Devoir de Philosophie

deuxieme guerre mondiale

Publié le 15/12/2019

Extrait du document

Bilan et mémoires de la seconde guerre mondiale. Quelles sont les conséquences immédiates du conflit? Comment les Français se sont-ils souvenus de cette guerre? I. La France en 1945: chaos et renouvellement. B/ La reconstruction de l'Etat. La particularité de la deuxième guerre mondiale est qu'elle a vu coexister deux France: la France "officielle", représentée par Pétain et le régime de Vichy, et une France "virtuelle" (la France libre), représentée par De Gaulle et les mouvements de résistance. Quand le conflit se termine, il n'y a donc pas de pouvoir politique légal, élu ou officiel. La IIIhme République, régime démocratique, a disparu en 1940. De plus, il est impossible d'organiser quelque élection que ce soit tant que les prisonniers ne sont pas revenus et que les communications ne sont pas rétablies. Il faut donc de nouveaux repères politiques pour le pays. * Très populaire, le général De Gaulle est devenu un héros national. A la tête du GPRF (gouvernement provisoire de la république Française), il semble être le seul à pouvoir incarner la France et ramener le calme dans le pays. Le GPRF annule tous les actes de Vichy, et De Gaulle construit un gouvernement provisoire d'union nationale composé majoritairement de résistants et des principaux partis politiques (interdits par Vichy). Les partis de gauche, SFIO et PC notamment, y ont un poids prépondérant (alors que la droite traditionnelle, qui a largement collaboré avec Vichy, est écartée). Cela ne satisfait pas totalement De Gaulle, qui se méfie du PCF très lié à Moscou, mais il ne peut se passer à cet instant du soutien de ce parti très populaire et influent. Il parvient à faire reconnaître le GPRF par les pays alliés: URSS, Royaume-Uni, Etats-Unis . La France est intégrée dans le camp des vainqueurs. * Le projet politique de ce GPRF est très marqué par la Résistance: . il reprend les grandes idées du CNR (comité matinal de la résistance), avec par exemple le renouvellement de la démocratie, le droit de vote accordé aux femmes en 1944, la volonté d'un politique sociale . un programme marqué à gauche, notamment sous l'influence du PCF: volonté d'un Etat fort et interventionniste, création de la sécurité sociale, nombreuses nationalisations en 1945 (Renault, Air France, Gaz de France, Electricité de France, Banque de France) En effet, dès la Libération de Paris en 1944 se construit l’image d’une France toute résistante derrière de Gaulle organisant le combat depuis Londres. Les phrases du discours de l’hôtel de ville utilisées par le général dans une capitale en liesse ; « Paris martyrisé ! Mais Paris libéré par le concours des armées de la France, de la France toute entière (…) éternelle » inaugure un mythe Résistancialiste ; entretenu ensuite par la construction du Mémorial de la France combattante en 1960 autour d’une immense Croix de Lorraine et le transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon en 1964. Par la mise en avant d’un héros, la société française aime à s’identifier aux valeurs de courage et d’engagement contre l’Occupant défendues par les réseaux de Résistance. Cette mémoire s’impose comme un souvenir-écran et laisse dans l’ombre d’autres visions du conflit parfois moins glorieuses. L'histoire est le récit, exact et fondé sur des preuves, des faits qui se sont déroulés dans un passé plus ou moins reculé, alors que la mémoire est le rapport qu'un individu, un groupe ou une société entretient avec son passé. Les mémoires sont donc forcément diverses et changeantes dans le temps. C'est le cas des mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France : en 1945, les mémoires de la guerre qui vient de se terminer sont dominées par le résistancialisme, cette idéologie selon laquelle les Français se sont constamment battus contre l'occupant allemand. Aujourd'hui, ces mêmes mémoires sont beaucoup plus éclatées et dominées par le souvenir de la Shoah. Comment se sont-elles formées et se sont-elles transformées depuis 1945 ? Quel rôle les historiens ont-ils joué dans leur formation et dans leurs transformations ? Première partie : Une mémoire officielle et sélective (1945-1970) 1. La naissance du « résistancialisme » a) De Gaulle est le principal inventeur de cette mémoire glorieuse de la guerre. Le célèbre discours (« Paris libéré, ... ») qu’il prononce le 25 août 1944 à l’Hôtel de ville de Paris impose une vision de la France dans le conflit très avantageuse (elle s’est libérée elle-même) mais très partielle, puisqu’elle fait disparaître aussi bien les heures sombres de la collaboration que l’aide décisive des Alliés. De Gaulle forge cette fiction dans un but essentiellement politique : chef encore peu connu et contesté d’un gouvernement provisoire, il a besoin de l’image d’une nation unanimement résistante pour affirmer sa légitimité en France et en dehors de France. b) La mise en place du résistancialisme est également l’œuvre du Parti communiste. Celui-ci, à la Libération, s’auto-intitule le « Parti des fusillés » en revendiquant 75 000 de ses militants morts pour la France. Il s’agit pour les communistes de valoriser le rôle réel qu’ils ont joué dans la Résistance et dans la libération du pays, tout en faisant oublier que, entre 1940 et 1941, leur parti s’est abstenu de toute critique contre l’occupation allemande, l’URSS de Staline étant alors alliée à l’Allemagne. Le résistancialisme est un argument politique très précieux pour un parti qui, à la Libération, se proclame le « Parti de la Renaissance française » et reçoit un tiers des suffrages exprimés par les Français en 1945. c) Le résistancialisme devient la mémoire dominante de la guerre. Ainsi, lors de la commémoration du 11 novembre 1945, quinze corps de combattants morts pour la France de 1939 à 1945 sont placés autour de l’Arc de triomphe, avant d’être inhumés à l’Ouest de Paris, au Mont-Valérien, qui devient le Mémorial de la France Combattante, c’est-à-dire le principal lieu de mémoire de la Résistance et de la Libération. Au cinéma, la vision résistancialiste de la guerre donne lieu à de nombreux films dont le plus célèbre est La Bataille du rail, réalisé par René Clément en 1946. L’image héroïque et glorieuse que la France se donne d’elle-même à la Libération est durablement acceptée par l’immense majorité des Français qui veulent oublier les heures noires de la guerre et former une nation de résistants. Première partie : Une mémoire officielle et sélective (1945-1970) La naissance du « résistancialisme » a) De Gaulle est le principal inventeur de cette mémoire glorieuse de la guerre. Le célèbre discours (« Paris libéré, ... ») qu’il prononce le 25 août 1944 à l’Hôtel de ville de Paris impose une vision de la France dans le conflit très avantageuse (elle s’est libérée elle-même) mais très partielle, puisqu’elle fait disparaître aussi bien les heures sombres de la collaboration que l’aide décisive des Alliés. De Gaulle forge cette fiction dans un but essentiellement politique : chef encore peu connu et contesté d’un gouvernement provisoire, il a besoin de l’image d’une nation unanimement résistante pour affirmer sa légitimité en France et en dehors de France. b) La mise en place du résistancialisme est également l’œuvre du Parti communiste. Celui-ci, à la Libération, s’auto-intitule le « Parti des fusillés » en revendiquant 75 000 de ses militants morts pour la France. Il s’agit pour les communistes de valoriser le rôle réel qu’ils ont joué dans la Résistance et dans la libération du pays, tout en faisant oublier que, entre 1940 et 1941, leur parti s’est abstenu de toute critique contre l’occupation allemande, l’URSS de Staline étant alors alliée à l’Allemagne. Le résistancialisme est un argument politique très précieux pour un parti qui, à la Libération, se proclame le « Parti de la Renaissance française » et reçoit un tiers des suffrages exprimés par les Français en 1945. c) Le résistancialisme devient la mémoire dominante de la guerre. Ainsi, lors de la commémoration du 11 novembre 1945, quinze corps de combattants morts pour la France de 1939 à 1945 sont placés autour de l’Arc de triomphe, avant d’être inhumés à l’Ouest de Paris, au Mont-Valérien, qui devient le Mémorial de la France Combattante, c’est-à-dire le principal lieu de mémoire de la Résistance et de la Libération. Au cinéma, la vision résistancialiste de la guerre donne lieu à de nombreux films dont le plus célèbre est La Bataille du rail, réalisé par René Clément en 1946. L’image héroïque et glorieuse que la France se donne d’elle-même à la Libération est durablement acceptée par l’immense majorité des Français qui veulent oublier les heures noires de la guerre et former une nation de résistants. Cette mémoire a deux caractéristiques : ? elle est héroïque : les Français sont présentés comme des héros ? Les anti-héros ne sont pas tous condamnés et on préfère discrètement les amnistier : ainsi, de 1947 à 1953 on promulgue des lois d'amnistie des faits de collaboration. Une de ces lois concernent les « Malgré-nous », ces Alsaciens qui ont été enrôlés de force dans l'armée allemande – « malgré eux » – et qui ont été contraints de participer au massacre d'Oradour-sur-Glane où périrent 642 civils en 1942. ? elle est unanimiste : bien qu'adversaires politiques, communistes et gaullistes cultivent et célèbrent l'image d'une France opposée à l'occupant. Tous sont d'accord pour défendre cette idée. ? Par exemple, le consensus résistancialiste est à son point d'orgue lors de la panthéonisation de Jean Moulin en 1964. Jean Moulin est un homme de gauche, mais rallié à la France libre dirigée par de Gaulle. En étant l'unificateur des réseaux de résistance et le fondateur du Conseil National de la Résistance (CNR), sa panthéonisation rassemble le temps d'une cérémonie l'ensemble de la Résistance ? Autre exemple : en 1960 est édifiée une grande croix de Lorraine au Mont Valérien, élément central d'un mémorial. Or la Croix de Lorraine est un symbole avant tout de la résistance gaulliste et le Mont Valérien un lieu où beaucoup de communistes résistants furent fusillés par les Allemands. Symboliquement, il s'agissait de nouer toutes les résistances et de faire du Mont Valérien un lieu de mémoire officiel. ? Autre exemple : en 1945, les communistes font imprimer une affiche pour les élections municipales de 1945, où ils se revendiquent, au même titre que les gaullistes, ayant-droits de la Résistance. L'affiche représente une femme protectrice serrant dans bras son enfant effrayée. En haut, des croix mortuaires. En arrière-plan, une carte de la France. La couleur dominante est le bleu que viennent compléter le blanc et le rouge. Un message électoral fait le lien entre Résistance et élections. La signification est simple : le peuple français (femme et enfant, carte de la France et couleurs bleu-blanc-rouge) doit se rassurer (geste de la femme) car le PCF a fait son devoir de Résistance (« qui a le plus fait d'efforts et versé de sang pour délivrer la Patrie ») et peut désormais prendre en main les rênes du pays (« ce parti veut être et sera le grand parti de la Renaissance française »). Ce document comporte des limites : il s'agit d'un document de campagne électorale. Il est donc partial. Par ailleurs, le PCF se nommait « le Parti des 75000 fusillés ». Or s'il est indéniable que les communistes ont payé le plus lourd tribut et constituaient une force majeure de la Résistance, les historiens estiment le nombre total de fusillés, communistes ou non-communistes, entre 4000 et 10000. Enfin, il faut rappeler que le PCF n'a décidé son entrée en Résistance qu'en juin 1941, après que le pacte entre Staline et Hitler a été rompu (même si certains communistes n'ont pas respecté les consignes du parti et sont devenus résistants dès 1940). Affiche du PCF pour les élections municipales de 1945 la période de la Seconde Guerre mondiale a d’ores et déjà fait l’objet de multiples recherches. Elle recoupe à la fois l’histoire militaire, l’histoire politique, l’histoire de la Résistance et de la déportation ou celle de la collaboration. Si aujourd’hui c’est bien la guerre « vue d’en bas » qui intéresse les historiens, ce sont les deux premiers aspects cités ci-dessus qui ont fait l’œuvre du plus grand nombre de travaux au siècle dernier. Au lendemain de la guerre, l’histoire de la Résistance et celle de la déportation auraient pu être au centre de la recherche historique du fait de l’afflux de témoignages et du besoin que ressentaient les survivants de se libérer à travers la parole ou l’écrit ; mais l’opinion publique a rapidement refoulé les tentatives de récits et a préféré se plonger dans l’oubli. Dès 1945, le « résistancialisme », néologisme forgé par Henry Rousso, a alors dominé les mémoires en imposant aux Français une image d’unité nationale derrière le général de Gaulle qui, pour restaurer l’unité du pays, a développé et propagé l’idée, certes fausse et idéalisée mais ô combien rassurante dans ce contexte d’après-guerre, d’une France massivement résistante. À partir de 1973, avec la parution en français de l’ouvrage de l’américain Robert Owen Paxton La France de Vichy, la question de la France dans la collaboration devient une nouvelle perspective de recherche tout comme sa responsabilité dans la déportation des Juifs. Le mythe de la France résistante s’écroule en même temps que l’idéalisation du régime de Vichy et du maréchal Conclusion : Cette réflexion sur mémoire et histoire montre plusieurs choses: . le lien évident entre le contexte politico-historique et l'orientation de la mémoire (on veut se souvenir de choses différentes selon les périodes) . le fait que la mémoire évolue, qu'elle se complète, s'enrichit . la difficile cohabitation entre mémoire collective (des Français dans leur ensemble) et mémoire spécifique (résistants, juifs), qui ne correspondent pas toujours. Pour terminer, on peut dire que la reconnaissance de chaque mémoire est une chose importante, mais qu'encore une fois, mémoire ne signifie pas histoire. Il ne faut pas faire une fixation sur une mémoire particulière si cela entraîne l'oubli de la mémoire d'autres groupes, d'autres évènements. Les commémorations, quelles qu'elles soient, sont importantes, mais elles ne doivent pas se substituer au fondement qu'est la connaissance historique, si évidemment elle est neutre et objective. Histoire et mémoire ne sont pas équivalentes, elles sont complémentaires. depuis 1945 la société française a procédé à un véritable travail de mémoires en permettant à des mémoires parfois contradictoires de s’exprimer. Cette démarche d’expression est nécessaire car elle constitue une source pour l’historien. Il fera acte d’Histoire pour approcher la vérité d’un passé toujours complexe par le croisement et la critique de ses données.

Liens utiles