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dom juan

Publié le 27/02/2008

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juan

Acte V, scène 2

 Ton plan devrait rendre compte de l'avancée en profondeur dans les motivations de l'hypocrite.

Il y a chez Don Juan une prétention à vouloir être la mesure de toute chose y compris dans la loi morale. Don Juan ne veut d'autre règle que son bon vouloir, c'est lui qui prétend décider de ce qui est bien et mal.

· "Ils donnent hautement dans le panneau des grimaciers" : expression imagée (d'origine cynégétique ou militaire) qui veut dire être victime des pièges, des simagrées des hypocrites.

· "Et quelque baissement de tête, un soupir mortifié, et deux roulements d'yeux rajustent dans le monde tout ce qu'ils peuvent faire" : Don Juan décrit les attitudes extérieures de l'hypocrite qui imite le dévot, le signe de l'humilité, le signe de la contrition, le signe de l'élévation de l'esprit ou de la prière. Note également que "rajuster" et rhabiller" plus haut renvoient au champ sémantique de l'habit (déguisement).

Je te propose ce parcours :

Nous sommes proches du dénouement. Don Juan est pressé de toutes parts, il recourt à des expédients pour gagner du temps : il vient de recevoir son père et lui a joué la comédie en l'assurant de sa conversion. Il va toujours plus loin dans la justification de sa duplicité jusqu'à nous faire froid dans le dos.

1. l'hypocrisie

· Les avantages de la comédie sociale

· La force de l'art

· La puissance du fait religieux : métaphore du vêtement comme protection et déguisement

2. Le cynisme

3. l'inversion des valeurs ou Don Juan le manipulateur

· Le criminel s'érige en juge

· L’exploitation éhontée des faiblesses humaines

 

Introduction

Présentation de Molière et de Dom Juan

Situation du passage

Au début de l'acte V, Don Juan annonce à son père sa conversion et son repentir. Mais après son départ, il détrompe Sganarelle qui se réjouissait de l'attitude de son maître et fait l'éloge de l'hypocrisie qui lui permet d'être libertin en toute impunité.

Dans sa tirade Sganarelle s'indigne et cherche à prévenir son maître du châtiment qui l'attend. Son discours s'apparente à une leçon de morale mais sa tentative de démonstration est absurde et révèle le ridicule et l'ignorance du valet.

Axes de lecture

 

L'indignation du valet fidèle ;

 

Le discours moral ;

 

Une démonstration absurde qui traduit l'ignorance du valet.

I. L'indignation du valet fidèle

 

Le constat de l'immoralité de Don Juan suscite surprise et indignation de Sganarelle. L'exclamation initiale + interrogation. "hypocrite" est associé à des termes péjoratifs et à des tournures hyperboliques : "de tout point", "le comble des abominations".

 

Ce constat détermine Sganarelle à parler. Le champ lexical de le prise de parole : "parler", "décharge mon cœur", "je vous dise". L'expression de la nécessité : "je ne puis m'empêcher", "il faut que"," je dois".

 

Sganarelle accepte le risque qu'il y a à parler et à s'opposer à son maître. Le "valet fidèle" se sent investi du devoir de corriger l'immoralité de son maître quoiqu'il lui en coûte : gradation des impératifs : "faites... battez... assommez... tuez."

II. Le discours moral

"Sachez, Monsieur" introduit un discours à caractère didactique : une leçon de morale au ton sentencieux.

 

Une tirade apparemment structurée. Sa composition obéit à une logique formelle ; les premières lignes introduisent le raisonnement par un exposé des faits : le constat de l'immoralité.  Le corps du raisonnement, appuyé sur des exemples donne les raisons de changer d'attitude. Le "par conséquent" souligne l'aboutissement avec l'indication menaçante du châtiment.

 

Les procédés d'écriture propres au discours. Un discours à tonalité morale : encadré par "ciel" et "diables" + un champ lexical à connotation morale. Une suite de maximes : des phrase brèves, minimales à la structure simple (S+V+Compl. ou attribut) ; les noms sont déterminés par des déterminants définis au pluriel ou au singulier à valeur généralisatrice ; les verbes au présent de vérité générale.

III. Une démonstration absurde qui traduit l'ignorance du valet

 

Une structure incohérente. - Hypertrophie de la partie centrale du "raisonnement". - Une suite de propositions juxtaposées (parataxe) ; aucun lien logique ; de simples reprise lexicales : le dernier mot de chaque maxime est repris au début de la suivante. - Le "par conséquent" ne repose sur aucune donnée logique.

 

Le contenu des maximes, révélateur de l'absurdité du raisonnement. - Certaines font référence à la sagesse populaire : de vrais proverbes mais pas toujours en rapport avec la situation. - Des "maximes" sans aucun contenu moral. - Des évidences, des truismes. Un discours où le raisonnement est inexistant : Sganarelle est emporté par une sorte de mécanique, d'où le comique.

 

Un discours révélateur du personnage de Sganarelle. Le valet qui se veut fidèle est : Ridicule : l'affirmation de sa fidélité est excessive : cf. hyperboles "assommez-moi", "tuez-moi" Ignorant : il prend un ton sentencieux pour débiter des inepties. Incapable de mettre en forme une pensée logique, structurée. Avoue naïvement son ignorance en voulant s'appuyer sur un argument d'autorité : "cet auteur que je ne connais pas." Sganarelle singe le discours d'un homme cultivé. Sganarelle : figure inversée du penseur. Il cherche à inverser le rapport maître /serviteur en s'érigeant en donneur de leçons mais l'inversion débouche sur le comique. Un personnage ambigu : Molière fait de Sganarelle le défenseur ridicule de valeurs que Don Juan rejette.

Conclusion

Le personnage du valet ou de la servante donneurs de leçons est fréquent chez Molière : par exemple Dorine dans Tartuffe, ou Toinette dans le Malade Imaginaire.

Sganarelle est un exemple original : il se pose en donneur de leçons mais il est incapable de construire un raisonnement cohérent. Figure inversée du penseur, il donne une vision ridicule de la morale qu'il veut défendre et que Don Juan refuse.

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