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Etre Heureux Est-Ce Se Sentir Heureux ?

Publié le 05/12/2010

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La plupart des hommes veulent communément être heureux. En effet, le bonheur tient une place importante dans la vie des hommes. On pourrait même se demander si le bonheur n’est pas le but de l’existence humaine. Cependant le bonheur est-il synonyme d’être heureux? Le bonheur semble correspondre à un idéal, un concept de la raison, qui se fixe dans l’esprit de l’homme come un but inatteignable mais vers lequel il faut tendre. A l’inverse, être heureux semble correspondre à un état, passager ou durable qui ne serait pas seulement de l’ordre de l’idéal mais qui serait une réalité perceptible. Mais s’il s’agit d’une réalité perceptible, cela amène à se demander si le fait d’être heureux passe par les sensation. Il semble y avoir une certaine contradiction entre le fait d’être heureux et celui de se sentir heureux. En effet, être c’est avoir conscience de soi, à la fois par les perceptions et la pensée; c’est un équilibre entre le spirituel et le sensible. Au contraire, la fait de sentir renvoie au sens, à la sensualité; ce n’est pas une caractéristique spécifiquement humaine qui renvoie à l’esprit. Les sensations sont diverses et éphémères, elles fluctuent. 

Peut-on alors véritablement se sentir heureux? La fait d’être heureux est-il de l’ordre du perceptible, du sensible, renvoie-il à une réalité spirituelle ou bien à un idéal purement abstrait ? 

Tout d’abord, nous allons nous interroger sur le rapport entre les sensations et le fait d’être heureux; à quoi correspond le fait d’être heureux, peut-on lui trouver une définition; comment l’homme peut-il être heureux? 

Ensuite, nous essayerons de concevoir le fait d’être heureux comme un état; l’homme est heureux; il s’agit donc de s’interroger sur la signification d’être pour définir ce qu’est être heureux. 

Enfin, nous tenterons de soutenir qu’être heureux correspond à une manière de vivre, à une vision de l’existence humaine centrée sur la réflexion et la raison, ainsi que sur la volonté.

 

On pourrait tout d’abord penser qu’être heureux correspond à se sentir heureux.  Il s’agit de tenter une définition de ce qu’est être heureux. En effet, il semblerait qu’à partir d’une définition, nous pourrions arriver à trouver de quelle manière l’homme peut-il être ou encore se rendre heureux.

Si l’on considère qu’être heureux équivaut à se sentir heureux, cela appartient à l’ordre des sens, parce que reposant sur les perceptions et les sensations. On parle donc d’un état passager, puisqu’il s’agit de sensations  immédiates et éphémères, qui changent sans cesse. De fait, être heureux ne se conçoit alors que dans le présent, on ne peut pas l’anticiper puisque qu‘il ne dépend pas d‘une réalité spirituelle mais uniquement perceptible.  

Or, cela nous amène à penser qu’être heureux correspond au bonheur, qui n’est pas un concept purement spirituel et inaccessible par définition; il s’agit d’une vision plus matérialiste de l’existence humaine. Le bonheur correspond alors à une suite de sensations heureuses sans lien les unes avec les autres puisque fluctuantes; il n’y a pas de cohérence, puisque chaque sensation est particulière. Le bonheur est donc considéré comme une réalité empirique, qui ne peut se comprendre que par l‘expérience sensuelle. De cette manière, peut-on penser qu’il y a une définition universelle du bonheur? Ou n’est-ce qu’une notion purement subjective? De fait, comment reconnaitre véritablement les moments heureux de notre vie puisqu’il ne sont pas identifiables de façon commune ; ne peut-on pas penser le bonheur afin de se le représenter? N’y a-t-il aucune caractéristique spécifique au fait d’être heureux ? 

On pourrait penser qu’il est possible d’attribuer des caractéristiques au bonheur; en effet, on pourrait distinguer les sensations qui correspondent au bonheur de celles qui n’y correspondent pas en fonction de leur intensité. On pourrait alors assimiler le bonheur à une joie intense, ou encore à une jouissance. Cependant, l’intensité d’une sensation dépend de chaque individu, tout le monde ne ressent pas les choses de la même façon. Or, cela signifierait que tout le monde ne serait pas heureux de la même façon ? 

De plus, si le bonheur dépend des sensations, il semblerait alors qu’il vienne uniquement de l’extérieur, qu’il ne serait que subit; l‘homme ne pourrait donc pas provoquer son propre bonheur? En outre, n’y a-t-il pas une distinction fondamentale entre être et sentir? Le fait d’être heureux ne dépend-il que des sensations? 

 

Avant de savoir ce à quoi correspond la fait d’être heureux, il s’agirait tout d’abord de s’interroger sur ce que signifie la notion d’être. En effet, afin de traiter la question du rapport entre être heureux et se sentir heureux, il faudrait se demander si être équivaut à se sentir.

On pourrait alors penser que ces deux notions sont équivalentes. En effet, il s’agirait de concevoir l’homme comme un être sensible en perpétuel changement. Il est ballotté d’un état à l’autre par ses sens, ses sensations; l’essence de l’homme se définit par ses perceptions. L’homme ne possède alors aucune stabilité, fluctuant sans cesse selon les différentes sensations qui le traversent; être heureux c’est donc bien se sentir heureux. Or, cela signifie-t-il alors que l’homme est un être incohérent? Les sensations heureuses qu’il ressent ne sont-elles qu’une suite sans fin et sans aucuns liens logiques? 

On pourrait penser que malgré le changement perpétuel dont est marqué l’homme, celui-ci possède une mémoire qui lui permet de se rappeler des diverses sensations qui l’ont traversé par le passé. L’homme est un être de raison qui peut par ailleurs effectuer des liens entre les différents moments heureux de sa vie. Cependant, la raison n’est pas la partie dominante chez l’homme, la cohérence qu’il croit détecter entre les différents courants qui l’assaillent n’est qu’une illusion. Il ne s’agit que de points communs entre ces diverses sensations et perceptions qui lui font penser à une équivalence. 

L’homme n’a-t-il donc aucun contrôle sur ses sensations? De fait, peut-il provoquer son propre bonheur ou bien vient-il uniquement d’une cause extérieure sur laquelle il n’a aucune prise? S’il n’y a pas de réelle cohérence entre ses différentes sensations heureuses, l’homme peut-il vraiment déterminer ce qui peut le rendre heureux? Y a-t-il une définition du bonheur, peut-on se représenter le bonheur?

 

On pourrait au contraire, penser qu’il y a une définition au bonheur. En effet, il n’y aurait pas d’équivalence entre être heureux et se sentir heureux. Il s’agirait de penser qu’être heureux est un état, qu’il ne dépend pas exclusivement des sensations. 

En effet, il s’agirait de concevoir le fait d’être heureux comme un état durable et constant. Le bonheur serait le fruit d’une construction sur le long terme, d’un projet de vie. De fait, il ne s’agit pas de ressentir mais de penser une manière de vivre et de s’y tenir afin de voir un but s’accomplir. Le bonheur permet alors d’atteindre la plénitude, grâce à certaines facultés humaines telles que la raison et la volonté. De fait, le bonheur serait de l’ordre de spirituel. On pourrait même aller jusqu’à penser qu’être heureux est l’inverse de se sentir heureux, puisqu’il s’agit de ne plus être esclave de l’ordre des sens, ni des sensations, ni même du plaisir ou du désir. L’état qui caractérise l’homme heureux rejoint l’ataraxie, c’est-à-dire l’absence de trouble ainsi que l’apathie ou absence de passions. En outre, le bonheur correspond à une vie sage, tempérante et contemplative, il s’accompagne de la vertu morale et se rapproche ainsi du bien. En effet, il s’agirait de concevoir le bonheur comme un moyen pour atteindre le bien. 

Le fait d’être heureux ne serait donc pas une fin en soi mais un moyen pour atteindre la véritable but de l’existence humaine qui serait le bien. Mais alors, le fait d’être heureux n’est-il que de l’ordre du spirituel? Cette façon d’être heureux n’est-elle pas inatteignable? Etre heureux correspondrait alors à un idéal inaccessible vers lequel il faut tendre?

En effet, on pourrait penser que la vie contemplative et sage dont nous parle les stoïciens n’est pas adaptée à la condition humaine. Il s’agit ici de revoir la distinction établie précédemment entre le bonheur et le fait d’être heureux. Le bonheur décrit ci-dessus correspond à un idéal, un concept de la raison humaine inaccessible pour l’homme. Or, cela ne correspondrait pas à être heureux. De fait, il s’agit pour l’homme d’avoir une vie tempérante, en se gardant de certains excès. Il ne faut malgré tout pas qu’il se détache de l’ordre des sens et qu’il apprécie le moment présent. En effet, on pourrait penser qu’être heureux correspond au fait d’apprécier sa vie présente tout en cherchant à la rendre meilleure. Il est également nécessaire à l’homme de prendre conscience de sa mortalité sans pour autant redouter cette nécessité naturelle qu’est la mort. Ainsi, l’homme accepte sa propre condition et éloigne de lui les troubles qui le guettent, ainsi, par la pensée et la raison, il est heureux.

 

Nous nous sommes donc interroger sur le rapport entre le fait d’être heureux et celui de se sentir heureux. Il s’agissait de tenter de trouver une définition de ce qu’est être heureux et de savoir de quelle manière l’homme peut atteindre cet état. 

Il ressort de notre réflexion que la fait d’être heureux est une notion complexe, qui n’équivaut pas exactement avec le fait de se sentir heureux. En effet, être heureux appartient à l’ordre du spirituel bien qu’il ne soit pas seulement un idéal de la raison. On pourrait voir dans le fait de se sentir heureux une sorte d’équilibre entre le spirituel et le sensible. Malgré tout la question du but de l’existence humaine que soulevait la notion d’être heureux reste entière. En effet, on peut considérer que la bonheur est un moyen pour accéder au bien qui serait, lui, la but de l’existence humaine. Cependant, il ne s’agit ici que d’idéaux, cela ne définit pas concrètement une finalité à l’existence humaine. En outre, nous avons établit qu’il y a une différence entre le fait d’être heureux et le bonheur. On pourrait alors penser que le fait d’être heureux est communément le but que se fixent tout les hommes, mais qu’il s’agirait de trouver s’il s’agit bien de la véritable finalité de l’existence grâce à la raison, et encore s’il y en a vraiment une.

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