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Conseils aux jeunes professeurs: La discipline

Publié le 09/02/2011

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Il n'est pas de professeur si informé, si savant soit-il, dont l'enseignement puisse donner des fruits, si l'autorité qu'il exerce sur ses élèves est insuffisante; serait-il personnellement de la plus grande valeur morale et animé des meilleures intentions, un professeur, s'il manque de discipline, risque d'une part de n'être pas respecté de ses élèves, et en outre de leur faire perdre gravement leur temps; poussée à l'extrême limite, cette carence peut lui valoir toute une vie d'humiliations et de vexations, comme aussi de complications ou d'ennuis d'ordre administratif. Aussi serait-il désirable que tout jeune professeur, se voyant dès ses toutes premières années inapte à tenir sa classe et gravement désemparé dans cette partie de sa tâche, ait assez de bon sens et de décision pour chercher résolument une autre orientation à son activité. Espérons au demeurant que ces cas-limites resteront toujours rares. Aussi bien est-il malaisé de discerner et de révéler le secret de l'autorité; c'est, semble-t-il, une affaire de comportement individuel, d'ascendant personnel; la preuve, c'est qu'on n'arrive jamais à renflouer par des secours extérieurs, du moins à partir d'un certain moment, une autorité en détresse; on ne remet pas en selle un maître désarçonné. Aussi, jeunes professeurs qui, dès vos débuts, sentez votre classe qui vous obéit et qui vous suit, appréciez votre avantage; vous avez le don de l'autorité, mais un don qui ne vous confère sans doute aucun mérite et dont il convient de ne pas vous enorgueillir, car vous seriez peut-être aussi embarrassés que quiconque pour la ressaisir, si votre classe, docile à l'accoutumée, venait tout à coup à regimber et à secouer votre joug; mais quoi qu'il en soit, ce don, vous l'avez et il est d'un prix inestimable. Sans revenir sur ce qui a été dit au cours de pages précédentes, le professeur devra évidemment veiller à ne présenter aucune singularité ni dans sa personne, ni dans sa tenue, ni dans son langage, ni dans ses manières, ni même dans son genre de vie, qui risque de le ridiculiser aux yeux des élèves, de provoquer leur rire ou d'exciter leur malignité amusée; car on a dit et on ne redira jamais trop des élèves qu'ils sont d'impitoyables observateurs, à qui rien n'échappe. Qui ne les a vus aller jusqu'à se moquer de l'infirmité ou de la difformité d'un maître? Mais il est aussi vrai que tel maître, infirme ou difforme, jouit dans sa classe d'une autorité incontestée, à faire envie à maint collègue mieux doué physiquement et cependant dépourvu d'ascendant.

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