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Dissertation : Vous vous demanderez dans quelle mesure la poésie permet le dépassement d'une épreuve. Vous vous appuierez sur les textes du corpus, ceux que vous avez étudiés en classe, et sur vos lectures personnelles.

Publié le 18/09/2010

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De tout temps, les écrivains utilisent la poésie afin de transmettre un message, de communiquer leurs sentiments à travers un texte en vers, lequel est souvent beaucoup plus riche émotionnellement qu’un texte en prose.  En effet, la poésie est l’art de combiner les sonorités, les rythmes, les mots d’une langue afin d’évoquer des images, suggérer des sensations, des émotions.  Du sujet « vous vous demanderez dans quelle mesure la poésie permet le dépassement d’une épreuve « nous pouvons en tirer la problématique suivante : la poésie est-elle un moyen de fuir ou de se rapprocher de la réalité des épreuves de notre vie ? Nous nous proposerons donc pour commencer d’étudier en quoi la poésie permet de s’évader, puis nous analyserons en quoi elle peint et parle de la réalité, et enfin nous montrerons que la poésie transfigure la réalité en lui donnant plus de sens et plus de saveur.

 

Le plus souvent on dit que la poésie est  la représentation du beau ; mais en réalité, l’essence même de la poésie est sa capacité à exprimer les sentiments profonds du poète, que ceux-ci soient gais ou tristes. En effet grâce à sa structure, à ses sonorités, à son rythme, son champ lexical, le poème nous livre  presque l’âme du poète sur papier, car chaque mot utilisé est étudié à la perfection par l’auteur. Par exemple, dans la première partie de la poésie de Baudelaire, Chant D’Automne (extrait du recueil Les Fleurs Du Mal), le locuteur métaphorise l’angoisse, la souffrance et la mort par l’hiver, saison glaciale et monotone.

La poésie traduit aussi la volonté de l’auteur de se créer un univers à lui, un récit dans lequel il est le personnage principal, et de par là s’imaginer un monde qui n’existe pas vraiment. C’est une façon de se déconnecter de la réalité. A l’instar de la poésie Le Revenant de Baudelaire, dans laquelle règne une atmosphère de peur qui ne correspond pas à la réalité.

Les poésies sont souvent gorgées de figures de style, parfois même à tel point que l’ambiance découlant du poème devient presque irréelle. En effet, les figures de styles sont utilisées pour montrer visuellement ce que n’est pas visible autrement, c’est pourquoi l’usage abondant d’allégories ou de métaphores entraine une sensation de surnaturel. Nous pouvons observer cela dans la deuxième strophe du poème « Si je mourrais là-bas… «, surtout que le temps utilisé est du conditionnel, ce qui confirme la faible probabilité.La poésie est le moyen pour un écrivain de se créer un univers tout droit sorti de son esprit. Mais d’autres fois, la poésie devient le reflet d’une réalité vécue par l’auteur qui a besoin de se confier.

 

Chaque personne est confrontée à des épreuves durant sa vie, et les poètes ont la possibilité de livrer leurs émotions à leur plume sous la forme d’une poésie, car celle-ci peut peindre la réalité. C’est le cas des trois auteurs des œuvres de ce corpus qui doivent surmonter une mort, que ce soit la leur (poèmes d’Apollinaire et de Ronsard) ou celle d’un de leur proche (poème d’Hugo). Cette épreuve est universelle, elle est forcément vécue par tout le monde mais chaque écrivain, chaque personne a sa propre manière de la retranscrire.

Nous pouvons noter l’importance du champ lexical dans ces trois textes du corpus. En effet, même si le thème commun est la mort (son champ lexical est donc très présent), chacun des textes possède sa propre particularité de champ lexical. Ainsi, le poème « Si je mourrai là-bas… « renferme notamment de nombreux termes appartenant au champs lexical de la guerre (« front de l’armée (v1) ; un obus (v4) ; Baratier (v10) ; sang (v7)). De la même manière, on peut voir que le champ lexical de « Demain dès l’aube… « est le voyage et la solitude, et que dans « Je n’ai plus que les os… « le champ lexical de l’anatomie est très présent. Les champs lexicaux utilisés s’adaptent au message que l’auteur veut faire passer aux lecteurs.

On peut dire que la poésie est une forme de réalité car de toute façon, l’irréel n’est –il pas fabriqué à partir du réel ? Quoiqu’il en soit l’auteur ne peut écrire qu’avec les idées, les notions qu’il a dans la tête, et donc par conséquent ses douleurs, ses joies, ses peurs et ses envies  C’est une partie de lui-même que l’on retrouve dans ses écrits. Par exemple, Victor Hugo déplore sa fille dans le texte « Demain dès l’aube… «, de même La Martine pleure son aimée dans Le Lac. On ne peut en quelque sorte pas mentir avec la poésie.

 

La poésie semble s’appuyer sur la réalité afin de bâtir une œuvre aux contours presque extraordinaires. Ici, on peut penser que l’écriture permet d’aider les auteurs à surmonter leur peine en donnant un visage et un nom à leur malheur, et surtout en la considérant comme moins atroce. En effet, Guillaume Apollinaire tente d’appréhender une mort éventuelle et ainsi cela lui permet en quelque sorte de se rassurer. Pierre de Ronsard, lui, décrit son corps tel qu’il est à l’article de la mort : cela l’aide à se rendre compte de ce qui lui arrive et il relative sa mort. Pour Victor Hugo, qui lui doit faire face à l’absence et au manque de sa fille, son poème est le reflet de sa vie de tous les jours, il peut ainsi raconter à quelqu’un (ici son lecteur aussi bien que lui même) ce qui lui arrive.

Nous pouvons observer une opposition entre les textes D’Hugo et de Ronsard. En effet, dans le premier, il y un effet de chute à la fin, c'est-à-dire qu’au début nous pensons que le locuteur vous rejoindre son aimée, alors qu’en fait il va se rendre sur sa tombe. C’est un peu l’effet inverse qui est  produit dans le dernier poème, qui est en quelque sorte une « gradation inversée « : la première strophe est en effet quelque peu violente (il y décrit son corps presque sans vie) mais au fur et à mesure que le texte avance, le vocabulaire se fait moins brutal et la mort n’est plus présentée comme une fin mais comme un nouveau départ (« Je m’en vais le premier vous préparer le chemin «).

Le poème est aussi un moyen de faire de sa douleur une source d’inspiration, une matière malléable et déclinable à l’envi. De cette manière, le poète a l’impression de la contrôler et de pouvoir atténuer sa peine, jusqu’à parfois en tirer une sorte de plaisir dû à l’évacuation de son chagrin en une chose tactile et visible. Il a tous les pouvoirs sur sa plume : celui de raconter la stricte vérité et celui de la travestir comme bon lui semble, afin de coller au mieux avec ce qu’il ressent. L’auteur crée en quelque sorte un « réel arrangé «.

 

L’art de faire de la poésie ne prend jamais plus de sens que lorsque l’auteur y exprime les émotions et les sensations qu’il ressent lorsqu’il doit surmonter une épreuve. Au final, on peut dire que le poème peut soulager l’esprit des personnes qui en ressentent le besoin. Le poème n’est ni vraiment un moyen de fuir la réalité, ni une façon de se rapprocher au plus près de ce qu’il arrive au poète : elle révèle surtout l’agitation psychologique du locuteur et ses sentiments les plus profonds. A l’instar de la poésie, les chansons permettent d’évacuer le surplus d’émotions qui habitent une personne, d’autant plus que le chant est plus vivant plus dynamique que la poésie, et que l’on le partager plus facilement.

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