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Commentaire Sur L'Ennemi De Baudelaire

Publié le 15/09/2006

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Voici un poème intitulé l'Ennemi, extrait du recueil les Fleurs du mal, publié en 1857 et écrit par Charles Baudelaire, auteur que l'on peut qualifier à la fois de romantique de part l'expression des sentiments qu'il met en place tout au long de ce recueil mais aussi de parnassien  pour ses nombreux poèmes où il nous présente la beauté sous toutes ses formes. L'Ennemi retrace l'écoulement de la vie, les craintes du temps qui passe. Nous étudierons en premier lieu l'illustration des différentes périodes de la vie que nous propose le poète, puis nous verrons par la suite le règne d'un être destructeur.

 

Premièrement, nous pouvons observer, à travers ce poème, une description de la vie. Pour Baudelaire, la vie est semblable aux saisons. En effet, nous pouvons relever, avec les termes suivants : "ténébreux orage" au vers 1, "brillants soleils" au vers 2, "tonnerre et pluie" au vers 3, "innondées" au vers 9, le champs lexical du climat. Ce dernier est associé à celui de la plantation et de la récolte. On note en appartenance avec celui-ci les expressions "fruits vermeils", "jardin" au vers 4, "la pelle et les râteaux" au vers 6, "terres" au vers 7, "creuse" au vers 8, "fleurs nouvelles" et "sol" aux vers 8 et 9. Ces champs lexicaux se complètent et créent un réseau lexical, celui des saisons. De plus, ce réseau est renforcé par la structure du poème; il s'agit d'un sonnet, on retrouve donc quatre parties, que l'on peut mettre en lien avec les quatre saisons.

 

Peut-on parler d'un poème autobiographique ? Effectivement, il y a, tout au long de cette description, la présence de la première personne du singulier, par exemple au vers 9 où on relève "je  rêve". De plus, l'auteur semble associer chacune des saisons à une période précise de sa vie. De ce fait, la "jeunesse" (vers 1) de Baudelaire est comparé dans le premier quatrain, à un été parcemé d'orages. On peut penser qu'à cette époque là, le poète visait déjà l'idéal, mais était vite rattrapé par la réalité, celle du spleen. Le deuxième quatrain correspond à une période monotone, difficile pour l'auteur. En effet, il dit avoir "touché l'automne des idées" au vers 5. On peut comprendre qu'il n'était pas satisfait de ses écrits, et qu'il ne trouvait plus l'inspiration nécessaire pour mener à bien le travail d'un poète. Le premier tercet, quant à lui, symbolise le printemps, et donc l'espoir. Pour preuve, nous trouvons cette phrase : "Les fleurs nouvelles que je rêve" au vers 9. Nous pouvons interpréter cela comme un épanouissement, un renouveau dans la vie de Charles Baudelaire. En suite, nous supposons que le dernier tercet est la saison hivernale; car à l'appuie, nous pouvons suggérer que l'expression suivante : "sans que nous perdons" au vers 14, est synonyme de la neige qui tombe en hiver. On pourrait penser que ce tercet est symbole de mort, et des angoisses rencontrées par le poète.

 

A travers cette longue métaphore de la vie de Baudelaire, nous voyons se dresser un second portrait, celui d'un assasin que redoute l'auteur. Mais qui est-il en fait ? 

 

Contrairement à la nature, qui elle reprend vie au printemps, l'être humain, lui, ne peut se reconstruire. Cette idée là est présentée dès le deuxième quatrain, avec une évocation de la mort au vers 8 où l'on nous dit que "l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux". Cette comparaison place l'eau comme un des disciples de la mort. La deuxième strophe, quant à elle, est constituée principalement d'images rappelant la mise en terre d'un corps, on trouve les éléments suivants : "la pelle et les râteaux" au vers 6, "terre" au vers 7 et "trous" au vers 8, Tout au long de ce poème, on sent la présence de la mort, mais cette dernière n'est pas directement cité; pour l'illustrer, Baudelaire met en place un être monstrueux.

 

Il s'agit là du temps qui passe, et qui est, pour le poète, dévastateur. Celui-ci n'est cité qu'à la fin du poème, mais de manière très "crue" avec la phrase "le Temps mange la vie" au vers 12. En effet, nous relevons une personnification monstrueuse de celui-ci, qui est renforcé par la majuscule. Il peut être associé à une sorte de buveur de sang, en intertextualité avec  le poème XXXI, intitulé le Vampire, car nous pouvons noter la qualification d' "obscur" au vers 13, ainsi que les verbes "manger" et "ronger" puis le vers final qui est "du sang que nous perdons croît et se fortifie". Il semble alors user Baudelaire jusqu'à son dernier souffle, mais pas seulement lui. Effectivement, dans ce dernier vers, nous voyons s'effectuer un changement de personne, un passage du "je" au "nous". Cela montre que le temps qui passe et qui le mine jusqu'à la ruine est une fatalité touchant tous les êtres humains. Nous avons bien ici un portrait péjoratif d'un être dominateur, d'un Ennemi.

 

En conclusion, l'Ennemi, que l'on peut qualifier d'autobiographie, retrace les craintes d'un poète angoissé par la vie qui ne dure q'un temps. Cette magnifestation du spleen n'est autre qu'une belle leçon de vie, une mise en garde pour chaque être humaun fâce à l'inéluctable mort. Celle-ci peut arriver à tout instant, et chaque jour qui passe, l'homme s'en approche petit à petit, pour enfin la toucher du doigts. Le temps ne peut être contré, et même avec la meilleure des volontés, il est impossible de lutter. Chaque seconde est comptée, c'est pourquoi il ne faut pas perdre de vue le chemin parcemé d'obstacles que l'on a décidé d'empreinter, et tout faire pour atteindre le point que l'on s'est fixé. Ainsi, vivons chaque instant comme si c'était le dernier, et n'ayons rien à regretter car le temps, lui, ne nous aura pas épargné.

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