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Electre De Giraudoux - Acte II Scène 9

Publié le 20/01/2011

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giraudoux

Probl : Comment se traduit dans ce dénouement la nouvelle interprétation que donne G. du mythe?

 

I) La temporalité narrative

 

Giraudoux reprend la tradition du récit final, mais lui confère un rythme original.

 

La syntaxe marque la progression du récit

Ex "Alors voici la fin" 3423 "Alors il lutta" 45 "Alors il ne résista plus" 53

Pr : anaphore de l'adverbe alors

C : marque la succession des étapes et des actions d'Egisthe

 

Ex : "Et" en tête de phrase (3428,31, 35, 38,39,41,42,56)

Pr : sens de la Conjonction et

C : souligne l'accumulation des circonstances défavorables. souvent inventées par Giraudoux

 

L'emploi des temps confère au récit un rythme particulier

a) le passé simple marque les étapes importantes

Ex "Délièrent...Précipita" 24 "entendit crier" 30 "lutta"45 "ne résista" 53

Pr : valeur du temps : succession d'action délimitées dans le temps ,(pas nécessairement brèves)

C souligne l'arrivée d'Oreste, le meurtre de Clytemnestre, le combat et l'agonie d'Egisthe (éléments invariables du mythe)

 

b) Mais le temps le plus employé est l'imparfait (souvent employé alors que le passé simple était possible)

Ex : "disait" 29 "une bête qui criait" 31 "elle n'appelait pas Electre" 35 "Elle se cramponnait" 38 "Cet oiseau qui le giflait" 44 (voir texte de Larthomas, p. 166)

Pr valeurs de l'imparfait : actions non délimitées, état, description, répétition.

C l'imparfait fige les actions comme dans un tableau et souligne les détails inventés par Giraudoux

 

C) le passé composé ( temps du discours)

Ex "Il n'y est pas parvenu" 57, "il est mort" 59 etc...

Pr : valeur du temps : accompli du présent

C marque l'irréversibilité des faits évoqués

 

d) Présent et futur renvoient au moment de l'énonciation

Ex "J'ai raconté trop vite, il me rattrape" 62 Pr : paradoxe

C il faut sous-entendre j'ai raconté trop vite,[je l'ai dépassé] il me rattrape. Ce paradoxe souligne le décalage entre le récit déjà connu du spectateur et l'action en coulisses qui le reproduit. D'autre part, il indique la lenteur des faits.

 

Concluion partielle: 

Giraudoux par un clin d'oeil ironique montre qu'il a conscience de raconter une action écrite " pour l'éternité ".

Mais il l'interprète à sa manière en soulignant par l'emploi de l'imparfait les attitudes (inventées) de ses personnages. De plus, le mendiant qui récite a sur l'action un point de vue tout à fait nouveau.

 

II) Le rôle du récitant

 

Le rôle du récitant est important dans cette scène. Dans la tragédie classique, le choeur ou un témoin racontent des faits de manière neutre. Dans Electre, le mendiant Prend parti et oriente le jugement du spectateur

 

Le mendiant est omniscient

a) il connaît le passé et l'avenir

Ex : "Il ne toucha [...] ne la touchera jamais plus" 3425

Pr : temps du verbe toucher

C raconte comme un oracle, un dieu ou ...un metteur en scène

 

b) Il connaît les sentiments des personnages

Ex "Egisthe désespéré" 3446 "Or. avait l'impression" 3437

Pr vocabulaire des sentiments

C Il connaît l'intimité de chacun, surtout celle d' Egisthe

 

Ex de la ligne 3440 à la ligne 3457, il adopte le point de vue d'Egisthe dont il explique la détresse

Pr : succession de subordonnées

C marquent la réflexion du héros de ce dénouement

 

Il juge les personnages

Ex :[Oreste] "il a eu tort" 3426 [Clytemnestre] " elle avait raison " Pr. périphrases verbales

C marquent la condamnation des pers. au nom du destin

 

Il est parfois ironique

"une mère, même indigne" 3435 ; "C'était sa seule chance de se tenir un peu debout" 3440 "avec colliers et pendentifs " 3446

Pr. : étude des modalisateurs et des détails vestimentaires faisant allusion à l'infidélité de Clytemnestre.

C ironie surtout envers Ce personnage cible du mendiant et de Giraudoux. Pourquoi Giraudoux s'acharne-t-il contre ce personnage? Mystère intéressant...

 

Concluison partielle 

 

Le jugement du mendiant rejoint celui de l'écrivain qui distribue à sa manière les rôles : Oreste n'est plus le héros, mais l'envoyé aveugle du destin. Clytemnestre est dévalorisée alors qu' Egisthe sort grandi de Cette scène. De plus, le Crime déjà perçu Comme un sacrilège par les anciens devient chez Giraudoux un sacrifice d'innocents.

III UN DENOUEMENT TRAGIQUE

 

Chez Giraudoux, le tragique ne résulte pas seulement du caractère atroce du matricide. D'autres éléments interviennent . En effet, le dramaturge s'attache à éveiller Chez le spectateur l'idée de la pureté par le spectacle de la cruauté (Cf lamento du jardinier)

 

1 l'insistance sur des détails précis

Ex Oreste "frappe au hasard" 33, Cly "était trop lourde " 42 "Cet oiseau" 44 "le lacet de la cuirasse" 51

Pr didascalies indirectes à valeur symbolique

C Par Ces ajouts au mythe originel, le meurtre apparaît comme un concours de circonstances défavorables (fatalité) plus que comme un acte libre.

 

2 le réalisme atroce

Ex "il entendit crier dans son ...Son fils la saignait" 3431

"sa main que l'épée découpait peu à peu" 3451

Pr. Vocabulaire et répétitions avec variations

C vision du crime évolue : au départ, un sacrifice d'animal aux dieux , à la fin un sacrilège, le meurtre d'une innocente. Prise de conscience semblable chez Euripide : les meurtriers découvrent le sens de l'acte en l'accomplissant. Giraudoux veut montrer d'abord concrètement l'atrocité du meurtre avant d'analyser l'absurdité

 

3 Une situation pathétique

Ex : "Elle n'appelait ni .... mère innocente qu'il tuait" 35-38

Pr. : répétition, choix de l'adjectif et du point de vue du fils

C Giraudoux veut éveiller non seulement la pitié (Comme le conseille Aristote, mais la sympathie pour cette mère qui a encore une fille jeune.

Ex " Du seul bras gauche sans arme ... parricide" 3445-50

Pr. antithèses

les antithèses soulignent le renversement de situation et montrent en Egisthe un être désarmé et touchant. (voir tirade sur la haine " j'avais pitié de ce Egisthe")

Dans les deux exemples, l'accent est mis sur l'innocence , et à Propos d'Egisthe sur ce qui est " pur et sacré " : le sacrilège n'est plus de tuer la mère, mais le roi déclaré.

Ex le cri final d'Egisthe est un cri d'amour (Cf. cri de Cly)

Pr. comparaison de ces deux cris : celui d'Eg, on l'entend !

C encore un ajout de Giraudoux qui veut montrer dans la tragédie une " entreprise d'amour " 1786

 

CONCLUSION 

 

Aristote, dans sa Poétique , montre que le tragique tient à Ce que les héros sont condamnés non pas à cause de leur caractère pervers, mais à cause d'une erreur grave qu'ils ont commise. En ce sens , le dénouement d'Electre est bien tragique. Cependant l'auteur français a Changé le héros du mythe : Chez Giraudoux C'est Egisthe qui éveille la pitié du spectateur. Giraudoux oriente donc l'interprétation du mythe.

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