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Comment le théâtre du XVII attire t-il les personnes ?

Publié le 18/09/2010

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 I_ Le texte théâtral 

 A) le langage dramatique 

 Idée: Le texte de théâtre est constitué du discours des personnages et des didascalies. 

 Exemple: Le Mariage de Figaro Acte II, scène 1 

 _Didascalies indiquant les sentiments des personnages : 

 Dans cette scène, plusieurs didascalies guident l'interprète avec précision : "se jette dans une bergère" suggère à l'actrice jouant le rôle de la comtesse d'adopter une attitude extrêmement libre, décontractée. Ensuite les didascalies rythment l'évolution des états d'âme : "souriant", puis "rêvant", enfin "en se servant fortement d'un éventail" lorsque le ressentiment contre le comte remplace l'attendrissement à l'égard de Chérubin. 

 _Réplique ambiguë : 

 Parfois, le ton à donner au texte est plus difficile à déterminer : par exemple au début de II,1, sur quel ton la comtesse dit-elle : "Quoi, Suzon, il voulait te séduire?"; "Et le petit page était présent"? Est-ce surtout le ton de la surprise indignée, la honte d'apprendre que son infortune est connue du petit page? Ou au contraire, s'amuse-t-elle avec sa camériste, sans étonnement excessif, des frasques bien connues d'un mari libertin et de la situation ridicule où il s'est placée en présence de Chérubin? La didascalie : "se jette dans une bergère" est elle-même polysémique : on peut y lire le désespoir aussi bien que la décontraction d'une femme qui se sent chez elle et libre de ses attitudes. Selon les indications que donnera le metteur en scène, le jeu de l'actrice pourra appuyer plutôt dans un sens ou dans l'autre. 

 Conclusion: le texte contient en germe la représentation ; le texte ne reçoit un sens achevé qu’avec la représentation. les uns et les autres sont conçus pour faciliter au lecteur la compréhension des personnages, guider les acteurs et suggérer une mise en scène. 

 B) L'espace dramatique 

 Idée: le texte crée un espace qui détermine entièrement l’action et le dialogue et que le lecteur doit imaginer. 

 Exemple: Le Mariage de Figaro décor de l’Acte III 

 _La didascalie initiale de l’acte III du Mariage de Figaro donne comme lieu de l’action une salle appelée « salle du trône « utilisée comme salle d’audience, c’est à dire transformée pour l’occasion en tribunal. Elle précise qu’un portrait du roi orne l’un des murs de la salle (« sur le côté «), ce tableau étant surmonté d’un « dais «, c’est à dire d’un ouvrage de tapisserie soutenu par des colonnes, comme on en trouvait autrefois au-dessus des lits (ciels de lits, baldaquins), des autels, ou d’un trône. La présence d’une salle du trône au château d’Aguas Frescas s’explique par la fonction officielle du Comte Almaviva, « grand corregidor d’Andalousie « d’après la liste des personnages, c’est à dire gouverneur de la province. Il est du devoir de sa charge d’accueillir le roi, lorsque celui-ci se déplace dans son royaume, d’où la nécessaire présence dans sa demeure d’une salle d’honneur adaptée à la réception du souverain. 

 _ la symbolique des lieux 

 Cet espace dramatique a été conçu par Beaumarchais pour symboliser la structure sociale pyramidale de la société monarchique. L’intention apparaît clairement lorsqu’on rapproche la didascalie initiale des autres informations fournies par le texte (didascalie finale de l’Acte II, réplique de Figaro scène 7, didascalie initiale de la scène 15). On y apprend que « le Comte s’assied sur un grand fauteuil «, placé « sur une estrade à deux marches «, ce qui a pour effet de surélever considérablement le seigneur par rapport à Brid’oison et aux autres juges, qui sont assis sur de « bonnes chaises «. Mais le greffier n’a droit qu’à un tabouret, les avocats à des bancs, « le plancher pour le beau monde, et la canaille derrière « ajoute Figaro. L’étagement des sièges offre donc une image extrêmement hiérarchisée et satirique de l’inégalité des conditions sociales sous l’Ancien Régime. L’effet satirique est double : d’une part, ce dispositif scénique prépare le spectateur à recevoir la critique adressée par Beaumarchais à la justice de son temps, où le seigneur domine le {text:soft-page-break} juge et rend la justice de façon arbitraire, c’est à dire selon son bon plaisir ; d’autre part, la bouffonnerie du procès entre en contraste avec le cadre solennel de la salle du trône et tend à ridiculiser le système tout entier, jusqu’à la personne du roi, présent dans la salle à travers son portrait. 

 Conclusion: 

 II_ Le spectacle théâtral 

 A) Les règles 

 Idée: Ces règles avaient pour but de ne pas éparpiller l'attention du spectateur avec des détails comme le lieu ou la date, l'autorisant à se concentrer sur l'intrigue. 

 Exemple: 

 B) Le décor 

 idée: 

 Exemple: 

 Dans le texte de Beaumarchais, une didascalie initiale indique : "Le théâtre représente une rue de Séville, où toutes les croisées sont grillées". Au début de la scène 3, on voit Rosine et Bartholo apparaître à une fenêtre du premier étage (la "jalousie"). Jean-Luc Boutté n'a pas conservé ce dispositif "réaliste". Une toile de fond représentant un grand ciel bleu parsemé de légers nuages blancs s'offre au regard. Un nuage cache un panneau mobile invisible, dont le déplacement au début de la scène 3 révèlera le rectangle d'une fenêtre. Le choix a donc été fait d'un décor stylisé à valeur symbolique. En effet, ce ciel bleu, entrant en résonance avec d'autres choix de mise en scène, indique une idée d'espoir, d'amour, de jeunesse, de liberté. 

 Quand Almaviva décide de pénétrer de force dans le cabinet de toilette où se cache Chérubin, le texte indique qu'il se retire pour aller chercher des pinces. Au lieu des pinces annoncées, Jean-Pierre Vincent a choisi de faire apparaître dans les mains du Comte une énorme hache, qu'il peut à peine porter. Idée particulièrement amusante et porteuse de sens : la cognée de bûcheron symbolise la brutalité masculine, la violence conjugale; en même temps, elle ridiculise le comte qui manque à plusieurs reprises être emporté par le poids de l'objet. Le choix de l'accessoire véhicule le sens profond que le metteur en scène souhaite donner à la péripétie et permet d'introduire un effet de distanciation en superposant une tonalité satirique à la tonalité dramatique dominante de cette scène. 

 Conclusion: 

 C) Les acteurs 

 Idée: 

 Exemple: 

 On est étonné aussi par le choix d'interprètes extrêmement jeunes. Le parti-pris est particulièrement sensible en ce qui concerne Figaro qui fut créé par un comédien de 59 ans, et dont le texte dit : "Te voilà si gros et si gras ..." (sc.2). La direction d'acteurs renforce ce parti-pris par une mobilité constante, un déploiement d'énergie considérable. Le costume bleu ciel de Figaro, accordé à la teinte de la toile de fond, joue sur la même idée de jeunesse et fait de Figaro un jeune premier, à l'égal d'Almaviva. Les deux complices paraissent égaux entre eux malgré la différence des rangs. 

 Dans cette scène, Jean-Pierre Vincent semble avoir donné pour consigne à ses acteurs de jouer de façon "théâtrale", au sens d' "artificiel", "appuyé", de manière à montrer que les personnages jouent une comédie au comte. Il s'agit d'un exemple de "théâtre dans le théâtre". Analyse détaillée du jeu des acteurs dans ce passage dans une autre 

 Conclusion

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