émanation - philosophie.

émanation - philosophie. émanation (du latin emanare, « s'écouler de «), en philosophie et théologie, écoulement du principe transcendantalement divin qui est tenu pour l'origine de l'Univers. Le terme « émanation « fut d'abord employé par les philosophes présocratiques pour caractériser les phénomènes d'échanges thermiques, notamment météorologiques, qui sont à la base des cosmologies présocratiques (Héraclite). Les théories de la perception des matérialistes de l'Antiquité font également appel au concept d'émanation : Démocrite et Lucrèce parlent de l'émanation de particules qui se détachent des objets pour venir frapper les sens. Puis l'émanation fut évoquée pour décrire la procréation divine dans les ouvrages juifs hellénistiques des IIe et Ier siècles av. J.-C., en particulier la Sagesse de Salomon dans les Apocryphes. Ainsi, le Livre de la sagesse (VII, 25) affirme : « La sagesse est une émanation de la puissance de Dieu, une pure irradiation de la gloire du Tout-Puissant. « Le philosophe d'Alexandrie, Philon le Juif employa de façon non systématique le concept d'émanation dans sa spéculation cosmologique, version du platonisme influencé par le pythagorisme. Les tenants du gnosticisme et du néoplatonisme employèrent de façon systématique le concept d'émanation dans l'explication des origines de l'Univers. Dans les oeuvres des gnostiques, le processus est interprété comme l'écoulement de la surabondante grandeur de la déité suprême. Dans la succession des émanations, tels que l'Esprit, le Verbe et la Sagesse, l'essence divine va diminuant. Dans la plupart des cosmologies gnostiques, la dernière émanation, la Sagesse, tend à accomplir sa propre création. L'émanation inférieure, un démiurge, est l'ultime responsable de la création du monde matériel, qui prend au piège l'essence divine de l'humanité. Cet esprit pris au piège (pneuma) doit alors être rappelé et racheté par l'ordre divin supérieur. Sous l'influence d'oeuvres néoplatoniciennes, des théories émanationnistes furent élaborées par des philosophes chrétiens, musulmans et juifs médiévaux. Les théologies chrétiennes et juives orthodoxes mirent cependant l'accent sur la distinction entre les sphères divine et terrestre dans le processus de création, par opposition au processus d'émanation. La notion d'émanation est centrale chez les penseurs musulmans de l'Orient, qui la conçoivent comme un moyen par lequel Dieu créa le monde. Enfin on retrouve le même concept chez le philosophe rationaliste Leibniz, qui affirme dans le Discours de métaphysique (1686) que « les substances créées dépendent de Dieu [...] qui les produit continuellement par une manière d'émanation, comme nous produisons nos pensées «. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.