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Corneille, l'Illusion comique (extrait).

Publié le 07/05/2013

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Corneille, l'Illusion comique (extrait). Deux faits ont rendu au Fanfaron de Plaute une vitalité et une actualité remarquables au moment où Corneille écrit sa pièce : la commedia dell'arte est en faveur à la Cour de France, et la guerre de Trente Ans a fait du soldat espagnol à la fois la terreur et la risée de l'Europe. Sur une place publique apparaît Matamore, flanqué de son valet Clindor. Ce dernier sert d'écho complaisant aux discours de son maître, qui se grise de ses prétendus exploits guerriers et amoureux. Ce Capitan gascon, qui n'a de « tueur de Mores « que le nom, apparaît comme la préfiguration grotesque du héros cornélien. L'Illusion comique de Pierre Corneille (acte II, scène 2) CLINDOR Quoi ? Monsieur, vous rêvez ! et cette âme hautaine Après tant de beaux faits semble être encore en peine N'êtes-vous point lassé d'abattre des guerriers : Soupirez-vous après quelques nouveaux lauriers ? MATAMORE Il est vrai que je rêve et ne saurais résoudre Lequel je dois des deux le premier mettre en poudre Du grand sophi de Perse, ou bien du grand mogor. CLINDOR Et de grâce, monsieur, laissez-les vivre encor. Qu'ajouterait leur perte à votre renommée ? Et puis quand auriez-vous rassemblé votre armée ? MATAMORE Mon armée ! ah ! poltron ! ah ! traître ! pour leur mort Tu crois donc que ce bras ne soit pas assez fort ! Le seul bruit de mon nom renverse les murailles, Défait les escadrons, et gagne les batailles, Mon courage invaincu contre les empereurs N'arme que la moitié de ses moindres fureurs, D'un seul commandement que je fais aux trois Parques, Je dépeuple l'État des plus heureux monarques. Le foudre est mon canon, les destins mes soldats, Je couche d'un revers mille ennemis à bas, D'un souffle je réduis leurs projets en fumée, Et tu m'oses parler cependant d'une armée ! Tu n'auras plus l'honneur de voir un second Mars, Je vais t'assassiner d'un seul de mes regards, Veillaque. Toutefois je songe à ma maîtresse, Le penser m'adoucit. Va, ma colère cesse, Et ce petit archer qui dompte tous les Dieux, Vient de chasser la mort qui logeait dans mes yeux. Regarde, j'ai quitté cette effroyable mine Qui massacre, détruit, brise, brûle, extermine, Et pensant au bel oeil qui tient ma liberté Je ne suis plus qu'amour, que grâce, que beauté. CLINDOR O Dieux ! en un moment que tout vous est possible ! Je vous vois aussi beau que vous êtes terrible, Et ne crois point d'objet si ferme en sa rigueur Qui puisse constamment vous refuser son coeur. MATAMORE Je te le dis encor, ne sois plus en alarme. Quand je veux j'épouvante, et quand je veux je charme, Et selon qu'il me plaît je remplis tour à tour Les hommes de terreur et les femmes d'amour, Du temps que ma beauté m'était inséparable Leurs persécutions me rendaient misérable, Je ne pouvais sortir sans les faire pâmer, Mille mouraient par jour à force de m'aimer, J'avais des rendez-vous de toutes les princesses, Les reines à l'envi mendiaient mes caresses, Celle d'Éthiopie, et celle du Japon Dans leurs soupirs d'amour ne mêlaient que mon nom, De passion pour moi deux sultanes troublèrent, Deux autres pour me voir du sérail s'échappèrent, J'en fus mal quelque temps avec le grand Seigneur ! CLINDOR Son mécontentement n'allait qu'à votre honneur. MATAMORE Ces pratiques nuisaient à mes desseins de guerre Et pouvaient m'empêcher de conquérir la terre : D'ailleurs j'en devins las et pour les arrêter J'envoyai le destin dire à son Jupiter Qu'il trouvât un moyen qui fît cesser les flammes Et l'importunité dont m'accablaient les dames, Qu'autrement ma colère irait dedans les cieux Le dégrader soudain de l'empire des Dieux, Et donnerait à Mars à gouverner son foudre, La frayeur qu'il en eut le fit bientôt résoudre. Ce que je demandais fut prêt en un moment, Et depuis je suis beau quand je veux seulement. Source : Corneille (Pierre), l'Illusion comique, 1636. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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« Je vous vois aussi beau que vous êtes terrible, Et ne crois point d’objet si ferme en sa rigueur Qui puisse constamment vous refuser son cœur. MATAMORE Je te le dis encor, ne sois plus en alarme. Quand je veux j’épouvante, et quand je veux je charme, Et selon qu’il me plaît je remplis tour à tour Les hommes de terreur et les femmes d’amour, Du temps que ma beauté m’était inséparable Leurs persécutions me rendaient misérable, Je ne pouvais sortir sans les faire pâmer, Mille mouraient par jour à force de m’aimer, J’avais des rendez-vous de toutes les princesses, Les reines à l’envi mendiaient mes caresses, Celle d’Éthiopie, et celle du Japon Dans leurs soupirs d’amour ne mêlaient que mon nom, De passion pour moi deux sultanes troublèrent, Deux autres pour me voir du sérail s’échappèrent, J’en fus mal quelque temps avec le grand Seigneur ! CLINDOR Son mécontentement n’allait qu’à votre honneur. MATAMORE Ces pratiques nuisaient à mes desseins de guerre Et pouvaient m’empêcher de conquérir la terre : D’ailleurs j’en devins las et pour les arrêter J’envoyai le destin dire à son Jupiter Qu’il trouvât un moyen qui fît cesser les flammes Et l’importunité dont m’accablaient les dames, Qu’autrement ma colère irait dedans les cieux Le dégrader soudain de l’empire des Dieux, Et donnerait à Mars à gouverner son foudre, La frayeur qu’il en eut le fit bientôt résoudre. Ce que je demandais fut prêt en un moment, Et depuis je suis beau quand je veux seulement. Source : Corneille (Pierre), l’Illusion comique, 1636. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

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