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PLACE ET ROLE DE L'IDÉE DE DIEU DANS LA PHILOSOPHIE

Publié le 01/04/2012

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dieu

A - Religion et philosophie.

a) Le point de vue religieux.

Qu' il s'agisse des croyances primitives en des forces magiques, des constructions mythologiques plus ou moins touffues aboutissant à des panthéons dans le genre de ceux des Égyptiens ou des Grecs, ou du monothéisme nationaliste tel qu' il semble avoir été instauré - d'une façon éphémère - par le pharaon Aménophis IV au XIVe siècle avant J.-C. (ce qu'on a appelé l'atonisme), ou tel qu'il a été initialement chez les Hébreux (Iahveh, chef national puis, à partir des Prophètes, Dieu de Justice), dans tous les cas, l'attitude religieuse est un effort pour rendre compte du monde et de la situation de l'homme dans ce monde....

dieu

« 123.1 - PLACE ET ROLE DE L'IDÉE DE DIEU DANS LA PHILOSOPHIE Fête de l'Être suprême.

le 20 prairial an Il (8 juin 1794).

L'l:tre suprême.

dont le culte avait été institué par Robespierre.

est un produit du déisme des rr philosophes JJ du XVI/le siècle; cette conception à mi-chemin entre la métaphysique et le bazar ressemble plus à un rr opium JJ du peuple qu'il fallait endormir pour établir un rr ordre nouveau JJ, qu'à une notion philosophique.

divin inférieur à celui du Vivant-en-soi; les yeux fixés sur le Monde des Idées, sur le Modèle, ce divin Ouvrier copie le Vivant-en -soi et crée le monde visible; la création par ce Démiurge comprend les astres «vivants immortels», dont la sphéricité, le mou­ vement régulier sans fin en font des images particu­ lièrement réussies des Idées : ces astres sont autant de dieux subalternes qu'il ne faut pas confondre avec ceux des mythologies populaires, faux dieux nés de l'imagination déréglée des hommes et que Platon n'ose cependant pas condamner formellement (son maître, Socrate, n'a-t-il pas bu la ciguë à cause de son « im­ piété )) ?).

• Le Dieu d'Aristote.

Rappelons que pour Aristote être en acte signifie être complètement réalisé, alors qu'être en puissance a le sens de ce qui peut être, mais n'est pas encore (voir 111.3); le monde est conçu par lui comme un immense emboîtement d'êtres en acte et en puissance : les parties identiques qui , groupées, forment un bloc d'airain, sont ce bloc en puissance; le bloc en acte, c'est-à-dire réalisé, est une statue en puissance ; la statue en acte est à son tour la décoration du temple en puissance.

et ainsi de suite , chaque réalité étant un mélange d'acte et de puis­ sance : acte par rapport à la réalité inférieure, puissance par rapport à la réalité supérieure.

Or toute chose réelle est mouvante : mouvements de la pierre qui tombe ou du feu qui monte, du ciel qui tourne, avec les étoiles, autour de notre tête, des êtres vivants; tous ces mouve­ ments ont chacun un moteur (puisque dans le mouve ­ ment le mobile est la puissance, tandis que l'acte en est le moteur) : c 'est la « nature » qui fait tomber la pierre , l' « âme » qui fait courir l'animal, le « moteur du ciel » qui le fait tourner.

Ce moteur céleste est particulièrement efficace : il doit être immuable, indi­ visible, éternel, il est toujours en acte (sinon le mouve­ ment régulier des astres cesserait); il ne possède donc aucune virtualité, aucune potentialité : c'est un acte pur.

Le Dieu acte pur d'Aristote, Premier Moteur de la réalité, n'est pas un démiurge qui met du mouvement dans le monde; ce serait lui enlever un peu de sa pureté; c'est un Dieu qui meut le monde en étant hors du monde .

Le ciel immobile se meut pour imiter sa perfection : « Dieu meut le ciel comme l'aimé meut son amant », écrit Aristote dans la Métaphysique (livre A, 7 , 1072 b).

Cet acte pur, qui ne possède rien de matériel, est une pensée qui est à elle-même sa propre condition ; à la limite, elle ne peut même pas être connue de l'homme .

A ce monothéisme philosophique se superpose, chez Aristote, une concession au polythéisme.

Dieu acte pur est la cause de l'unité du monde, mais les mouvements particuliers sont produits par des moteurs subalternes, qui sont autant de « dieux » et dont l'action a été réglée par le Premier Moteur.

• Point de vue moral.

Ni chez l'un , ni chez l'autre des deux grands penseurs antiques on ne trouve l'idée d'un Dieu -Pr ovidenGe s'intéressant au devenir cie l'univers et à la situation de l'homme.

Ce point de vue moral n'apparaît guère, dans la philosophie grecque, que chez les stoïciens : Dieu est ici, « le père des hommes ».

le « chef de la nature », c'est un être providentiel dont l'homme est un « fragment » (Marc Aurèle).

Ce thème rejoint celui du Dieu d'Amour des chrétiens; mais il faudrait se garder de confondre les deux théologies : il y a, chez les stoïciens, un certain panthéisme (voir ci-dessous) qui ne peut en aucune façon s'accorder avec les vues du christianisme.

b) Théisme, déisme et panthéisme.

• On appelle théisme toute doctrine qui consi­ dère Dieu non pas comme un principe explicateur de l'univers, mais comme un être personnel.

C'est le cas des conceptions religieuses et des doctrines philoso­ phiques qui tentent de s'accord!'H avec la pensée judéo­ chrétienne.

Les attributs de Dieu, pour le théisme issu de la Bible , sont de deux ordres : -Attributs métaphysiques : Dieu est infini , principe de toute existence, immuable, éternel, tout­ puissant et tout -connaissant , c'est l'être parfait.

- Attributs moraux : en tant que Providence il dirige le monde en vue du bien; il est le Juge suprême des actes de l'homme, dont il détermine la vie future.

• Le panthéisme tourne le dos à cette concep­ tion qui fait du monde la «chose» de Dieu.

Selon cette doctrine , il n'y a pas de différence entre Dieu et le monde , car ce dernier n'e st que l'expression de Dieu, conçu comme la Réalité en soi.

A l'idée d'une personne se substitue celle d'une substance (Spinoza), unique, infinie , et dont le monde sensible est un des multiples attributs .

Le panthéisme se rencontre sous une forme élémentaire chez les stoïciens (Dieu est l'âme du monde) , mais c'est le spinozisme qui en est la forme la plus achevée (voir 193.1) ; la doctrine du philosophe allemand Hegel (voir 194.2) est aussi, en un certain sens, un panthéisme.

• Le déisme.

Ce terme désigne - d'une façon d'ailleurs confuse - toute doctrine qui suppose l'existence d'un Dieu (à titre d'être personnel ou à titre de principe explicateur), sans y ajouter aucun souci de dogmes ou de pratiques religieuses .

On qualifie souvent de déistes certains penseurs du XVIIIe siècle (comme Voltaire) qui admettaient l'idée vague d'un Dieu créateur et organisateur de l'univers, sans s'intégrer à un système philosophique rigoureux.

Le déisme est une forme dégradée du théisme.

• L'athéisme.

Ce mot a généralement été utilisé en un sens péjoratif : les « athées » ont souvent été pris pour des individus dont la conduite - en général matérialiste - était blâmable .

En fait, l'athéisme tradi­ tionnel consiste simplement à nier l'existence de Dieu , c'est-à-dire qu'il se refuse à dépasser le plan de l'expli­ cation scientifique de l'univers.

Dans la pensée contemporaine, est dite athée toute philosophie qui cherche à expliquer les valeurs {l'art, la science, la religion) par l'homme lui-même .

C'est par exemple la position de Nietszche (voir194.1) quand il s'écrie :«Dieu est mort!» ou celle de l'existentialisme athée (voir 195.2, C).

26 123.2- LES PREUVES DE L'EXISTENCE DE DIEU.

A - Généralités.

a) Portée de ces preuves.

Les théologiens scolastiques, dans leur effort pour montrer que philosophie et religion {chrétienne) pouvaient coexister , ont élaboré des raisonnements formels dont la conclusion était : « Dieu existe ».

Les penseurs modernes, Descartes en tête, ont repris certains de ces arguments qui paraissent , au premier abord , artificiels et, en les replaçant dans un mouvement général de pensée , leur ont donné une portée nouvelle.

Autrement dit, il importe de distinguer la lettre et l' esprit des preuves de l'existence de Dieu .

Prises .

littéralement, elles ne sont que des sophismes, comme ~ l'a montré Kant (qui a, précisément , commis l'erreur o..

d'interpréter Descartes à la lettre); comprises dans le cadre général d'une dialectique, elles sont l'expression de cette intuition fondamentale que la pensée est soutenue par l'être.

Il est impossible, en effet, depuis Descartes, de fonder une réflexion philosophique sur autre chose que sur le Je pense; qu'on interprète cette affirmation comme la position de ma propre conscience , étonnée par le monde, ou comm e la manifestation particulière d'une réalité générale qui serait l'Esprit, on ne peut pas ne pas en partir .

Or cette pensée a besoin d'être prise en elle-même, elle flotte dans un univers de virtualités : il lui faut quelque chose sur quoi elle se fonde, qui en soit à la fois la cause et la raison.

Ce « quelque chose », on l'a nommé Dieu, l'Esprit.

la Substance, l'Être, etc.; prouver l'existence de« Dieu», c'est, en dernière analyse, faire reposer la pensée sur l'être.

b) Classification des preuves de l'existence de Dieu.

Nous exposerons plus loin la lettre, l'aspect formel des arguments auxquels ont fait allusion ou qu'ont développés tous les philosophes ; ils peuvent se répartir ainsi : Arguments fondés sur l'existence du monde (a posteriori).

Arguments ne re­ posant pas sur l'existence du monde (a priori).

Preuve cosmologique ou a contin- gencia mundi .

(Dieu cause du monde et de moi).

Preuve téléologique (Dieu cause de l'organisation finaliste du monde).

Preuve par l'idée de parfait (Dieu cause de son idée) .

Preuve ontologique (Dieu cause de soi).

B -L es preuves a posteriori.

a) Argument cosmologique.

Il est fondé sur le principe de causalité : le monde ne possède, en lui -même, aucune raison d'exister ; il faut donc supposer une cause à l'univers .

Si cette cause était de même nature que l'univers, il faudrait lui supposer.

à son tour, une cause ; et ainsi de suite.

Mais , déclare Aristote, il faut bien s'arrêter à une cause qui n'est causée par aucune autre, à une cause première nécessaire.

Kant a prétendu que l'argument cosmologique contenait toute une « nichée de sophismes »; il a critiqué l'ossature logique de cette preuve dans la partie de la Critique intitulée Théologie rationnelle .

b) Argument téléologique.

C'est l'argument qui prend pour base l'ordre du monde :il règne.

dans la nature.

une apparente finalité; l'adaptation des êtres vivants à leur milieu, une certaine harmonie générale ne peut s'expliquer- pensait-on - que par une intelligence suprême qui aurait organisé le monde en vue de certaines fins.

Cette attitude finaliste, condamnée avec rigueur par la philosophie, depuis Descartes notamment, est surtout le fait de penseurs « non techniciens » qui en tirent des développements littéraires (Voltaire, par exemple).

C - Les preuves a priori.

Il s'agit de l'argument ontologique et de l'argument par l'idée de parfait.

Ces deux preuves sont inséparables de la dialectique cartésienne et seront étudiées en Histoire de la philosophie (voir 193.1, B).. »

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