Commentaire littéraire Le Rouge et le Noir Stendhal - "Julien s'échappa" jusqu'à "serait-ce un jour la sienne ?".

JULIEN S'ECHAPPA – Le Rouge et le Noir - Stendhal

 

I Structure du texte : la méditation

 

A/ La promenade comme apaisement

Voir l’exaspération de Julien Sorel (épisode précédent), et en quoi cette escapade déguisée dans la campagne lui permet de se « rasséréner ». Il oublie ses pénibles recherches.

 

B/ L’exploration verticale

 

Voir pour l’organisation du texte, la montée progressive de Julien, par la promenade tout d’abord, puis le roc sur lequel il monde, et enfin le vautour qui est une métaphore de lui-même.

 

C/ Le parasitage entre récit et description

 

Passage récit / description :

étude des temps : présent / imparfait

étude de l’évolution de l’avancée de Julien Sorel

étude de l’adéquation entre la description du paysage et les pensées de Julien (les hauts hêtres)

 

Cette description du paysage fait de ce texte un texte champêtre, c’est-à-dire dédié à la nature.

 

II Le texte champêtre

 

A/ Une « nature » bienfaitrice : l’éloge

 

Voir le début du texte : éloge de la nature dans :

les hyperboles

les accumulations (« la beauté ravissante des bois »)

éloge de la faune : fin du texte avec l’épervier

 

B/ Nature et civilisation

 

- opposition entre les villages traversés et les bois : un lieu sans hypocrisie, sans batailles à remporter

- un lieu sans hommes : solitude de Julien, grands espaces

- M. de Rênal et les gardiens de chèvres

 

C / La « nature » comme reflet des aspirations du héros

 

- grandissement épique de la nature à l’image des grandes ambitions du héros

- le roc comme image de son ascension sociale

- le roc comme image de sa victoire remportée sur M. de Rênal

 

Cette excursion fugace dans les bois jouxtant Verrières est l’occasion pour le héros de trouver dans ses grands espaces, un lieu suffisamment grand pour empêcher son âme avide de grandeurs. Julien Sorel est à cet égard l’archétype même du personnage romantique.

 

III Le romantisme stendhalien

 

A/ Le grandiose et le sublime

 

Grandiose et sublime dans l’évocation de la nature : un lieu idéal, voir l’amour de Stendhal pour les paysages italiens dans La Chartreuse de Parme

Le grandiose et le sublime du personnage de Julien Sorel (« Cette position physique le fit sourire, elle lui peignait la position qu'il brûlait d'atteindre au moral »)

Processus de grandissement épique caractéristique de Stendhal : il porte au grandiose tous les infimes mouvements de son personnage.

 

B/ Un héros romantique par excellence

 

Le héros seul dans un espace « vierge » : la nature. Isolement caractéristique du héros romantique, seul face au monde

L ’élévation au-dessus du commun des mortels : voir le roc. Mouvement dirigé vers le haut, vers le sublime.

Un héros ambitieux et orgueilleux : voir comment il traite son employeur M. de Rênal

Voir le célèbre tableau de Friedrich, qui représente le héros romantique par excellence :

 

http://aart.online.fr/caspar_david_friedrich.htm

 

C/ Julien et Napoléon

 

L’épervier comme métaphore de l’aigle impérial : Julien Sorel voit tournoyer au-dessus de lui les spirales du génie de Bonaparte

La comparaison finale entre Julien et Napoléon : comme Napoléon, Julien est issu d’un milieu pauvre, et est animé par de hautes ambitions politiques ; à défaut de pouvoir s’engager dans les armes (le Rouge), il optera pour la soutane (le Noir)

 

Aux yeux de Julien Sorel, Napoléon était bien l’«homme envoyé de Dieu pour les jeunes Français». Julien lisait le Mémorial de Sainte-Hélène quand son père, l’apostrophant avec brutalité, a fait choir dans le ruisseau ce livre où il rêvait à un père idéal. Il va se croire officier d’ordonnance de l’Empereur quand on le nomme garde d’honneur. Cette méditation de Julien Sorel, dès le début du roman, établit ce rapport qui va structurer l’œuvre entre le héros et le Héros, Napoléon Bonaparte. Le romantisme de ce personnage, qui a fait sa fortune dans le paysage littéraire français, vient de cette aspiration toujours enthousiaste, toujours combattante, vers le haut. Julien Sorel est la représentation même de ce dynamisme ascensionnel.