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CORNEILLE: Cinna ou La Clémence d'Auguste

Publié le 17/11/2010

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corneille

«Si l'amour du pays doit ici prévaloir,

C'est son bien seulement que vous devez vouloir ;

Et cette liberté, qui lui semble si chère,

N'est pour Rome, Seigneur, qu'un bien imaginaire,

Plus nuisible qu'utile, et qui n'approche pas

De celui qu'un bon prince apporte à ses Etats.

Avec ordre et raison les honneurs il dispense,

Avec discernement punit et récompense,

Et dispose de tout en juste possesseur,

Sans rien précipiter de peur d'un successeur.

Mais quand le peuple est maître, on n'agit qu'en tumulte.«

(Cinna, II, 2)

corneille

« Œdipe ( I 659). Sertorius ( I 662). Sophonisbe ( I 663). Agésilas (1666). Attila (1667). Tite et Bérénice (1670). Suréna ( I 674). 1 .

«UNE ACTION ILLUSTRE, EXTRAORDINAIRE, SÉRIEUSE» Illustre, extraordinaire, sérieux, c'est par ces trois mots que Corneille, dans son premier Discours, définit ce que doit être le sujet d'une tragédie.

Aussi le dramaturge a-t-il puisé nombre de ses histoires et de ses personnages dansl'Antiquité romaine, riche en épisodes célèbres et en personnages hors du commun.

Après Horace, qui met en scène le conflit historique entre Albe et Rome à travers la lutte fratricide des Horaces et des Curiaces, avant La Mort de Pompée ou Nicomède, Cinna exalte la grandeur romaine, incarnée par l'empereur Auguste. Émilie, protégée d'Auguste, a juré cependant de venger son père, que cet empereur a fait assassiner alors qu'iln'était encore qu'Octave.

Elle s'allie à Cinna, chef d'une conjuration qui veut renverser le pouvoir tyrannique del'empereur, et promet sa main au jeune homme si celui-ci se fait le bras armé de sa vengeance (Acte I).

MaisAuguste fait convoquer Cinna et Maxime, un autre conjuré, pour leur soumettre sa décision d'abdiquer.

Cinna,qu'anime le désir d'accomplir la vengeance d'Émilie, exhorte l'empereur à conserver le trône.

Celui-ci pour leremercier lui offre la main d'Émilie (Acte II).

Par jalousie, Maxime, qui aime Émilie en secret, dénonce la trahison desdeux jeunes gens.

De son côté, Cinna, plein de remords face aux bienfaits dont Auguste l'a comblé, est en proie auxhésitations les plus graves : doit-il être ingrat envers le prince, ou parjure envers Émilie, à qui il a promis d'accomplirsa vengeance ? Devant l'intransigeance d'Émilie, il se résout à perpétrer son meurtre (Acte III).

Auguste, audésespoir de se voir trahi par ceux qu'il aime le plus, hésite entre la punition et le pardon (Acte IV).

Devant Cinna, àqui il rappelle quelles bontés il a eues pour lui, il finit par choisir la clémence.

Son pardon sera absolu et n'oublierapas même le traître Maxime (Acte V). Au coeur de l'intrigue de Cinna se trouve donc l'empereur.

Le pouvoir absolu qu'il exerce, qu'on veut lui disputer, ce qu'il peut et doit en faire est l'un des enjeux primordiaux de la pièce.

Auguste est représentatif de ces personnagescornéliens, individus de noble lignée et de haut rang.

Car, pour donner toute son ampleur à la tragédie, il faut, selonCorneille, d'une part que l'action tragique soit poussée à son paroxysme dans un sujet hors du commun: «Les grands sujets qui remuent fortement les passions, et en opposent l'impétuosité aux lois du devoir et auxtendresses du sang, doivent toujours aller au-delà du vraisemblable et ne trouveraient aucune croyance parmiles auditeurs, s'ils n'étaient soutenus ou par l'autorité de l'histoire qui persuade avec empire [...]» (Premier Discours) d'autre part, qu'elle mette en jeu des passions fortes qui dépassent le sentiment de soi : «Sa dignité demande quelque grand intérêt d'État, quelque passion plus noble et plus mâle que l'amour, tellesque sont l'ambition ou la vengeance, et veut donner à craindre des malheurs plus grands que la perte d'unemaîtresse.» (Ibid.) C'est en cela que la tragédie politique est la plus noble de toutes.

Dans Cinna, selon le précepte qui veut que le dramaturge instruise en distrayant, Corneille se livre à une profonde réflexion sur le pouvoir (II, 2 ; IV, 2).

Cettedernière reflète l'idéologie politique dominante de l'époque et défend une conception de la monarchie absolue, quiveut que le souverain use de son pouvoir non pour servir sa gloire mais celle de son peuple, dans le respect de lavertu: «Si l'amour du pays doit ici prévaloir, C'est son bien seulement que vous devez vouloir ; Et cette liberté, qui lui semble si chère, N'est pour Rome, Seigneur, qu'un bien imaginaire,. »

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