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choses que je répondrais : que la justice est quelque chose d'identique à la piété ou de tout à fait semblable, et au premier chef que la justice est semblable à la piété et la piété semblable à la justice.

Publié le 22/10/2012

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justice
choses que je répondrais : que la justice est quelque chose d'identique à la piété ou de tout à fait semblable, et au premier chef que la justice est semblable à la piété et la piété semblable à la justice. À toi de voir si tu m'interdis de répondre ainsi, ou si nous sommes d'accord. — P. Il ne me semble pas que la chose soit assez simple pour que j'accorde que la justice est quelque chose de pieux et la piété quelque chose de juste ; il me semble qu'il y a là quelque différence. [...] Il est vrai que la justice a quelque ressemblance avec la piété, car n'importe quoi ressemble à n'importe quoi, d'une manière ou d'une autre : d'une certaine manière le blanc ressemble au noir, le dur au mou, et de même pour toutes les choses qui paraissent les plus contraires entre elles ; ce que nous disions tout à l'heure avoir fonction différente et comporter de la différence, les parties du visage, ne sont pas cependant sans ressemblance entre elles et d'une certaine manière l'une est telle que l'autre, de sorte qu'avec ce procédé, tu prouverais, si tu le voulais, que toutes choses sont semblables entre elles. Mais il n'est pas juste de nommer semblables des choses qui ont un point de ressemblance, ni dissemblables celles qui diffèrent en quelque chose, si faible que soit, d'autre part, leur ressemblance. — S. Et moi, étonné, je lui dis : Ainsi le rapport du juste et du pieux est tel, à tes yeux, qu'il n'existe entre eux qu'une faible ressemblance ? — P. Ce n'est pas tout à fait cela, mais ce n'est pas non plus ce que tu me parais croire. Protagoras, 331a-332a 8. L'ESPÈCE ET LE GENRE [SOCRATE-EUTHYPHRON] — S. Vois s'il ne te semble pas nécessaire que tout ce qui est pieux soit juste. — E. C'est bien mon avis. — S. Mais est-ce à dire que tout ce qui est juste est pieux, ou bien que, alors que tout ce qui est pieux est juste, ce qui est juste n'est pas pieux en totalité ; pour une part, il est pieux, pour une autre, il est autre. — E. Je perds le fil, Socrate. — S. Pourtant tu es plus jeune que moi, Euthyphron, et tu l'emportes en savoir plus que je ne l'emporte en âge ; mais, je te l'ai dit, ta richesse en savoir te rend nonchalant. Allons, homme fortuné, secoue-toi ! ce que je dis n'est pas difficile à comprendre : je dis exactement le contraire du poète disant : <4 là où il y a crainte, il y aussi respect «. Là-dessus, je ne suis pas d'accord avec le poète ; veux-tu que je te dise en quoi ? — E. Bien sûr. — S. Je ne crois pas que là où il y a crainte il y a aussi respect, car il me semble qu'il ne manque pas de gens qui craignent maladie, pauvreté, etc., sans respecter ce qu'ils craignent. Ne crois-tu pas ? — E. Absolument. — S. Mais là où il y a respect, il y a aussi crainte ; car y a-t-il quelqu'un qui, en respectant quelque chose et en ayant honte, n'éprouve pas en même temps de la peur et ne craigne la réputation de méchanceté ? — E. Il est bien certain qu'il la craint. — S. Donc, il n'est pas correct de dire : là où il y a crainte, il y a aussi respect ; il faut dire : là où il y a respect, il y a crainte, mais il n'y a pas toujours respect là où il y a crainte ; je pense que la crainte a plus d'extension que le respect : le respect est une espèce de crainte, comme l'impair est une espèce du nombre, en sorte que là où il y a nombre, il n'y a pas forcément impair, mais là où il y a impair, il y a forcément nombre. Est-ce que maintenant tu me suis ? — E. Tout à fait. — S. Telle était ma question quand je te demandais si là où il y a justice, il y a également piété, ou bien si, alors que là où il y a piété, il y aussi justice, cependant il n'y a pas toujours piété là où il y a justice, auquel cas la piété est une espèce de la justice. Soutiendrons-nous autre chose ? — E. Non, c'est cela, il me semble que tu as raison. — S. Alors vois ce qui s'ensuit : si la piété est une espèce de la justice, il me semble qu'il faut trouver quelle espèce de la justice est la piété. Si dans le cas précédent, tu m'avais demandé quelle espèce du nombre est le pair, quelle différence spécifique comporte ce nombre, je t'aurais répondu que c'est celui qui est divisible en deux entiers égaux. D'accord ? — E. Oui. — S. Alors, essaie en même façon de m'enseigner le caractère distinctif de l'espèce de la justice qu'est la piété. Euthyphron, 1 1 e- 1 2e 9. DÉFINITION DU GENRE [SOCRATE-MÉNON] — S. Eh bien, puisque la vertu est identique à elle-même dans tous les cas, tâche de te rappeler et de me dire ce que Gorgias, et toi avec lui, vous prétendez qu'elle est. — M. Puisque tu t'enquiers de quelque chose d'unique dans tous les cas, qu'est-elle d'autre que la capacité de commander aux hommes ? — S. C'est en effet l'unité que je cherche, Ménon ; mais peux-tu dire que la vertu de l'enfant et de l'esclave soit identiquement d'être capables de commander au maître, et crois-tu que celui qui commande soit encore esclave ? — M. Je n'en crois rien, Socrate. — S. Ce n'est en effet pas vraisemblable, mon cher. Mais je voudrais encore que tu examines également ceci : à ta formule : « capacité de commander «, n'ajouterons-nous pas la précision : « avec justice «, et non pas : « en se montrant injuste « ? — M. C'est bien ma conviction, Socrate, car la justice est vertu. — S. Est-elle la vertu, Ménon, ou une vertu ? — M. Que veux-tu dire ? — S. Ce que je dirais de n'importe quoi d'autre, par exemple, de la rondeur, si tu veux, je dirais qu'elle est une figure et non pas qu'elle est tout bonnement la figure, tenant ainsi compte de l'existence d'autres figures. — M. C'est fort bien dit et je reconnais de mon côté qu'il y a d'autres vertus que la justice. — S. Lesquelles ? tout ainsi que je te citerais
justice

« DU DIALOGUE A LA DIALECTIQUE 135 pieux, ou bien que, alors que tout ce qui est pieux est juste, ce qui est juste n'est pas pieux en totalité; pour une part, il est pieux, pour une autre, il est autre.

- E.

Je perds le fil, Socrate.- S.

Pourtant tu es plus jeune que moi, Euthyphron, et tu l'emportes en savoir plus que je ne l'emporte en âge; mais, je te l'ai dit, ta richesse en savoir te rend nonchalant.

Allons, homme fortuné, secoue-toi! ce que je dis n'est pas difficile à comprendre : je dis exactement le contraire du poète disant : « là où il y a crainte, il y aussi respect ».

Là-dessus, je ne suis pas d'accord avec le poète; veux-tu que je te dise en quoi ? -E.

Bien sûr.

- S.

Je ne crois pas que là où il y a crainte il y a aussi respect, car il me semble qu'il ne manque pas de gens qui craignent maladie, pauvreté, etc., sans respecter ce qu'ils craignent.

Ne crois-tu pas?- E.

Absolument.

-S.

Mais là où il y a respect, il y a aussi crainte; car y a-t-il quelqu'un qui, en respectant quelque chose et en ayant honte, n'éprouve pas en même temps de la peur et ne craigne la réputation de méchanceté ? -E.

Il est bien certain qu'ilia craint.

- S.

Donc, il n'est pas correct de dire : là où il y a crainte, il y a aussi respect ; il faut dire : là où il y a respect, il y a crainte, mais il n'y a pas toujours respect là où il y a crainte; je pense que la crainte a plus d'extension que le res­ pect : le respect est une espèce de crainte, comme l'impair est une espèce du nombre, en sorte que là où il y a nombre, il n'y a pas forcément impair, mais là où il y a impair, il y a forcément nombre.

Est-ce que maintenant tu me suis?- E.

Tout à fait.- S.

Telle était ma question quand je te demandais si là où il y a justice, il y a également piété, ou bien si, alors que là où il y a piété, il y aussi justice, cependant il n'y a pas toujours piété là où il y a justice, auquel cas la piété est une espèce de la justice.

Soutiendrons-nous autre chose?- E.

Non, c'est cela, il me semble que tu as raison.

- S.

Alors vois ce qui s'ensuit : si la piété est une espèce de la justice, il me semble qu'il faut trouver quelle espèce de la justice est la piété.

Si dans le cas précédent, tu m'avais demandé quelle espèce du. »

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