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DIEN BIEN PHU (bataille de)

Publié le 22/02/2012

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Depuis 1952, l'objectif français en Indochine est l'amélioration de la carte de guerre en vue de la future négociation et la mise sur pied de l'armée et de l'État associé du Vietnam. Le plan dressé en mai-juin 1953 par le général Navarre, commandant en chef, vise à reprendre l'offensive au Tonkin en 1953-1954 afin, dans un premier temps, d'y affaiblir le corps de bataille de l'Armée populaire de libération (APL) et de l'empêcher de prendre à revers le CEFEO (Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient) par la conquête du Laos, puis, dans un deuxième temps, d'élargir la zone tenue par les Français au Centre-Vietnam et, dans un troisième temps, de lancer une ultime offensive au Tonkin. Le CEFEO installe donc, en novembre 1953, un « hérisson », un camp retranché puissamment armé et ravitaillé par avion, dans la cuvette de Dien Bien Phu, point de départ des pistes vers le Laos : 15 000 hommes et 25 canons lourds. C'est compter sans la rudimentaire mais efficace logistique de l'APL qui se révèle capable d'amener à pied d'oeuvre à travers la jungle deux divisions d'élite ainsi qu'une artillerie très supérieure à celle des Français, ce qui fonde la décision du chef militaire Vo Nguyen Giap et de ses conseillers chinois, en décembre, d'accepter la bataille. Celle-ci commence le 13 mars, le 15 l'aérodrome est neutralisé. Le 7 mai, le camp est submergé par les vagues d'assaut vietnamiennes, alors que s'ouvre la négociation qui aboutira aux accords de Genève : les Français décomptent 5 000 tués et 10 000 prisonniers. Éclatante quoique militairement moins décisive que celle de Cao Bang en 1950 (l'APL a, en outre, perdu au moins 25 000 hommes), la victoire vietnamienne dans la bataille de Dien Bien Phu (20 novembre 1953-7 mai 1954) aura un retentissement politique immense. Elle sera perçue comme la revanche historique des peuples colonisés sur les impérialismes européens. Autant que la conférence de Bandung un an après, le coup de tonnerre de Dien Bien Phu fut bien l'avènement du tiers monde comme acteur majeur de l'histoire mondiale. C'est en y pensant qu'Ernesto Che Guevara préconisera quelques années plus tard de créer « Un, deux, trois Vietnam… ». Daniel HÉMERY

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