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Faut-il craindre une baisse de la natalité ?

Publié le 01/01/2011

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Faut-il craindre une baisse de la natalité ?

Régulièrement nous entendons parler d’un vieillissement de nos populations en particulier des populations européennes. Ceci étant dû à une baisse de la fécondité. Qu’en est-il exactement ? Tout d’abord si la population décline dans des pays comme l’Allemagne, le Japon ou l’Italie, elle continue d’augmenter à l’échelle mondiale Les Nations Unies estiment en effet que la population mondiale, actuellement composée de 6,4 milliards d’individus, se stabilisera entre 7,4 et 12,8 milliards d’individus d’ici 2050 ; pour la fin du siècle les projections oscillent entre 5,5 et 12,8 milliards. Pour une grande partie du public qui n’est pas démographe, la projection la plus basse est cependant prise très au sérieux. Selon ce scénario, la fécondité tomberait à 1,6 enfants par femme, dans tous les pays, pour ne plus jamais atteindre le taux de renouvellement de 2 enfants par femme. En réalité, les démographes ne savent pas encore dans quelle mesure la baisse de la fécondité, que l’on observe en Allemagne, au Japon ou en Italie est temporaire ou permanente. Ceci étant, en quoi serait-il finalement si désastreux que la population mondiale diminue ? Les inquiétudes évoquées par les pays dont le taux de fécondité est faible sont essentiellement d’ordre économique.

On craint surtout les conséquences d’une augmentation du nombre de personnes dépendant du système des retraites. Quel que soit le scénario envisagé, on constate en effet, dans la grande majorité des pays, une croissance uniforme de l’espérance de vie – et donc de la population des plus de 50 ans. Le vieillissement de la population pose un problème particulier dans la mesure où la majorité des systèmes de pensions publics sont financés par les retenues à la source. Les retraites des personnes âgées sont assurées grâce aux cotisations que payent les travailleurs actifs, qui seront eux-mêmes entretenus plus tard par la nouvelle génération. Il est politiquement assez facile de mettre en place de tels systèmes quand les personnes actives sont nettement plus nombreuses que les retraités, mais la question se pose différemment lorsque les proportions se modifient, ce qui tend à être le cas dans les pays où le faible taux de fécondité réduit le nombre de travailleurs actifs alors que le nombre de personnes âgées continue d’augmenter. Il en est de même pour les systèmes de retraite par capitalisation où le taux d’intérêt joue exactement le rôle du taux de croissance de la productivité dans un système par répartition. Quel que soit le système, ce sont les actifs qui doivent entretenir les inactifs.

 

D’autres, par ailleurs, pensent que la jeunesse est génératrice de dynamisme et de croissance. Une baisse de la population jeune et un accroissement de la population âgée aurait aussi pour conséquences, une baisse de la demande avec le risque de non-renouvellement des équipements. Comme si on se situait toujours au bon vieux temps de la production de masse, le fait que les retraités aient tous leur lave-linge et qu’il y ait peu de jeunes pour renouveler la demande serait dramatique. On observe tout aussi logiquement que la demande des retraités se porte en priorité sur les services et il se trouve que la crise du modèle fordiste appelle une évolution déjà constatée, vers une société où la plupart des activités relèverait du tertiaire.

 

L’une des caractéristiques du capitalisme est d’être une fuite en avant vers toujours plus de production et de croissance. Par exemple, pour que le prix des actions grimpe, il faut que la demande soit supérieure à l'offre. Pour qu’il y ait de la demande, il faut qu’il y ait de nouveaux actionnaires et pour qu’il y ait de nouveaux actionnaires, il faut qu’il y ait de nouvelles populations.

Mais même d’un point de vue économique, la richesse n’est pas seulement monétaire. Le fait par exemple qu’un pays comme la France perde du jour au lendemain une part importante de sa population à travers les différentes classes d’âge, entraînerait qu’il y ait plus de logements disponibles et de ce fait il n’y aurait plus de problème de logement.

Toujours est-il que la richesse ne se résume pas à l’argent et la vie à l’économie.

La Terre est notre principale richesse et notre seul horizon. Six millions d’hectares de terres arables (soit 20% de la surface agricole utile française) disparaissent chaque année sous les sables et les cailloux. La terre nourricière se tasse, s’érode, épuise sa matière organique. Il est vrai que par le passé, la croissance des récoltes a réussi à dépasser celle de la population. Comment l’agriculture est-elle parvenue à répondre à la montée en flèche des besoins ?

En augmentant sa productivité comme aucun autre secteur économique n’a été capable de le faire. En cinquante ans, la croissance des récoltes a été plus forte qu'au cours des huit millénaires qui ont précédé la naissance de l'agriculture. Un paysan français qui nourrissait sept personnes en 1960 en nourrit quatre-vingts aujourd’hui. Un exploit que Malthus n’avait pas prévu. Toujours est-il que le monde de demain ne sera pas le monde d’hier et d’aujourd’hui et il pourrait signer la revanche de Malthus. Alors que la quantité disponible de céréales, de viande et de produits de la mer par habitant augmentait plus vite que la croissance démographique, elle ne fait que baisser depuis les années quatre-vingt : -11% pour les céréales –15% pour le bœuf et le mouton, -17% pour les poissons et les crustacés. La tendance est significative. Moins d’eau, des terres plus fragiles, des pâturages saturés, des pêcheries qui s’épuisent, des rendements qui plafonnent… L’agriculture, l’élevage et la pêche rassemblent, c’est le moins que l’on puisse dire, beaucoup de handicaps pour satisfaire rapidement trois milliards de bouches supplémentaires. D’autant que, dans le même temps, l’accélération du changement climatique va encore fragiliser les sols et les plantes, ralentir l’approvisionnement en eau, restreindre la productivité de certaines plantes comestibles, en particulier celle du riz.

Après presque un demi-siècle de croissance démographique ininterrompue, la demande en aliments, en eau et en produits de la forêt outrepasse dans beaucoup de pays la capacité des systèmes naturels locaux sur lesquels repose la vie. Une autre conséquence de la poursuite de croissance démographique est l’apparition de pénuries d’eau potentiellement mortelles. Si la croissance démographique rapide continue indéfiniment, la demande en eau finit par excéder le rendement durable des aquifères. Il en résulte des prélèvements d’eau excessifs et la chute des nappes phréatiques. Etant donné que 40% de l’alimentation du monde provient des terres irriguées, les pénuries d’eau peuvent se traduire rapidement par des pénuries alimentaires.

Comment peut-on raisonnablement espérer que l’Afrique qui ne parvient aujourd’hui à alimenter correctement que la moitié des 800 millions d’habitants, pourvoira, en 2050, aux besoins en nourriture de près de deux milliards d’individus avec des sols qui sont érodés et appauvris et avec des déficits de pluviosité aggravés ? Comment peut-on raisonnablement envisager que le sous-continent indien, qui concentre déjà le plus grand nombre d’affamés de la planète et qui ajoute chaque année 21 millions de personnes à sa population, parviendra à nourrir 900 millions d’habitants supplémentaires au milieu du siècle en dépit du changement climatique et de la pénurie d’eau ?

N’oublions pas non plus que la productivité de notre agriculture est largement due au pétrole et bientôt tout le monde devra commencer à se priver du pétrole qui constitue le moteur de son développement alors qu’aucun autre combustible n’est susceptible de jouer son rôle.

Nous sommes confrontés au fait que les réserves d’énergie ne sont pas suffisantes et qu’au rythme où nous les consommons elles s’épuisent rapidement. On admet généralement que le pétrole, le gaz naturel et le nucléaire dit à « neutrons lents » seront largement épuisés avant la fin du siècle et le charbon avant deux trois siècles. Qu’adviendra-t-il dans quelques décennies lorsque le pétrole sera rare et cher ? D’un autre côté nous pouvons nous réjouir de cette baisse de consommation des énergies fossiles responsables du réchauffement.

A l’évidence, les générations futures seront confrontées à des situations difficiles pour employer un euphémisme. L’histoire nous apprend que des sociétés évoluées, à l’exemple des Mayas, ont disparu. On sait que les densités en pays maya étaient très élevées, entre 250 et 800, du fait des techniques d’irrigation. Le déboisement ruine la forêt, assèche le climat et conduit par la suite à la disparition des populations.

Nous ne pouvons nous permettre de continuer de vivre de la sorte surtout avec une population mondiale élevée.

 

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