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Cours sur l'art Philosophie

Publié le 03/01/2015

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1 Art, savoir-faire et beaux-arts L'art comme manifestation de la beauté Lorsque Bacon définit l'art comme « l'homme ajouté à la nature », il désigne encore ce qu'évoquent le latinars et le grec technè : tout savoir-faire produisant un objet, satisfaisant de quelque manière que ce soit. À partir du XVIe siècle, peintres et architectes revendiquent le nom d'artistes, pour se distinguer des artisans qui ne décident pas librement de leurs productions : l'artiste est alors celui qui s'adonne à l'un des beaux-arts, ou arts exclusivement orientés vers la manifestation de la beauté. Mais comment définir la beauté ? La beauté est pourtant difficile à définir. Sa conception change historiquement et culturellement : si La Joconde est « belle », ce n'est sans doute pas suivant les mêmes critères qu'un masque africain ou une toile de Picasso. Se pose de surcroît la question de son origine : l'artiste en est-il l'inventeur ? S'inspire-t-il au contraire de la nature ? Ou d'une idée de la perfection que pourrait atteindre la nature ? Les beaux-arts présentent aussi une évolution - qui dépend des connaissances scientifiques ou techniques et des conceptions politiques ou morales : l'art du portrait n'obéit pas aux mêmes règles pour Clouet, Ingres ou Van Gogh. Il est dès lors difficile de mettre au point une définition éternelle de la beauté. 2 L'invention et la satisfaction artistiques L'invention de l'artiste Contrairement à ce qu'affirme volontiers l'opinion, l'invention de l'artiste ne se ramène jamais - Hegel l'a fortement souligné - à une simple imitation de la nature. La peinture des vases grecs ou les innombrables Crucifixions de la peinture classique ne sont pas « réalistes », et la plupart des paysages antérieurs à l'impressionnisme sont inventés dans les ateliers. On voit mal par ailleurs ce qu'imiteraient l'architecture ou la musique. Non soumis à un « modèle », l'artiste élabore une oeuvre qui donne, selon les termes de Kant, « l'impression d'une finalité sans fin », ou intrinsèque. Cette dernière désigne l'organisation des éléments pour constituer une totalité autonome, un « objet » tel qu'on ne pourra lui ajouter ni en retrancher quoi que ce soit. L'oeuvre d'art n'a pas d'intérêt pratique immédiat - contrairement à l'objet technique : « elle ne sert à rien ». Mais elle doit pourtant correspondre à une certaine nécessité puisqu'elle nous apporte une satisfaction. La satisfaction artistique Cette satisfaction est différente d'une connaissance : une oeuvre n'est pas un concept et n'a rien à nous apprendre. Le plaisir ressenti se voudrait cependant universalisable (j'aimerais que tout le monde partage mon jugement sur telle oeuvre). C'est que l'oeuvre témoigne fondamentalement, d'après Hegel, de la liberté de l'esprit, qui se sépare de l'ordre naturel en offrant « la manifestation sensible d'une idée ». 3 Mort de l'art et art moderne Les trois moments de l'histoire de l'art L'Esthétique de Hegel définit ces trois moments : il peut y avoir excès du sensible sur l'idée (art symbolique, comme dans l'Égypte ancienne), équilibre entre les deux aspects (art classique : l'art grec), ou enfin débordement de l'intellectuel sur le sensible (art romantique). Puisque ces trois moments sont accomplis, Hegel en conclut que « l'art est mort, l'âge de l'esthétique est venu » : à la création doivent succéder l'interprétation et la compréhension de ce que l'art aura été. L'avènement de l'art moderne Quarante ans après l'annonce du décès commence l'« art moderne » qui bouscule toutes les règles admises. Ses tendances successives (impressionnisme, fauvisme, cubisme, nonfiguration, etc.) sont d'abord rejetées par un public désorienté. Que ce soit en littérature (depuis Flaubert), en peinture (depuis Manet), ou en musique (depuis Wagner ou Debussy), la modernité désigne un art qui élargit ses domaines, par le recours à des techniques et matériaux nouveaux, en même temps qu'il invente des formes et réfléchit sur sa propre histoire. L'art « moderne » ne correspond plus à la définition de Hegel, ni au beau que concevait Kant (l'oeuvre, depuis au moins Baudelaire, est « bizarre », et non harmonieuse). Ce qui demeure cependant, c'est sonpouvoir de contestation du donné : l'art signifie que l'invention reste inachevée, que la liberté trouve toujours à se manifester dans un arrangement formel nouveau - même s'il paraît d'abord choquant. Les régimes totalitaires ne s'y trompent pas, qui interdisent les recherches artistiques et encouragent les oeuvres académiques. On aurait tort de refuser l'art moderne parce qu'il dérange : ce serait se priver de témoignages précieux sur la liberté.

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