constitutionnel en 1791. La thématique essentielle est l'expression d'un sentiment patriotique, que l'on trouve aussi dans certains poèmes de Quesnel, ou dans ceux de Joseph Mermet (1775-1820). 3.3 XIXe siècle Le patriotisme, surtout après l'instauration d'un régime constitutionnel en 1791, favorise une vie intellectuelle florissante. Le sentiment national s'exprime avec force chez de nombreux auteurs, comme les poètes Napoléon Aubin (1812-1890) ou Michel Bibeau (1782-1857). Journaux et revues libéraux se multiplient, et l'« insurrection patriotique « de 1838 oriente la littérature vers le libéralisme et l'anticléricalisme. Le tribun Louis-Joseph Papineau (1786-1871) et l'historien François-Xavier Garneau sont les principaux représentants de ce courant national, sinon nationaliste. En écrivant sa volumineuse Histoire du Canada (1845-1848), ce dernier s'attache en effet à démentir l'affirmation du gouverneur général lord Durham selon laquelle le Canada français ne possède ni histoire ni littérature. Après cet éclat, François-Xavier Garneau devient la référence des poètes, des romanciers, des historiens et des journalistes canadiens de langue française de la génération suivante. Ceux-ci se retrouvent régulièrement à Québec, dans la librairie du poète Octave Crémazie, qui leur tient lieu de salon littéraire, pour discuter du statut de la langue française. L'esprit patriotique rejoint alors certains traits du romantisme dont l'Europe a offert le modèle, si bien que, dans les années 1860, le groupe de Québec définit officiellement un style oratoire inspiré de la poésie romantique française, qui domine la littérature canadienne francophone jusqu'à la fin du siècle. C'est encore Octave Crémazie, écrivain romantique considéré comme le fondateur de la poésie du Canada français, qui fait connaître Victor Hugo au jeune Louis-Honoré Fréchette, lequel nourrit son ouvrage la Légende d'un peuple (1887) d'éléments empruntés aux vers hugoliens. Quant aux poètes Pamphile Le May (1837-1918), auteur des Gouttelettes (1904) et William Chapman (1850-1917), auteur des Rayons du Nord (1910), ils reconstituent avec force et lyrisme la vie du Québec rural. On retrouve cette double inspiration dans les oeuvres romanesques de la même période, comme Anciens Canadiens (1863), roman de moeurs et fresque historique de Philippe Aubert de Gaspé ou comme Charles Guérin (1852), récit de Pierre Joseph Olivier Chauveau (1820-1890) qui décrit le déclin du Canada français après la conquête anglaise. Dans la même veine, s'inscrit également l'abbé Henri Raymond Casgrain, auteur des Légendes canadiennes (1861) et de nombreux textes historiques et critiques (Montcalm et Lévis, 1891). L'inspiration romantique et patriotique trouve également à s'exprimer de façon privilégiée dans le thème de la nature et du terroir. Joseph-Charles Taché (1820-1894), par exemple, est l'auteur de plusieurs récits de bûcherons et de trappeurs, comme Forestiers et Voyageurs (1863). Antoine Gérin-Lajoie (1824-1882) célèbre le culte de la terre nourricière dans un roman de propagande, Jean Rivard le défricheur (1862), dans lequel il tente de s'opposer, par la persuasion, à l'émigration massive des Canadiens français. Joseph Marmette (1844-1895) est également l'auteur de romans historiques ayant pour cadre la Nouvelle-France, mais c'est à une femme, Laure Conan (1845-1924), que le Canada doit son premier roman psychologique, Angeline de Montbrun (1884). 3.4 Début du XXe siècle Le tournant du siècle est marqué par la fondation, en 1895, de l'école littéraire de Montréal par le poète Jean Charbonneau (1875-1960). Nettement influencée par les parnassiens et les symbolistes français, auxquels elle emprunte leur esthétisme et certains choix techniques et stylistiques, cette école compte en fait des représentants aux personnalités et aux ambitions assez diverses. La figure marquante en est peut-être Émile Nelligan (1879-1941), « poète maudit « qui a perdu la raison à l'âge de vingt ans et dont l'oeuvre, par sa détresse et sa sensualité, n'est pas sans évoquer celle d'Arthur Rimbaud. Le poète Paul Morin (1889-1963) trouve dans ses voyages en Méditerranée la matière de ses Poèmes de cendre et d'or (1922) et de son Paon d'émail (1911), oeuvres d'une grande virtuosité technique. Dans une veine sensiblement différente, les poèmes lyriques et nostalgiques du jésuite défroqué Louis Dantin (pseudonyme d'Eugène Seers, 1865-1945), le romantisme de Charles Gill (1871-1918) ou l'inspiration plus intérieure d'Albert Lozeau (1878-1924) reflètent la variété de l'école de Montréal. C'est en réaction contre cette dernière que l'école régionaliste, dite du « terroir «, est créée en 1909. Cette nouvelle école privilégie des thèmes d'inspiration rurale, décrivant notamment les liens entre l'habitant, c'est-à-dire le fermier, et la terre ancestrale. À ce titre, elle s'inscrit, même indirectement, dans le prolongement des thèmes romantiques de la fin du XIXe siècle. L'un des premiers et des meilleurs poètes de cette école est sans doute Nérée Beauchemin (1850-1931), dont les Floraisons matutinales (1897) et la Patrie intime (1928) expriment son attachement pour le Québec. Parmi les romanciers qui s'inscrivent dans ce mouvement, ou ceux qui sont nettement influencés par lui, figurent Ernest Choquette (1862-1941), Albert Ferland (1872-1943), Félix-Antoine Savard, auteur de Menaud, maître draveur (1937), et surtout Louis Hémon, un auteur français qui s'inspire de son bref séjour dans une ferme du lac Saint-Jean pour écrire le célèbre roman Maria Chapdelaine (1914). En marge de ce mouvement, Paul Morin et René Chopin (1885-1953) s'inscrivent plutôt dans la lignée d'une poésie un peu précieuse, à la manière d'Anna de Noailles ou d'Henri de Régnier. D'une tout autre sensibilité, même s'ils abordent la même thématique champêtre, des romanciers comme Claude-Henri Grignon (1894-1976), avec Un homme et son péché (1933), ou Philippe Panneton, dit Ringuet (1895-1960), avec Trente Arpents (1938-1940), brossent des tableaux sans concession du monde paysan, de son âpreté, de son avarice. Réaliste lui aussi, jusqu'à la crudité, le romancier Albert Laberge (1871-1960) décrit quant à lui la rudesse des anciennes traditions du Québec dans son roman la Scouine (1918). Son rejet de la culture traditionnelle est repris par Jean-Charles Harvey (1891-1967) dans les Demi-Civilisés (1933), roman où commence à se faire jour l'influence des comportements et des modes de vie américains, et qui préfigure ainsi les thèmes d'inspiration romanesques de la période suivante. Dans le même temps, l'histoire connaît un regain d'intérêt avec Thomas Chapais (1858-1946) ou avec l'abbé Lionel Groulx (1878-1967), qui exprime son patriotisme avec véhémence dans des ouvrages comme Vers l'émancipation (1921), mais aussi dans son Histoire du Canada français (2 volumes, 1962). 3.5 Littérature québécoise La troisième période de la littérature francophone du Canada débute avec la Seconde Guerre mondiale et se poursuit encore aujourd'hui. Avec l'expérience de l'urbanisation très rapide, de la Grande Dépression et de la Seconde Guerre mondiale, le splendide isolement culturel du Canada français commence à se lézarder et la remise en cause des valeurs traditionnelles prend un tour plus radical et plus universel. Parallèlement, et tout spécialement durant les années 1960, on voit se lever au Québec un fort courant nationaliste. La littérature contemporaine est le reflet d'une société qui se libère des valeurs traditionnelles, notamment religieuses, et qui affirme sa totale autonomie culturelle et politique. Ni française ni canadienne, cette littérature se veut « québécoise «. 3.5.1 La poésie Dans le domaine de la poésie, le maître mot est l'audace. Les poètes d'avant la guerre, comme Hector de Saint-Denys-Garneau (1912-1943), ont ouvert la voie à des auteurs importants, comme François Hertel (pseudonyme de Rodolphe Dubé, 19051985) et Alain Grandbois (1900-1975) qui explorent les différentes possibilités offertes par la remise en cause de la versification traditionnelle, notamment par l'emploi du vers libre. Parmi les auteurs de la génération suivante, Anne Hébert, poétesse et romancière, s'attache, avec les Songes en équilibre (1942) ou le Tombeau des rois (1953), à traiter de thèmes tels que l'angoisse, la solitude et la mort. Dans la même mouvance se situent Rina Lasnier (1915-1997) et Pierre Trottier (né en 1925) qui, dans son Combat contre Tristan (1951), où domine l'innovation formelle, peint une tragédie de l'amour et de la mort. Cette génération compte également Roland Giguère (1929-2003), Gilles Hénault (1920-1996), Claude Gauvreau (1925-1971), Paul-Marie Lapointe (né en 1929), qui se distingue par ses expérimentations stylistiques, Gatien Lapointe (1931-1983) et Fernand Ouellette (né en 1930). Cette véritable floraison de la poésie québécoise contemporaine est certainement rendue possible par Gaston Miron, militant de la littérature québécoise, qui fonde en 1953 les éditions de l'Hexagone, pour offrir à la poésie moderne un espace d'expression qui jusqu'alors lui fait cruellement défaut. Jacques Poulin est quant à lui l'auteur d'un « roman-poème « expérimental intitulé Coeur de la baleine bleue (1970). Un véritable courant poétique est né avec l'indépendantisme québécois, et constitue certainement le mouvement littéraire le plus vigoureux et le plus spécifique du Québec à l'époque contemporaine. Paul Chamberland (né en 1939), fondateur de la revue Parti pris en 1963, appartient à la branche la plus radicale de ce mouvement. En poésie, il ne cesse d'expérimenter des genres nouveaux et subversifs, avec un étonnant esprit de liberté ( Demain les dieux naîtront, 1974). Yves Préfontaine (né en 1937), ancien rédacteur en chef de la revue Liberté, apparaît également comme un poète du « rapatriement « littéraire, c'est-à-dire du retour à des thèmes patriotiques en littérature (les Temples effondrés, 1957). 3.5.2 Le roman Le roman connaît à la fin de la guerre une sorte de second souffle, grâce notamment à la création de nombreuses maisons d'édition. Certains romanciers, comme Germaine Guèvremont (1893-1968), s'inscrivent encore dans le réalisme rural de l'avant-guerre, mais la tendance générale est tout de même à la satire sociale, ou à l'exploration des milieux urbains. Dans Bonheur d'occasion (1945) et Alexandre Chenevert (1954), Gabrielle Roy (1909-1983) décrit par exemple les conséquences néfastes de l'industrialisation et de l'urbanisation sur la dignité humaine, tout en préconisant la résistance à ces pressions par la compassion et l'amour. Roger Lemelin (1919-1992) choisit pour sa part de dépeindre sur le mode satirique la vie des classes laborieuses urbaines dans son récit les Plouffe (1948), qui est devenu populaire dans tout le Canada, anglophone comme francophone, et qui a été transposé à l'écran par Gilles Carle en 1981. Le prolifique Yves Thériault (1915-1983), mais aussi Gérard Bessette (1920-2005) et Jean Simard (né en 1916) s'attachent pour leur part à critiquer le puritanisme et certains autres aspects réactionnaires de la culture canadienne française. Les auteurs les plus contemporains du Canada francophone sont difficilement classables. On peut citer André Giroux (1916-1977), Robert Élie (1915-1973) et André Langevin (né en 1927) avec Poussière sur la ville (1953), mais aussi Hubert Aquin (1929-1977), qui a expérimenté un certain nombre des principes du Nouveau Roman dans son récit Prochain Épisode (1965). Citons encore l'immigrée juive française Monique Bosco (1927-2007) qui traite, dans Un amour maladroit (1961), du déracinement qu'elle a vécu à son arrivée au Québec dans la période de l'après-guerre. D'autres noms de la littérature du Québec se détachent, comme celui de Marie-Claire Blais, auteur d'un des romans psychologiques les plus forts de ces années, Une saison dans la vie d'Emmanuel (1965) ou celui de Réjean Ducharme, auteur, entre autres, de l'Avalée des avalés (1966). Deux auteurs enfin se sont fait connaître plus particulièrement du public français : Anne Hébert (1916-2000), auteur de récits poétiques comme les Chambres de bois (1959), a reçu le prix Femina en 1982 pour les Fous de Bassan, et l'Acadienne Antonine Maillet, romancière et dramaturge, surtout connue pour sa pièce de théâtre la Sagouine (1970), a obtenu le prix Goncourt en 1979 pour son roman historique Pélagie-la-Charrette. 3.5.3 Le théâtre Véhicule privilégié de l'idéologie, le théâtre québécois au XXe siècle est généralement destiné à un public populaire, qu'il tente d'amener à prendre conscience de son aliénation. L'une des voix du nationalisme québécois, Michel Tremblay, a utilisé le joual, langue vernaculaire de Montréal, dans certaines de ses pièces (les Belles-Soeurs, 1968), afin de donner du réalisme à son évocation des milieux populaires urbains, et de dépeindre un monde à la dérive, en marge de la société. Avec Michel Tremblay, Michel Garneau (né en 1939) et Jean Barbeau (né en 1945) sont les principaux représentants de cette mouvance réaliste et militante du théâtre, dont le développement a été grandement favorisé par la création de troupes d'amateurs, comme les Compagnons de Saint-Laurent (troupe fondée en 1938) animée par le Père Émile Legault (1906-1983), la Jeune Scène (troupe fondée en 1950 par Marcel Dubé), ou de troupes professionnelles comme le Théâtre du Nouveau-Monde (fondé en 1951). 3.5.4 La chanson Il serait injuste de ne pas citer, enfin, les chansonniers québécois, qui sont considérés généralement comme des poètes à part entière. Parmi les plus connus de ces chanteurs figurent Félix Leclerc et Gilles Vigneault, mais aussi Robert Charlebois. 4 LITTÉRATURE CANADIENNE D'EXPRESSION ANGLAISE 4.1 Période coloniale Les premières oeuvres canadiennes en anglais sont, comme les premières oeuvres en français, des récits d'explorateurs du XVIIIe et du début du XIXe siècle, tels que Samuel Hearne (1745-1792), Alexander Mackenzie, Simon Fraser (1776-1862) et David Thompson. Pays peu peuplé, n'ayant que fort peu de traditions historiques, le Canada anglais donne naissance à une littérature régionaliste, caractéristique qu'elle a conservée tout au long de son histoire. Dans cette perspective s'inscrit le premier véritable roman canadien en langue anglaise, l'Histoire d'Emily Montague (1769), de Frances Moore Brooke (1724-1789), roman d'amour épistolaire qui a pour cadre le Canada de l'époque. Un peu plus tard, Oliver Goldsmith écrit également des textes exaltant la vie au Canada, notamment au sein des communautés de pionniers. Quant à Charles Sangster (1822-1893), il est l'un des premiers poètes à décrire les beautés naturelles du pays. Parallèlement à la veine régionaliste, les romanciers de cette période développent une veine historique. C'est le cas de John Richardson (1796-1852) qui, dans Wacousta (1832), raconte la rébellion de Pontiac, chef indien allié de la France (1763). La vie des pionniers alimente largement la littérature de cette époque, faisant l'objet des récits autobiographiques à quatre mains de Catherine Parr Traill (1802-1899) et Susanna Moodie (1803-1885), ou des essais humoristiques de Thomas Chandler Haliburton (1796-1865), dont le personnage Sam Slick est l'archétype, grossier mais entreprenant, du colporteur yankee auprès duquel les habitants de la Nouvelle-Écosse paraissent comparativement paresseux. 4.2 De la Confédération à la Première Guerre mondiale La Confédération de 1867 accentue chez les anglophones un sentiment d'identité nationale, qui stimule l'activité littéraire. Inspirés par l'amour de la nature qu'ils ont hérité des romantiques anglais et des premiers victoriens, les Canadiens veulent célébrer les paysages de leur propre pays. Les premiers véritables poètes canadiens sont ceux de l'école de la Confédération, menée par sir Charles G. D. Roberts (1860-1943). L'oeuvre de ce dernier, de facture romantique, décrit de façon vivante les paysages de son Nouveau-Brunswick natal, et sert de modèle à d'autres écrivains, comme son propre cousin, William Bliss Carman (1861-1929), qui se fait connaître par des recueils lyriques et des poèmes de tonalité mélancolique sur la nature. Parmi les poètes de la Confédération figurent également Archibald Lampman (1861-1899), qui célèbre la nature contre la technologie et l'urbanisation, et Duncan Campbell Scott (1862-1947). Responsable du département des Affaires indiennes, ce dernier écrit des poèmes en faveur de la culture des Indiens, et des nouvelles qui révèlent en outre un profond intérêt et une vraie finesse pour l'étude psychologique. Toujours dans la mouvance de l'école de la Confédération, s'inscrivent Wilfred Campbell (1858-1918), qui décrit avec beaucoup de sensibilité les contrastes du climat et des paysages canadiens. 4.3 Le tournant du siècle Les deux principaux romanciers de la fin du XIXe siècle, William Kirby (1817-1906) et sir Gilbert Parker (1862-1932), composent des romans historiques qui dépeignent avant tout les difficultés de la vie au Canada. Le Chien d'or (The Golden Dog, 1877) de William Kirby, qui a pour cadre le Québec, marque l'émergence, dans le genre romanesque, d'une tonalité nostalgique canadienne qui s'est depuis confirmée. Le poète canadien le plus populaire du début du XXe siècle est Robert W. Service (1874-1958), auteur d'origine anglaise. Il rédige l'essentiel de son oeuvre après son séjour dans le Yukon mais, malgré son succès, il ne prétend jamais être plus qu'un rimailleur. Vers le tournant du siècle, la faveur du public et des auteurs va surtout à des romans régionaux donnant une description idyllique de la vie rurale. Ralph Connor (de son vrai nom C. W. Gordon, 1860-1987), qui a été missionnaire dans les Rocheuses, écrit beaucoup sur le thème de la conquête de l'Ouest. Dans la même veine s'inscrit Lucy Maud Montgomery, auteur d'un célèbre roman pour enfants Anne ; la Maison aux pignons verts (Anne of Green Gables, 1908), qui a été porté plusieurs fois à la scène et à l'écran. Dans cette période, il faut faire une place à part à l'humoriste d'origine anglaise Stephen Leacock, dont l'oeuvre est une description satirique de la société contemporaine, ayant le plus souvent pour cadre l'Ontario. 4.4 Des années 1920 à la Seconde Guerre mondiale 4.4.1 La poésie Dès les années 1920 émerge une nouvelle génération de poètes, favorisée sans doute par la création de deux publications : le Canadian Forum fondé à Toronto en 1920, d'une part, et le McGill Fortnightly Review (1925-1927) de Montréal, d'autre part. L'un des plus grands poètes de cette période est un professeur anglais né dans la province de Terre-Neuve, Edwin John Pratt (1882-1964) dont la poésie se nourrit de sa fascination pour la mer, de sa sensibilité à la violence aveugle de la nature et de sa vision du monde fondamentalement tragique (Rachel, 1917 ; Newfoundland Verse, 1923 ; Titans, 1926 ; The Titanic, 1935). Son inspiration se fait aussi volontiers épique, célébrant les différentes étapes de l'histoire des hommes, que ce soit à travers la figure du missionnaire torturé par des Iroquois (Brébeuf and His Brethren, 1940), à travers celle du marin combattant durant la Seconde Guerre mondiale (Behind the Log, 1947) ou celle de l'ouvrier du chemin de fer. Arthur James Marshall Smith (1902-1980), qui est l'un des fondateurs, en 1925, de la McGill Fortnightly Review, propose dans son oeuvre une méditation sur le monde quotidien. Avec Edwin John Pratt, Francis Reginald Scott (1899-1985) et Abraham Moses Klein (1909-1972), dont l'oeuvre mêle lyrisme personnel et traditions juives, il est l'un des chefs de file de la poésie montréalaise de cette période. Les années 1930 et 1940 sont une période fertile pour la poésie montréalaise de langue anglaise, qui cherche à définir ses marques, à la fois par rapport à la littérature anglaise et par rapport à la littérature américaine. 4.4.2 Le roman Frederick Philip Grove (1871-1948), auteur d'origine européenne, est l'un des premiers représentants du roman réaliste canadien. Les années qu'il passe à travailler comme ouvrier agricole et comme maître d'école dans les prairies du Manitoba lui inspirent plusieurs romans (Settlers of the Marsh, 1925 ; Our Daily Bread, 1928 ; The Yoke of the Life, 1930 ; The Masters of the Mill, 1944) dans lesquels il décrit avec vigueur la vie des pionniers. La romancière Mazo De la Roche est sans aucun doute la plus lue de tous les auteurs canadiens de son époque. Avec sa saga familiale en seize volumes intitulée Jalna, débutée en 1927, elle crée la chronique populaire de la famille Whiteoak et de Jalna, son domaine dans l'Ontario. Parmi les autres romanciers de la tendance réaliste figurent Morley Callaghan (1903-1990) et John Hugh MacLennan (1907-1990), qui étudie dans la société contemporaine les diverses tensions dues à l'héritage historique canadien, mais aussi James Sinclair Ross (1908-1996), auteur de romans réalistes dont la plupart évoquent les années de Dépression dans la région des prairies, ou encore William Ormond Mitchell (1914-1998), dont le roman Qui a vu le vent ? (Who Has Seen the Wind, 1947) raconte l'expérience et les années de formation d'un jeune garçon dans un village de la Saskatchewan. 4.5 Fin du XXe siècle Depuis la Seconde Guerre mondiale, la littérature canadienne anglophone a sans doute gagné en créativité, tout en traduisant une conscience nationale accrue. Dans une période de rébellion et de rupture avec les traditions, elle a adopté une approche plus expérimentale de la création littéraire et abordé des thèmes plus universels. De nombreux critiques considèrent d'ailleurs la poésie canadienne des années 1970 comme la meilleure poésie anglophone de son époque. 4.5.1 La poésie Les voix sans doute les plus remarquables de cette période en poésie sont celles d'Alfred Earle Birney (1904-1995) et de Dorothy Livesay (1909-1996), qui ont tous deux évoqué les problèmes sociaux survenus dans les années 1930. Le David (1942) d'Alfred Earne Birney, qui a pour cadre les Rocheuses canadiennes de sa jeunesse, se présente comme une quête de la vérité à travers la nature. Le lyrisme et l'humanisme mesuré de ce dernier se développent dans ses oeuvres ultérieures, notamment dans ses Collected Poems, parus avec succès en 1975. Les poètes Raymond Souster (né en 1921), Louis Dudek (1918-2001) et Irving Layton (1912-2006) critiquent quant à eux le matérialisme de la société canadienne. Usant d'une langue colorée et truculente, Irving Layton, d'origine roumaine, attaque en particulier la moralité complaisante des classes moyennes. Dans cette génération de poètes s'inscrivent également Patricia K. Page (née en 1916), auteur de textes d'une grande finesse psychologique, Anne Wilkinson (1910-1961), dont l'inspiration pourrait être qualifiée de néoromantique, Miriam Waddington (1917-2004), Margaret Avison (née en 1918), qui exprime avec lyrisme sa foi chrétienne, le poète et musicien Leonard Cohen et Margaret Atwood. D'autres poètes encore se distinguent, comme Al Purdy (1918-2000), Phyllis Webb (née en 1927), Alden Nowlan (1933-1983), ainsi que Bill Bissett (né en 1939) et B. P. Nichol (1944-1988). 4.5.2 Le roman Les principaux romanciers des années 1950 sont Ernest Buckler (1908-1984), qui évoque de façon privilégiée les artistes tourmentés de la Nouvelle-Écosse, et Ethel Wilson (1890-1980), dont les romans psychologiques posent le problème de la condition des femmes dans la société. Abraham Moses Klein aborde certains aspects de l'expérience juive dans son roman The Second Scroll (1951), quête moderne d'Israël ; Mordecai Richler fait de même, mais sur un ton satirique, avec l'Apprentissage de Duddy Kravitz (1959). Parmi les romanciers des années 1960 et 1970 figurent tout particulièrement Robertson Davies et Margaret Laurence (1926-1987). Robertson Davies a évolué, de romans et de pièces satiriques, vers une étude psychologique jungienne dans son roman Cinquième Emploi (Fifth Business, 1970), dans le Manticore (The Manticore, 1972) et dans le Monde des merveilles (World of Wonders, 1975). L'oeuvre de Margaret Laurence se distingue quant à elle par une étude approfondie des caractères et par une technique d'écriture sophistiquée. Elle a écrit l'Ange de pierre (1964), Un dieu farceur (1966) et les Oracles (1974), dans lequel elle suit la progression de son héroïne vers son accomplissement personnel. Plus récemment, Michael Ondaatje s'est fait remarquer comme un romancier de très grande qualité, avec une série d'oeuvres variées, mêlant l'histoire et l'autobiographie, et notamment le Patient anglais (The English Patient, 1992), qui lui a valu le Booker Prize. D'autres romanciers contemporains ont produit des oeuvres de type expérimental : Sheila Watson (1909-1998), Robert Kroetsch (né en 1927), ou encore Marian Engel (1933-1985), auteur de Monodromos (1975). Plusieurs poètes se sont tournés vers la fiction, comme Leonard Cohen, auteur des Perdants magnifiques (Beautiful Losers, 1966), mais c'est aussi le cas de Margaret Atwood. Les idées féministes de cette dernière imprègnent ses romans, comme la Servante écarlate (The Handmaid's Tale, 1986). L'époque contemporaine compte également des romanciers tels Jacques Godbout, Thimothy Findley, la canado-américaine Carol Shields ou Guy Vanderhaeghe (né en 1951). Parmi les nouvellistes, se distinguent également Alice Munro (née en 1931), Norman Levine (1923-2005), Mavis Gallant (Rue de Lille, 1987) et Jane Rule (née en 1931). Farley Mowat (né en 1921) est l'auteur de plusieurs essais très populaires sur les Indiens, sur la protection des espèces animales en danger (Mes amis les loups -- Never cry Wolf, 1963) et plus généralement sur les problèmes du Nord canadien. Dans la même catégorie de textes, l'oeuvre documentaire de Mordecai Richler mêle l'autobiographie et les essais journalistiques. 4.5.3 La critique Les deux critiques littéraires les plus connus du Canada sont George Woodcock (1912-1995) et Northrop Frye. George Woodcock, militant de la révolution sociale, a également écrit des poèmes, des récits historiques, du théâtre et des récits de voyage. Quant à Northrop Frye, il fait autorité dans le domaine de la littérature anglaise, entre autres pour avoir établi une typologie des genres littéraires. Marshall McLuhan, professeur à l'université de Toronto, a lui aussi attiré l'attention internationale avec sa théorie annonçant que le livre imprimé, support privilégié de la littérature, allait être remplacé par d'autres moyens de diffusion, notamment les moyens électroniques de communication de masse. Assez ironiquement, son livre Understanding Media (1962), qui avait pour maxime « le médium, c'est le média «, a connu un grand succès. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« Canada (1845-1848), ce dernier s’attache en effet à démentir l’affirmation du gouverneur général lord Durham selon laquelle le Canada français ne possède ni histoire ni littérature. Après cet éclat, François-Xavier Garneau devient la référence des poètes, des romanciers, des historiens et des journalistes canadiens de langue française de la génération suivante.

Ceux-ci se retrouvent régulièrement à Québec, dans la librairie du poète Octave Crémazie, qui leur tient lieu de salon littéraire, pour discuter du statut de la langue française.

L’esprit patriotique rejoint alors certains traits du romantisme dont l’Europe a offert le modèle, si bien que, dans les années 1860, le groupe de Québec définit officiellement un style oratoire inspiré de la poésie romantique française, qui domine la littérature canadienne francophone jusqu’à la fin du siècle. C’est encore Octave Crémazie, écrivain romantique considéré comme le fondateur de la poésie du Canada français, qui fait connaître Victor Hugo au jeune Louis-Honoré Fréchette, lequel nourrit son ouvrage la Légende d’un peuple (1887) d’éléments empruntés aux vers hugoliens.

Quant aux poètes Pamphile Le May (1837-1918), auteur des Gouttelettes (1904) et William Chapman (1850-1917), auteur des Rayons du Nord (1910), ils reconstituent avec force et lyrisme la vie du Québec rural. On retrouve cette double inspiration dans les œuvres romanesques de la même période, comme Anciens Canadiens (1863), roman de mœurs et fresque historique de Philippe Aubert de Gaspé ou comme Charles Guérin (1852), récit de Pierre Joseph Olivier Chauveau (1820-1890) qui décrit le déclin du Canada français après la conquête anglaise.

Dans la même veine, s’inscrit également l’abbé Henri Raymond Casgrain, auteur des Légendes canadiennes (1861) et de nombreux textes historiques et critiques ( Montcalm et Lévis, 1891). L’inspiration romantique et patriotique trouve également à s’exprimer de façon privilégiée dans le thème de la nature et du terroir.

Joseph-Charles Taché (1820-1894), par exemple, est l’auteur de plusieurs récits de bûcherons et de trappeurs, comme Forestiers et Voyageurs (1863).

Antoine Gérin-Lajoie (1824-1882) célèbre le culte de la terre nourricière dans un roman de propagande, Jean Rivard le défricheur (1862), dans lequel il tente de s’opposer, par la persuasion, à l’émigration massive des Canadiens français.

Joseph Marmette (1844-1895) est également l’auteur de romans historiques ayant pour cadre la Nouvelle-France, mais c’est à une femme, Laure Conan (1845-1924), que le Canada doit son premier roman psychologique, Angeline de Montbrun (1884). 3. 4 Début du XXe siècle Le tournant du siècle est marqué par la fondation, en 1895, de l’école littéraire de Montréal par le poète Jean Charbonneau (1875-1960).

Nettement influencée par les parnassiens et les symbolistes français, auxquels elle emprunte leur esthétisme et certains choix techniques et stylistiques, cette école compte en fait des représentants aux personnalités et aux ambitions assez diverses.

La figure marquante en est peut-être Émile Nelligan (1879-1941), « poète maudit » qui a perdu la raison à l’âge de vingt ans et dont l’œuvre, par sa détresse et sa sensualité, n’est pas sans évoquer celle d’Arthur Rimbaud.

Le poète Paul Morin (1889-1963) trouve dans ses voyages en Méditerranée la matière de ses Poèmes de cendre et d’or (1922) et de son Paon d’émail (1911), œuvres d’une grande virtuosité technique.

Dans une veine sensiblement différente, les poèmes lyriques et nostalgiques du jésuite défroqué Louis Dantin (pseudonyme d’Eugène Seers, 1865-1945), le romantisme de Charles Gill (1871-1918) ou l’inspiration plus intérieure d’Albert Lozeau (1878-1924) reflètent la variété de l’école de Montréal. C’est en réaction contre cette dernière que l’école régionaliste, dite du « terroir », est créée en 1909.

Cette nouvelle école privilégie des thèmes d’inspiration rurale, décrivant notamment les liens entre l’habitant, c’est-à-dire le fermier, et la terre ancestrale.

À ce titre, elle s’inscrit, même indirectement, dans le prolongement des thèmes romantiques de la fin du XIXe siècle. L’un des premiers et des meilleurs poètes de cette école est sans doute Nérée Beauchemin (1850-1931), dont les Floraisons matutinales (1897) et la Patrie intime (1928) expriment son attachement pour le Québec.

Parmi les romanciers qui s’inscrivent dans ce mouvement, ou ceux qui sont nettement influencés par lui, figurent Ernest Choquette (1862-1941), Albert Ferland (1872-1943), Félix-Antoine Savard, auteur de Menaud, maître draveur (1937), et surtout Louis Hémon, un auteur français qui s’inspire de son bref séjour dans une ferme du lac Saint-Jean pour écrire le célèbre roman Maria Chapdelaine (1914). En marge de ce mouvement, Paul Morin et René Chopin (1885-1953) s’inscrivent plutôt dans la lignée d’une poésie un peu précieuse, à la manière d’Anna de Noailles ou d’Henri de Régnier.

D’une tout autre sensibilité, même s’ils abordent la même thématique champêtre, des romanciers comme Claude-Henri Grignon (1894-1976), avec Un homme et son péché (1933), ou Philippe Panneton, dit Ringuet (1895-1960), avec Trente Arpents (1938-1940), brossent des tableaux sans concession du monde paysan, de son âpreté, de son avarice.

Réaliste lui aussi, jusqu’à la crudité, le romancier Albert Laberge (1871-1960) décrit quant à lui la rudesse des anciennes traditions du Québec dans son roman la Scouine (1918).

Son rejet de la culture traditionnelle est repris par Jean-Charles Harvey (1891-1967) dans les Demi-Civilisés (1933), roman où commence à se faire jour l’influence des comportements et des modes de vie américains, et qui préfigure ainsi les thèmes d’inspiration romanesques de la période suivante. Dans le même temps, l’histoire connaît un regain d’intérêt avec Thomas Chapais (1858-1946) ou avec l’abbé Lionel Groulx (1878-1967), qui exprime son patriotisme avec véhémence dans des ouvrages comme Vers l’émancipation (1921), mais aussi dans son Histoire du Canada français (2 volumes, 1962). 3. 5 Littérature québécoise La troisième période de la littérature francophone du Canada débute avec la Seconde Guerre mondiale et se poursuit encore aujourd’hui.

Avec l’expérience de l’urbanisation très rapide, de la Grande Dépression et de la Seconde Guerre mondiale, le splendide isolement culturel du Canada français commence à se lézarder et la remise en cause des valeurs traditionnelles prend un tour plus radical et plus universel.

Parallèlement, et tout spécialement durant les années 1960, on voit se lever au Québec un fort courant nationaliste. La littérature contemporaine est le reflet d’une société qui se libère des valeurs traditionnelles, notamment religieuses, et qui affirme sa totale autonomie culturelle et politique.

Ni française ni canadienne, cette littérature se veut « québécoise ». 3.5. 1 La poésie Dans le domaine de la poésie, le maître mot est l’audace.

Les poètes d’avant la guerre, comme Hector de Saint-Denys-Garneau (1912-1943), ont ouvert la voie à des auteurs importants, comme François Hertel (pseudonyme de Rodolphe Dubé, 1905- 1985) et Alain Grandbois (1900-1975) qui explorent les différentes possibilités offertes par la remise en cause de la versification traditionnelle, notamment par l’emploi du vers libre.

Parmi les auteurs de la génération suivante, Anne Hébert, poétesse et romancière, s’attache, avec les Songes en équilibre (1942) ou le Tombeau des rois (1953), à traiter de thèmes tels que l’angoisse, la solitude et la mort.

Dans la même mouvance se situent Rina Lasnier (1915-1997) et Pierre Trottier (né en 1925) qui, dans son Combat contre Tristan (1951), où domine l’innovation formelle, peint une tragédie de l’amour et de la mort.

Cette génération compte également Roland Giguère (1929-2003), Gilles Hénault (1920-1996), Claude Gauvreau (1925-1971),. »

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