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Dissertation - Est-il plus facile de connaitre autrui que de se connaitre soi-même?

Publié le 14/02/2012

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DISSERTATION

 

Sujet : Est-il plus facile de connaître autrui que de se connaître soi-même?

 

 

Connaître, c'est avoir conscience de l'essence d'un concept, d'une chose, d'une personne. Dans le cas d'un individu, on emploie le terme connaître pour évoquer quelqu'un dont on connait la vie et la personnalité de façon parcellaire. Mais en réalité, le fait de connaître réellement est celui de percevoir de manière claire et distincte l'âme d'un individu. Cependant, lorsque ce dit individu est nous même, la connaissance en sera différente. Connaître un individu autre que nous même, c'est donc en réalité un indice de proximité avec ce dernier. Cela revient donc à connaître ses intérêts, sa personnalité, son histoire. En conséquence, si l'on demande à l'avis général qui nous connaissont le mieux, nous répondrions probablement: nous-mêmes. Car nous avons déjà cette connaissance de notre personnalité, de notre vie dans son entièreté. Cependant, pouvons nous vraiment dire qu'il s'agit d'une connaissance? Il s'agirait plutôt de connaissance à titre informatif, et assez superficielle. Dans ce cas, la connaissance s'avère beaucoup plus ardue à conquérir. En considérant que nous avons un point de vue objective, il pourrait aussi paraître plus simple de connaître autrui. Est-ce légitime? Nous tenterons de répondre à cette question en distinguant la connaissance de nous-mêmes et la connaissance des autres de façon parallèle. Enfin nous établirons le lien concret qui existe entre ces deux connaissances.

 

A première vue, il peut paraitre assez aisé de connaître autrui. En effet, nous sommes constamment, ou presque, en contact avec les autres. En conséquence, nous pouvons penser que nous avons le recul nécessaire pour avoir un regard objectif sur l'autre, et donc plus complet. Par exemple, nous pouvons remarquer des choses dans leur comportement qu'eux-mêmes ne remarquent pas. Également, par le langage, nous le considérons comme un autre, comme un humain avec qui dialoguer et qu'on peut donc connaître. Cependant, il s'agit là d'une reconnaissance et non pas d'une connaissance. De plus, il est impossible qu'une personne extérieure à nous nous soit totalement transparente car nous ne sommes pas en elle. Avoir une vision externe est donc en apparence un atout par son objectivité, mais se révèle être insuffisante pour atteindre l'intimité profonde d'un individu. De plus, quand bien même nous aurions accès à une personne, il n'est pas garantit qu'elle ouvre son « cœur » à autrui. Pour certaines personnes, il est impossible de connaître leur véritable personnalité, et le mystère sera conservé quant à ce qu'elle est vraiment. Nous pouvons même dire que la société individualiste, qui modifie les tendances communes à s'ouvrir aux autres, est peut-être responsable de ce réflexe à rester distant et opaque. Au delà de cette théorie, il n'est pas rare que nous jouions un rôle, un masque en présence des autres, pour se protéger ou pour s'intégrer. Autant de barrières qui nous empêche de connaître autrui. Également, même en croyant connaître autrui, il ne s'agirait en réalité que d'une interprétation. En ramenant la connaissance à nous-même, il est donc impossible de savoir si notre interprétation est la bonne. Nous avons le désir de connaître autrui car il nous paraît évident que nous le connaissons. Cela est du au fait qu'il nous est semblable. Pourtant, ce qui est semblable à nous-même est identique tout en étant différent. C'est un alter ego qui ne peut se réduire à l'état d'objet. En le considérant comme une personne semblable et différente à la fois, il est d'autant plus compliqué de le connaître.

Enfin, nous pouvons en déduire que connaître autrui est probablement impossible, car c'est ce mystère, cette difficulté à connaître autrui qui le définit en tant que tel.

 

Cependant, notre relation à autrui et à nous même est très différente. Il existe cependant également des facilités et des difficultés dans le fait de connaître qui nous sommes.

Comme évoqué précédemment, se connaître soi-même peut paraitre plus facile car nous sommes constamment accompagné de nos pensées et de nos sentiments. Ayant la conscience de nous-même, nous pensons donc avoir la totale maitrise de ce que ce que nous sommes et d'en comprendre l'intégralité. Pourtant, la conscience est différente de la connaissance. La conscience nous permet d'avoir une perception de ce qui ne passe en nous et dans le monde, et d'en avoir un jugement moral. Pourtant, cela ne nous permet pas pour autant de connaître, mais uniquement d'en avoir l'image. De plus, il est d'autant plus difficile de savoir pourquoi nous sommes ainsi, car nous n'avons pas la vision extérieure qu'autrui peut nous procurer. En effet, de nombreuses personnes vont consulter des psychologues ou des psychanalystes pour tenter de connaître des choses en eux qui, avec leur vision, n'apparaissent pas clairement, ou de façon détournée ou altérée. Cela s'explique par l'inconscient. En considérant qu'une partie de notre esprit est profondément enfouie en nous et donc indéchiffrable, il est donc évident que nous ne pouvons pas, seuls, avoir une connaissance parfaite de nous-même. Comme l'évoquait Leibniz, l'analyse de nous-mêmes peut-être longue et douloureuse, ce qui prouve définitivement que certaines choses en nous sont inavouées, enfouies. En apparence il est donc facile de connaître qui nous sommes, mais cela est superficiel. Selon Hegel, la conscience de nous-même se crée dans l'inter-subjectivité. Autrement dit, notre conscience de nous-même est altéré par la conscience présente d'autrui. Ce que nous sommes est déterminé par autrui car il apporte un jugement. C'est avec la présence de ce jugement que nous pouvons déterminer ce que nous sommes, car il est une référence. Sans référence, nous ne pourrions pas connaître qui nous sommes. Enfin nous pouvons nous remorer les paroles de Socrate, « connais-toi toi-même. », autrement dit il est nécessaire de connaître qui nous sommes profondément, même sans en avoir toutes les capacités. La connaissance de soi-même est probablement plus fastidieuse que celle des autres car elle est nécessaire. De plus, c'est dans la lutte de prouver à autrui que nous possédons une conscience autonome de nous-même que se joue cette nécessité de se connaître.

 

 

Nous sommes amenés a un fait: il existe un lien évident entre notre connaissance de nous-même et la connaissance des autres. En effet, ils sont indispensables l'un à l'autre. Cela peut déjà s'exprimer par la parole de Bernanos « Les autres, hélas! C'est nous. », car en vérité, chaque individu rencontre ce problème de connaissance, ce qui revient au fait que ne ne pouvons pas distinguer de manière complète autrui et nous-même. De plus, autrui intervient indubitablement dans la connaissance de soi car nous sommes déterminés par la présence de la société dans nos vies: par nos familles, notre école, notre emploi. Cela influence la vision que nous avons de nous-même. C'est d'ailleurs pour cela qu'il est si difficile de connaître qui nous sommes. Il s'agit de notre identité, de notre essence au delà de notre identité parmi les autres. Le regard d'autrui ayant une incidence sur nous-même et inversement, la connaissance que nous avons de nous devient spontanément plus complexe, si l'on considère qu'en étant influencé, il ne s'agit pas vraiment de nous-même, mais d'une image, d'un rôle qu'on endosse. Sachant qu'autrui est aussi influencé par nous-même, il sera difficile de le connaître réellement au delà de l'image qu'il veut laisser paraitre, et croit même être. Nous pourrions même rajouter, comme précédemment évoqué, que notre conscience de nous-même passe par la conscience d'un autre. Cela signifie qu'au delà de cette distance, autrui est nécessaire afin de se connaître soi-même, et peut nous influencer dans le sens qu'il nous construit. Dans ce cas, nous pourrions connaître sans le savoir une part d'autrui, car nous l'aurions nous-même érigée lors de nos contacts.

 

 

En conclusion, il n'est ni plus facile de connaître autrui que de ne nous connaitre-nous-même. Ce sont deux connaissances différentes mais indissociables qui demandent chacune une réflexion profonde. L'objectivité et la subjectivité sont des facteurs qui n'apportent pas nécessairement de la facilité ou de la complexité à la chose. La vrai difficulté est celle de dissocier l'autre de soi-même afin de de se connaître, et par la suite avoir la capacité de connaître à son tour autrui. Au delà de leur facilité, ces deux connaissances se distinguent par leur nécessité. Se connaître soi-même est le but de chaque être, tandis que connaître l'autre n'est non seulement pas nécessaire, mais déconseillé car autrui, dans sa définition, demeure extérieur et donc indéchiffrable.

 

 

 

 

 

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