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Commentaire composé Incipit - Thérèse Desqueyroux – François Mauriac

Publié le 25/07/2010

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Introduction :

François Mauriac est né à Bordeaux en 1885 dans une famille bourgeoise. Il s'impose rapidement comme un observateur perspicace des milieux et des mœurs de provinces. Mauriac a beaucoup réfléchit au problème de la création romanesque. Ses personnages sont tous en manque de quelque chose : d'amour, de pureté, en mal de solitude. Grand lecteur de Pascal et de Baudelaire, Mauriac discerne dans tout homme un élan vers le bien (Dieu) et un élan vers le mal (Satan) et il en a fait le drame essentiel de tous ses personnages. Il a affirmé sa préférence pour le personnage de Thérèse Desqueyroux, personnage éponyme du roman dont nous allons étudier l'incipit Si la page que nous avons devant nous n'était pas surmontée du chiffre désignant le premier chapitre, nous pourrions croire que nous sommes à la fin du roman. En effet, nous assistons au dénouement d'un instruction judiciaire, or tout commence. François Mauriac en adoptant la plus grande partie du récit le point de vue de son héroïne, parvient à créer une atmosphère et présenter une situation particulière. Comment Mauriac parvient à être à la fois le témoin et le complice de ses personnages? Dans une première partie nous analyserons le décor et le climat humain, et dans une deuxième partie la construction des personnages et l'efficacité du dialogue. I. Une atmosphère a) Le décor Nous sommes immédiatement plongé dans une atmosphère peu accueillante et même pesante comme l'atteste le décor 'par un couloir dérobé nous sortons du palais de justice pour débouché sur une petite place déserte où un homme au col relevé, se tapi auprès d'un platane «.Avec Thérèse Desqueyroux, nous sommes saisi par le contact de la brume et nous descendons les marches mouillées. Toute cette scène revêt un caractère crépusculaire. b) Le climat humain Il n'est guère plus engageant , constitué du sentiment de peur, de culpabilité et d'exclusion. Le père et l'avocat communique à mi-voix « comme s'ils eussent été épiés «. Thérèse a peur d'être attendu. Elle hésite à sortir, et tandis qu'elle entend « confusément « le dialogue des deux hommes, dialogue dont elle est exclue comme une paria, nous les observons par le biais de son point de vue à elle. Elle souligne le comportement furtif des deux hommes notamment celui de son père qui a fait attendre la voiture sur la route pour ne pas attirer l'attention. Dans la dernière partie du texte, le point de vue change et c'est une étrangère au visage fermé que nous observons à distance, à travers le regard de l'avocat et du père. Père qui se décide enfin à regarder sa fille. c) Conclusion de la partie I Nous baignons donc dans une atmosphère froide et désagréable. Maintenant nous allons voir comment l'auteur parvient à présenter des personnages pourvus d'une réelle épaisseur psychologique qui vont présenter eux-même l'intrigue. II. La construction des personnages et l'efficacité du dialogue a) L'avocat Duros Duros est un personnage secondaire mais n'est pas une simple silhouette c'est un professionnel apparemment protecteur(« vous pouvez sortir «). Mais il est aussi distant et ironique (« j'ai voulu dire victime de son imprudence, madame «). Dès le début il manifeste par son cri triomphal « non-lieu « qu'il est fier de sa prestation. Il est même tellement fier que lui échappe une formule familière (« les carottes sont cuites «). Quand son interlocuteur, M. Larroque, le fait descendre de son piédestal, avec son « c'était couru «, il éprouve le besoin d'insister sur l'aspect délicat de ce genre d'affaire. b) Le père En face, le père est présenté comme quelqu'un qui a peur, il s'est réfugié sous un platane. Il éprouve le besoin d'être rassuré comme le prouve sa question (« surprise ? «) et il n'a pas regarder ni embrassé sa fille. Il est donc présenté comme pas affectueux. c) Thérèse Thérèse, elle aussi a peur. C'est d'une manière hésitante qu'elle entre dans le roman, laissée en arrière par l'avocat et par l'effet du choix du point de vue une subtile sympathie nous lie à elle. C'est à travers son regard que nous apercevons l'homme qui se détache d'un platane et qui est son père. C'est encore elle qui vérifie que la voie est libre et on peut interpréter comme un regret, ou comme une nostalgie de tendresse la formule « il ne lui donna pas même un regard «. Si l'héroïne semble être un être fragile et sensible elle n'est pas pour autant une victime résignée. Comme on peut le voir quand elle réagit au mot de Duros : il n'y a pas eu de victime. Cette réaction peut même nous conduire lui trouver une certaine dignité. d) le dialogue Le dialogue présente l'intrigue d'une manière naturelle et très économique. En effet nous apprenons rapidement qu'il s'agit d'une affaire judiciaire avec « non-lieu «. L «indication de non-lieu ne suscite pas de joie particulière. Les apartés de l'avocat et du père et le sentiment de crainte de l'héroïne suggère habilement qu'il s'agit d'une affaire que l'on a étouffée. On va voir qu'en fait, les personnages sont apparemment occupés que d'eux-même, et qu'ils obéissent à une nécessité psychologique. C'est pourquoi ils vont exposer (présenter) l'intrigue d'une manière très efficace : l'avocat, maitre Duros, sous la pression du père angoissé et voyant son rôle minimisé (« c'était couru «) nous livre à son insu des informations essentielles, en l'occurrence, que Thérèse vient d'obtenir un non lieu, pour tentative (« il n'y a pas eu de victime «) d'empoisonnement (« gouttes «) sur son mari (« gendre «). Conclusion :

Nous sommes loin ici des expositions du type balzacien dans lesquels le lecteur doit assimiler des fiches géographiques, biographiques ou médicales. Mauriac, ici, semble dédaigner la liberté du narrateur omniscient pour s'imposer au contraire les contraintes d'un auteur de théâtre : un décor, un dialogue, qui suffise à captiver le lecteur. Enfin et surtout, il parvient à nous émouvoir en adoptant subtilement le point de vue de Thérèse.

 

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