"Cinna ou la clémence d'Auguste" de Corneille

Dans cette pièce de Corneille, Émilie cherche à venger son père Toranius. Malgré le fait que l'empereur Auguste l'ait prise en grâce, elle entend lui faire payer son ingratitude envers son ancien précepteur, dont il s'est impunément débarrassé. Pour atteindre son but, la jeune fille se sert de son amant Cinna, lui aussi proche de l'empereur, mais qui accepte de le trahir par amour pour elle. Le complot ourdi par ce dernier échouera à cause de Maxime, son ami, jaloux de l'amour d'Émilie et qui désapprouve sa conduite hypocrite et égoïste envers le tyran lorsque que ce dernier leur demande s'il doit déposer son pouvoir ou maintenir l'empire. Alors que l'empereur sait tout, il choisit de gracier tous les artisans de l'attentat et de leur garder sa confiance. Touchés par sa clémence, ses ennemis se repentent et lui déclarent fidélité en toute bonne foi. Cette pièce revêt tous les attributs d'une pièce tragique, des personnages hors du commun par leur noblesse, et des forces surhumaines qui mènent leurs victimes à l'autel: les passions amoureuses de Cinna et Maxime. Cependant, la réaction aussi inattendue que généreuse d'Auguste se met en travers de la marche normalement inébranlable du destin. L'œuvre est donc une tragicomédie, une pièce à l'allure tragique avec un dénouement heureux. Captivante, intéressante jusqu'au bout cette histoire permet le ressenti de toutes les angoisses tragiques sans exposition au malaise final d'un dénouement pathétique.