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Émile Zola, L'Assommoir

Publié le 03/10/2010

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Émile Zola, L'Assommoir L'alambic, avec ses récipients de forme étrange, ses enroulements sans fin de tuyaux, gardait une mine sombre ; pas une fumée ne s'échappait ; à peine entendait-on un souffle intérieur, un ronflement souterrain ; c'était comme une besogne de nuit faite en plein jour, par un travailleur morne, puissant et muet. Cependant, Mes-Bottes, accompagné de ses deux camarades, était venu s'accouder sur la barrière, en attendant qu'un coin du comptoir fût libre. Il avait un rire de poulie mal graissée, hochant la tête, les yeux attendris, fixés sur la machine à soûler. Tonnerre de Dieu ! elle était bien gentille ! Il y avait, dans ce gros bedon de cuivre, de quoi se tenir le gosier au frais pendant huit jours. Lui, aurait voulu qu'on lui soudât le bout du serpentin entre les dents, pour sentir le vitriol encore chaud, l'emplir, lui descendre jusqu'aux talons, toujours, toujours, comme un petit ruisseau. Dame ! il ne se serait plus dérangé, ça aurait joliment remplacé les dés à coudre de ce roussin de père Colombe ! Et les camarades ricanaient, disaient que cet animal de Mes-Bottes avait un fichu grelot, tout de même. L'alambic, sourdement, sans une flamme, sans une gaieté dans les reflets éteints de ses cuivres, continuait, laissait couler sa sueur d'alcool, pareil à une source lente et entêtée, qui à la longue devait envahir la salle, se répandre sur les boulevards extérieurs, inonder le trou immense de Paris. Alors, Gervaise, prise d'un frisson, recula ; et elle tâchait de sourire, en murmurant : - C'est bête, ça me fait froid, cette machine ? la boisson me fait froid ? Puis, revenant sur l'idée qu'elle caressait d'un bonheur parfait : - Hein ? n'est-ce pas ? ça vaudrait bien mieux : travailler, manger du pain, avoir un trou à soi, élever ses enfants, mourir dans son lit ? - Et ne pas être battue, ajouta Coupeau gaiement. Mais je ne vous battrais pas, moi, si vous vouliez, madame Gervaise ? Il n'y a pas de crainte, je ne bois jamais, puis je vous aime trop

Nana, Germinal, la Curée, l'Argent, le Ventre de Paris, la Terre, la Bête humaine, chacun de ces volumes décrit un pan de la société : le monde de la finance, les ouvriers, le monde rural, les chemins de fer, etc.

A chaque fois, Zola prépare son travail par une enquête sociologique scrupuleuse. L'ensemble de ce cycle se veut l'illustration de sa doctrine naturaliste : chaque être est selon lui déterminé par les circonstances et l'influence de son milieu. Aussi le roman devra-t-il retracer, quitte à être vulgaire, l'ensemble des conditions matérielles dans lesquelles évoluent les personnages.

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