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Commentaire composé l'homme est en proie

Publié le 08/03/2011

Extrait du document

La densité de ce champ lexical dès le début du passage définit le thème dominant de la violence que connaît le pays. Si le début du texte expose la violence dans un cercle familial,(père, fils, frère), un glissement s’opère rapidement grâce à l’adjectif \" public \", lié à \" meurtre \" qui prouve que cette violence est certes généralisée chez les particuliers mais est également celle de l’Etat, donc un acte politique (bélîtres; troupes 9 ;gouvernement 9 ;tambours 14 ;garnisons et prisons 14) qui donnent l’image d’une armée combattant. C’est à ce moment que se met en place le champ lexicale de la guerre(v.9 à14) ; mais il est important de remarquer que c’est surtout la peur qui domine ce passage (épouvantait 11 ; trembler et tremblantes 12 ; éperdus 13) et non les atteintes physiques. Les sonorités imitatives contribuent à l’expression de cette crainte, amplifiant l’impression par les échos sonores des \" grondants tambours \" ;présence dans ces mêmes vers de nombreux [T,D,B,K,R,P] imitant le tambour ou les cœurs qui battent de peur. Enfin, tout au long du texte, le champ lexical de la justice, en alternance positive (justice, honorable, exemple, sage, justicier) et négative (souffrir, sans merci, malfaiteur, injustice) met en place l’idée d’un renversement présenté comme un paradoxe.

 

3-C’est d’abord la structure syntaxique qui attire l’attention sur le renversement : le poète par ce biais montre le remplacement d’une valeur positive par une autre, négative : vers 7 et 8, la construction met l’accent sur l’analogie entre \" meurtre \", \" vice \" et \" justice \" pourtant opposés ce qui crée un paradoxe. Le renversement des valeurs est posé clairement à la suite d’exemples concrets familiaux qui laissent déjà prévoir ( voir 2 et 3, les valeurs de protections et d’amour normalement contenues dans les relations familiales disparaissent au profit d’une volonté de mort : cercueil, étrangle).

Dès vers 15 à 18, la structure toujours identique bâtie autour du verbe \" être \" montre à la fois le remplacement d’une notion par une autre et le bouleversement, la confusion ainsi engendrée par l’état de guerre : ce qui est paisible et sécurisant est remplacé par ce qui fait peur et ce qui est hostile. Ici c’est évidemment la figure de l’antithèse qui prédomine.

Ce reversement des valeurs touche tout ce qui concerne l’organisation de la ville depuis sa part la plus privée (familiale) jusqu’à sa part la plus publique (le bourgeois, exemple de sa ville). On peut remarquer dans cette dernière partie que l’accent est mis sur la décadence que l’on voit s’opérer sous nos yeux : \" honorable ;exemple ;souffle ;tomber \". A partir de ce moment, le poète installe un nouvel ordre au supplice, le malfaiteur fait son procès, l’injustice est un principe de droit.

Le texte est couronné par la comparaison générale et conclusive \" comme au monde à l’envers \" (25) suivie d’un dernier vers renvoyant au début de l’extrait comme pour montrer un schéma sans cesse répété, sans espoir de fin.

 

4- Par le repérage des personnages mis en scène, on peut facilement comprendre qu’il s’agit ici d’une guerre civile clairement définissable comme étant celle qui enflamma la France au 16ème siècle, mais les procédés de généralisation permettent de dépasser cette relation à l’histoire de la France et envisagent l’explication dans le cadre plus large de la dénonciation de toute guerre civile, fonctionnant selon un même principe et détruisant toute valeur morale au profit de son antithèse immorale ou amorale. Les procédés sont les suivants :

- La plupart des verbes sont au présent, valeur intemporelle et donc généralisante

- Des articles au singulier marquent une généralisation (début et fin du texte)

- De même lorsque ce sont des articles définis.

- Aucune situation n’est temporellement ni géographiquement clairement définissable : situation valable en tout lieu et tout temps.

 

Conclusion :

Le propos de d’Aubigné est certes de dénoncer l’horreur des guerres de religions qu’il a lui-même subies mais, au delà de sa propre expérience, on comprend qu’il se veut dénonciateur de toute guerre civile amenant irrémédiablement au renversement total des valeurs, à la mise en place du mal comme principe fondateur d’un ordre nouveau. Cela mène à négation de toute humanité, comme nous le rappelle d’ailleurs la comparaison des attitudes du loup et de l’homme, et fait de cette œuvre un témoignage extrêmement pessimiste.

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