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eidétique et idée - philosophie.

Publié le 08/05/2013

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eidétique et idée - philosophie. 1 PRÉSENTATION eidétique et idée, mots (utilisés sous la forme substantive ou adjective) introduits dans la langue philosophique par Edmund Husserl, fondateur de la phénoménologie, dans le tome II des Recherches logiques. 2 EIDOS ET ESSENCE L'origine en est le terme grec eidos, qui signifie « forme «, et qui a été en général traduit par « idée « : l'eidos désigne tout d'abord, chez les présocratiques, la forme visible d'un corps ; mais chez Platon s'opère un changement de sens : l'eidos est le caractère commun à plusieurs choses particulières, qui ne se donne plus à la vue sensible mais à l'intuition intellectuelle. L'interrogation philosophique porte donc désormais, avec lui, sur l' eidos d'un objet, non plus, par exemple, sur les multiples vertus mais sur ce « caractère commun, qui fait qu'elles sont des vertus « (Ménon, 72c). L'eidos, c'est donc l'essence d'une chose, qui existe séparément de ses incarnations singulières, d'après Platon (République, VI, 508c). 3 EIDÉTIQUE : LA SCIENCE DES « PHÉNOMÈNES PURS « En ce sens, l'eidétique, telle que la définit Husserl dans les Recherches logiques, sera la science des essences, qui ne porte pas sur l'objet particulier (par exemple, ce son, que j'entends ici et maintenant) mais sur l'objet en général (le son en tant que son). Cet eidos est chez Husserl, « bien séparé des choses, comme chez Platon, mais dépourvu de réalité «, comme le souligne Jan Patocka (Introduction à la phénoménologie de Husserl). Il n'est qu'un objet de pensée ou encore ce que Husserl appellera un « noème «. 4 EIDÉTIQUE FORMELLE ET EIDÉTIQUE MATÉRIELLE Une eidétique est dans cette perspective une science portant non sur les objets réels ou les faits empiriques mais sur les « phénomènes purs «, non par exemple sur le phénomène psychologique de la conscience, qui est un donné de fait, mais sur l'essence de la conscience, c'est-à-dire ce qui la caractérise fondamentalement, abstraction faite de son existence. L'eidétique suppose dans cette perspective une « mise entre parenthèses « (ou épochè) de notre attitude spontanée, qui pose l'existence de l'objet, afin que nous n'en gardions que les déterminations constitutives. Il faut cependant bien distinguer plusieurs sciences eidétiques, comme le fait Husserl dans le tome I de ses Idées directrices pour une phénoménologie : l'eidétique formelle porte sur l'essence de tout fait, elle détermine les lois de l'objectivité en général (logique formelle, arithmétique, analyse, théorie de la multiplicité) dont dépendent toutes les sciences factuelles ; l'eidétique matérielle comprend quant à elle les eidétiques régionales ( Idées directrices, I, § 8) : toute existence concrète s'intègre en effet dans une région, c'est-à-dire un certain genre matériel. Par exemple, l'essence « perception « s'intègre dans la région « conscience « : une eidétique matérielle s'attachera alors à dégager les lois d'essence de chacune des régions, par exemple les lois de la région « conscience «, en les distinguant des lois qui caractérisent les autres régions, comme la région nature, ce que ne peut faire la psychologie qui en tant que telle a tendance à réduire les phénomènes de conscience à des phénomènes de nature. 5 L'INTUITION EIDÉTIQUE Les méthodes pour accéder à l'eidos d'une chose sont, respectivement, l'intuition eidétique (ou « intuition des essences «) ou la variation eidétique, dite encore variation imaginaire. L'intuition eidétique est l'acte de vision directe et non médiée par l'entendement, qui porte sur la structure fondamentale de l'objet, une fois pratiquée l'épochè : cette intuition des essences est donc à ce titre un « voir donateur originel « (Idées directrices, I, § 136), dont le caractère est l'évidence. Loin d'être un processus d'abstraction d'une idéalité à partir de ses exemplifications singulières, elle est un rapport immédiat avec la généralité, qui est analogue à la perception sensible. 6 LA VARIATION ÉIDÉTIQUE Quant à la variation eidétique, elle met en jeu l'imagination : en effet, si l'on veut accéder à l'eidos d'un objet quelconque (par exemple, une couleur), on peut faire varier par l'imagination cet objet et les différents aspects qu'il présente jusqu'à leur totale disparition -- l'eidos sera ce qui reste invariant. Ainsi, si l'on peut faire varier indéfiniment les nuances d'une couleur, ce qui reste invariant, c'est qu'elle est étendue -- car sans espace, la couleur n'a plus lieu d'être ni de lieu pour être : la couleur suppose donc l'espace, autrement dit l'étendue est une partie intégrante de l'eidos « couleur «. L'imagination en tant qu'elle permet de distinguer l'invariant, c'est-à-dire l'essentiel, de l'accessoire, acquiert une importance certaine comme méthode des sciences eidétiques : « l'imagination démultiplie la fonction de l'exemple et révèle par ses libres variations la vraie résistance de l'essence et sa non contingence «, comme le commente Ricoeur. Une eidétique, matérielle ou formelle, a par conséquent cette caractéristique fondamentale d'être une science qui ne se pose pas en rapport d'imitation avec les sciences exactes : elle est une science descriptive, qui n'explique pas mais décrit des essences ; elle est une science qui ne porte pas sur la facticité, mais est condition nécessaire de toute science factuelle ; et enfin, elle est une science qui n'utilise pas l'entendement mais l'intuition et l'imagination. En ce sens, la phénoménologie, en tant qu'étude des phénomènes de la conscience, est bien une science eidétique, celle qui étudie la région « conscience « et ses différents modes de visée de la réalité. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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