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Commentaire: On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.

Publié le 18/09/2010

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Roman

On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans. - Un beau soir, foin des bocks et de la limonade, Des cafés tapageurs aux lustres éclatants ! - On va sous les tilleuls verts de la promenade.

Les tilleuls sentent bons dans les bons soirs de juin ! L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ; Le vent chargé de bruits, - la ville n'est pas loin, - A des parfums de vigne et des parfums de bière ...

- Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon D'azur sombre, encadré d'une petite branche, Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond Avec de doux frissons, petite et toute blanche ...

Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser. La sève est du champagne et vous monte à la tête ... On divague ; on se sent aux lèvres un baiser Qui palpite là, comme une petite bête ...

Le coeur fou Robinsonne à travers les romans, - Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère, Passe une demoiselle aux petits airs charmants, Sous l'ombre du faux-col effrayant de son père ...

Et, comme elle vous trouve immensément naïf, Tout en faisant trotter ses petites bottines, Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif ... - Sur vos lèvres alors meurent les cavatines ...

Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août. Vous êtes amoureux. - Vos sonnets la font rire. Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût. - Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire ... !

- Ce soir-là, ... - vous entrez aux cafés éclatants, Vous demandez des bocks ou de la limonade ... - On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade

La recherche rimbaldienne L’exercice de style pour brillant qu'il est n'est que factice et pur artifice pour donner à Rimbaud l'occasion de traduire son âme. C'est ici qu'apparaît toute l'importance des tirets. Dans les vers détachés par les tirets, on finit par comprendre que le poète parle de lui.  Vocabulaire  foin : exprime le mépris, l'aversion. la promenade : endroit piétonnier qui entoure généralement les villes et bordé d'arbres. cavatines pièce vocale pour soliste dans un opéra. Les amours de jeunesse. Les amours de jeunesse, le premier amour peut-il durer Le témoignage de Judith 16 ans http://presse.cgarde.html  Les amours de jeunesse chez Ronsard Titre : Les Amours Qui voudra voir une jeunesse prompte  A suivre en vain l'objet de son malheur,  Me vienne lire : il verra la douleur,  Dont ma Déesse et mon Dieu ne font compte.  Il connaîtra qu'Amour est sans raison,  Un doux abus, une belle prison,  Amours de Cassandre, La rencontre amoureuse chez Hugo le romantique et chez Baudelaire

Commentaire rédigé Plan La nature propice aux sentiments 1-la rencontre amoureuse à dix-sept ans 2-entre les réparties de Nina et mes petites amoureuses 3-une critique du lyrisme romantique Le jeu de la séduction 1-le coup de foudre 2-le refus de s'engager Une ironie constante 1-les robinsonnades, des aventures 2-le romanesque, le rêve Le titre "roman" reprend l'étimologie du substantif, une narration d'aventures une étude de moeurs, une analyse de sentiments ou de passions. Les romans sont souvent des fictions. Dans ce poème Rimbaud fait tout une critique de ses aventures amoureuses d'adolescent encore bien naif. La nature propice aux sentiments On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans qui commence et termine le poème apparait comme la raison de ses échecs amoureux. La diérèse sur sérieux traduit l'insistance sur cet âge ingrat et naif fait d'illusions, de chimères et de maladresses. Le pronom "on" donne une universalité à sa pensée dans laquelle tout lecteur peut se reconnaitre. Déjà dans "les réparties de Nina" on notait un décalage entre l'homme lyrique (tout le poème) et la femme beaucoup plus prosaique (3 mots en répartie "et mon bureau" ?) expliquant son échec amoureux. Ses illusions, son avatar féminin commencé par "les réparties de Nina" prendront cruellement fin dans "mes petites amoureuses" "Ô mes petites amoureuses, Que je vous hais !".. L'année suivante en 1871, Rimbaud professera le plus grand mépris pour les élans lyriques des romantiques, la rencontre amoureuse dans la nature. Rimbaud se moque de la description lyrique des romantiques qui affectionnent les natures grandiose. Ici le cadre est banal fait de tilleuls, des arbres très courants. Beaucoup de termes de ce poème se retrouvaient dans le précédent, sève, champagne. Un jeu de séduction Comme dans les fêtes galantes de Verlaine, les adolescents se livrent au jeu de la séduction, l'adolescente qui apparait n'est pas une beauté plastique, elle est d'abord métaphorisée prosaiquement en "chiffon", elle a des petits airs charmants mais est affublée de diminutifs, elle est petite, semble soumise à son père, inaccessible. Mais on peut se prendre et se laisser prendre au jeu de la séduction, devenir amoureux sur un simple regard, un retournement. Le retournement devient bouleversement car l'amour impose de s'engager à deux malgré les divergences. Lorsque la réalité prend le pas sur le romanesque, sur l'imaginaire des sonnets amoureux et lorsqu'elle lui répond par lettre notre auteur qui a peur de s'engager abandonne rapidement la partie et retourne avec ses amis. "On n'est pas sérieux" traduit qu'on ne recherche pas à dix-sept ans l'amour pour toujours mais quelque chose d'éphémère pour assouvir un désir. En outre on manque d'expérience, on a peur d'être maladroit et de tout compromettre. Même si ce besoin amoureux correspond ici à un besoin de changer d'air, des fréquentations masculines habituelles des cafés, notre auteur voulait simplement connaître le plaisir de l'amour même fulgurant. Une ironie constante Les amours d'été d'adolescent sont souvent sans lendemain et chacun reprend sa vie près de ses parents comme un nouveau cycle. Les robinsonnades, néologisme qui renvoie à Robinson Crusoe constituent pour chaque adolescent un rêve d'aventures, favorisé par les mois d'inactivité scolaire de l'été. Ce seront des souvenirs à raconter à la rentrée lorsque l'imaginaire prendra le relai. Rimbaud égratigne les romantiques avec leur cadre grandiose, les lacs propices aux épanchements amoureux. Ici tout est simple et agréable et l'amour se résume à un baiser, pas de descriptions pompeuses mais seulement des points de suspension dans lesquels chacun peut imaginer la suite. Conclusion Dans ce poème Rimbaud évoque vers la fin de l'été, une aventure amoureuse en cours. Toutefois le "vous" utilisé rend ce roman applicable à tout lecteur. Ce n'est donc pas un poème de la rencontre unique, mais une sorte de "diagnostic" porté sur les rêves d'amour à 17 ans.

 

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