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Giraudoux, La guerre de Troie n'aura pas lieu

Publié le 29/07/2010

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giraudoux

 

La scène se passe dans l'Antiquité. Les Grecs assiègent la ville de Troie. Des négociations sont encore possibles pour éviter l'assaut et la guerre. Andromaque, belle-fille du roi de Troie, Priam, et épouse d'Hector, lutte de toutes ses forces contre l'idée même de la guerre. ANDROMAQUE - Mon père, je vous en supplie. Si vous avez cette amitié pour les femmes, écoutez ce que toutes les femmes du monde vous disent par ma voix. Laissez-nous nos maris comme ils sont. Pour qu'ils gardent leur agilité et leur courage, les dieux ont créé autour d'eux tant d'entraîneurs vivants ou non vivants ! Quand ce ne serait que l'orage ! Quand ce ne serait que les bêtes ! Aussi longtemps qu'il y aura des loups, des éléphants, des onces, l'homme aura mieux que l'homme comme émule et comme adversaire. Tous ces grands oiseaux qui volent autour de nous, ces lièvres dont nous les femmes confondons le poil avec les bruyères, sont de plus sûrs garants de la vue perçante de nos maris que l'autre cible, que le cœur de l'ennemi emprisonné dans sa cuirasse. Chaque fois que j'ai vu tuer un cerf ou un aigle, je l'ai remercié. Je savais qu'il mourait pour Hector. Pourquoi voulez-vous que je doive Hector à la mort d'autres hommes ? PRIAM - Je ne veux pas, ma petite chérie. Mais savez-vous pourquoi vous êtes là, toutes si belles et si vaillantes ? C'est parce que vos maris et vos pères et vos aïeux furent des guerriers. S'ils avaient été paresseux aux armes, s'ils n'avaient pas su que cette occupation terne et stupide qu'est la vie se justifie soudain et s'illumine par le mépris que les hommes ont d'elle, c'est vous qui seriez lâches et réclameriez la guerre. Il n'y a pas deux façons de se rendre immortel ici-bas, c'est d'oublier qu'on est mortel. ANDROMAQUE - Oh ! justement, Père, vous le savez bien ! Ce sont les braves qui meurent à la guerre. Pour ne pas y être tué, il faut un grand hasard ou une grande habilité. Il faut avoir courbé la tête, ou s'être agenouillé au moins une fois devant le danger. Les soldats qui défilent sous les arcs de triomphe sont ceux qui ont déserté la mort. Comment un pays pourrait-il gagner dans son honneur et dans sa force en les perdant tous les deux ? PRIAM - Ma fille, la première lâcheté est la première ride d'un peuple Introduction: En reprenant le thème de la guerre à travers un mythe grec, Giraudoux distancie la réalité du siècle, qui est la montée du péril de la deuxième guerre mondiale. Cette distance lui permet d'analyser un thème qui guide toute son oeuvre de Siegfried à Electre. Ce passage intervient à la scène IV de l'acte I, soit alors que Andromaque qui croît encore au pacifisme d'Hector a été envoyée par celui-ci pour avoir un entretien avec Priam pour défendre la paix. Cependant, le pessimisme et la réalité de la guerre gagne l'acte II. On est ici face à une scène d'argumentation où la parole a un enjeu de taille, éviter la guerre de Troie. On voit de dégager à travers ce passage la vertu du théâtre comme lieu de réflexion et d'éducation du peuple où les thèmes de la guerre et de la condition humaine sont mis en réflexion. De même une nouvelle théâtralité émane de la réécriture ainsi que de l'usage de l'argumentation comme centre de l'action dramatique, tournée vers la parole. I- Le théâtre comme lieu de réflexion. Giraudoux accorde au théâtre une mission historique et sociale qui vise à éduquer les spectateurs, il déclare dans un discours prononcé à Châteauroux en 1931: « Le spectacle est la seule forme d'éducation morale ou artistique d'une nation. « Ainsi, son théâtre considère la réalité avec recul et propose sa mise en réflexion sur la scène. On voit que dans cet extrait apparaissent les thèmes principaux de l'oeuvre, à savoir la réflexion sur la guerre et sur la condition humaine. Un thème traditionnel et d'époque: la guerre. Deux thèses s'opposent : Andromaque s'insurge contre l'idée même de guerre, Priam défend les valeurs guerrières qui fondent une société. Ce débat, situé dans le contexte historique de son écriture est d'actualité. En effet, Giraudoux écrit la pièce en 1935, soit deux ans après la montée au pouvoir d'Hitler en Allemagne, et alors qu'il a promulgué les premières lois racistes de Nuremberg. Parallèlement, Mussolini est envahit l'Éthiopie et la France a signé un accord avec l'Italie. Dans ce contexte de montée des régimes autoritaires et des début d'annexion, la question de la guerre se pose déjà en France et en Europe qui se remet à peine des séquelles de la première guerre mondiale. Le débat mime les réflexions politiques de l'époque. Par la transposition dans le contexte de la Grèce antique, Giraudoux reprend une tradition qu'il étend à toutes les époques, à tous les lieux. Il insiste sur l'universalisation de son propos: « écoutez ce que toutes les femmes du monde disent par ma voix «, dit Andromaque. La réflexion dépasse largement son cadre de référence et se confond avec une réflexion sur la condition humaine. La guerre n'est pas prise comme cas particulier mais comme constante de l'humanité. Le thème de la guerre est récurrent dans tout le théâtre de Giraudoux, cette pièce dès le titre permet d'y porter l'attention. Ce titre correspond à un pari que font les personnages face au destin, s'opposer à la guerre et enrayer le mécanisme du « fatum « (destin) tragique. Les deux thèses d'Andromaque et de Priam sont en fait celle du nationaliste, croyant en la guerre comme creuset du sentiment national et comme dépassement de l'homme, et celle de l'humaniste qui croit en l'homme et à sa possibilité d'être meilleur s'il arrive à la paix. « Laissez nous nos maris comme ils sont. Pour qu'ils gardent leur agilité et leur courage, les dieux ont créé autour d'eux tant d'entraîneurs vivants ou non vivants ! « Ainsi, la nature et les dieux créent les conditions nécessaires à la grandeur de l'homme et au bonheur, et la guerre ne fait que gâter cet équilibre. Cependant on devine que la pensée de Giraudoux se trouve au delà de ces deux points de vue, dans un pessimisme désabusé. Guerre et pessimisme. Les deux thèses, masculines et féminines, qui reprennent les stéréotypes de la pensée traditionnelle, qui mettent la guerre du côté de la virilité et de la sublimation de désirs de conquête et la femme du côté de la paix, sont détruite par Giraudoux qui se situe dans un pessimisme flagrant. Il ne croit pas à la sublimation de l'homme dans la guerre que soutient Priam : « S'ils avaient été paresseux aux armes, s'ils n'avaient pas su que cette occupation terne et stupide qu'est la vie se justifie soudain et s'illumine par le mépris que les hommes ont d'elle, c'est vous qui seriez lâches et réclameriez la guerre. « Ainsi, la guerre serait d'après Priam associée à un recul sur la vie, elle lui donnerait un sens. La réflexion par phrases conditionnelles est indexé d'une forte incertitude, et le « si « qu'emploie Priam n'est pas très convainquant. De même, son nationalisme échevelé est quelque peu détruit par les grandes phrases éloquentes: « La première lâcheté est la première ride d'un peuple «, c'est-à-dire que la première lâcheté est de refuser de mourir pour la patrie. Cette grandiloquence de la maxime de Priam nous pousse à croire que Giraudoux se situe bien au delà d'un patriotisme primaire faisant de la guerre la fierté d'une nation. De même, on remarque que les argument pacifistes d'Andromaque sont trop utopistes pour Giraudoux. Notamment, la réflexion sur la place de l'homme dans la nature et sur ses « entraîneurs « qui permettent à l'homme de se sublimer sen s'attaquant aux éléments et aux animaux. « Chaque fois que j'ai vu tuer un cerf ou un aigle, je l'ai remercié. Je savais qu'il mourait pour Hector. « Un raccourci permet de passer de la nature comme canalisation des violences humaine à un remède contre la guerre et l'auto-destruction. L'homme est pensé à la base comme porteur de pulsions destructrices qui demandent à ses déverser, cependant, un optimise voit dans la nature une auto-régulation de ces pulsions. Il est certain que Giraudoux n'est pas dupe de cette illusion de bonheur à laquelle se rapproche Andromaque au début de la pièce. Mais la lente dérive vers la guerre et sa réalisation inéluctable laisse les dieux vainqueurs et les illusion humaines inertes. La réflexion sur l'existence humaine. On le voit par les visées universalistes du texte, la guerre est prise non comme cas particulier, comme événement historique précis, mais comme caractéristique de l'humanité. Il y a quatre occurrences du mot « homme « dans le texte, qui rythment le propos, et c'est l'homme, son existence tendu vers la mort qui est le véritable propos du texte. « Il n'y a pas deux façons de se rendre immortel ici-bas, c'est d'oublier qu'on est mortel. «, dit Priam. Ainsi, la guerre est prise comme manière de se hausser vers un dépassement de sa condition humaine, de nier ce qui fait la faiblesse de sa condition, c'est-à-dire la mort. En oubliant qu'il est mortel en partant au combat, l'homme tente de se sublimer, de lutter contre ses propres limites, d'où la grandeur de l'acte guerrier. Mais cette thèse de Priam est démontée par Andromaque qui énonce la vanité de tels propos, puisque la mort prend les plus valeureux et que la tentative de dépassement de soi est vouée à l'échec. Toute la gloire échoit aux couards, à ceux qui par peur, par calcul, ou par chance ont échappé à la mort. Après la guerre, il ne reste d'un peuple que les moins valeureux, et rien de positif n'émane de ces combats, si ce n'est la certitude, toujours plus forte des limites de l'humanité. Pour Andromaque au contraire, la grandeur de l'homme est comprise dans les lois de la nature mêmes. En se confrontant aux forces de la nature tel « l'orage «, « les bêtes «, l'homme est forcé de mener une lutte pour la survie qui le préserve car il décharge ses pulsions et sa violence dans ses « entraîneurs vivants ou non vivants «, et n'éprouvent donc pas le besoin de s'entre-tuer. Le point de vue de Priam est celui de l'homme vu dans la réussite d'une société, compris dans un devenir historique, au sein d'un peuple, tandis qu'Andromaque prend l'individu comme membre de l'espèce humaine, qui progresse sur un plan ontologique. La glorification dans une société n'a pour elle aucune valeur, et n'est que fictive. La réflexion sur l'humain ici ébauchée est fondamentalement fataliste car les espoirs de l'homme, ceux de Priam dans la glorification de son peuple par le combat, ou ceux d'Andromaque sur la capacité de l'homme à vivre en paix sont réduit à néant par la progression de la pièce. La guerre vient elle-même détruire ces utopies. Ainsi, le théâtre sert de cadre et de diffusion à des idées abstraites, il faut donc utiliser les procédés de ce théâtre de la parole et de la réflexion. II- Les procédés d'un théâtre de la réflexion.

La vision du théâtre comme lieu de débat met la parole au centre de l'action dramatique. Par divers procédés, Giraudoux incarne le débat de son époque dans une écriture théâtrale argumentative et dans un monde fictif auquel il aboutit par la réécriture de mythes grecs. L'argumentation est au centre de l'action dramatique. Ici la parole est réellement liée à une nécessité des personnages. Andromaque doit réussir à convaincre Priam que la guerre est inutile et ne permet pas une sublimation de l'homme, ni une régénération de la nation, car lui seul peut décider de la paix. Elle s'adresse à lui dans une tentative ultime de persuasion en et la nécessité de la parole. La parole en elle-même est dramatique, c'est elle qui déterminera l'action à venir. Le registre d'Andromaque est celui de la persuasion car elle s'adresse à la sensibilité de Priam. « Mon père, je vous en supplie. Si vous avez cette amitié pour les femmes, écoutez ce que toutes les femmes du monde vous disent par ma voix. « Elle s'adresse à lui comme un père, non comme un chef d'état, elle le supplie et ne s'adresse pas directement à sa raison. Elle parle au nom de toutes le femmes et se fait porte parole de la condition féminine qui souffre du départ de leurs maris. Cependant, cette apparente supplique cache une argumentation solide qui détruit les pensées patriotes de Priam. Ses arguments sur la faiblesse des hommes qui reviennent du combat et du peu d'honneur qu'a un peuple à saluer les anciens combattants est très fort. L'énonciation directe permet ici à Giraudoux d'incarner un débat philosophique à travers des personnages. La parole ici échoue car l'extrait passe de la supplication à son échec. La réponse de Priam est nette, la guerre reste pour lui un moyen de glorifier un peuple. L'argumentation d'Andromaque autant que sa persuasion a échoué. De « Mon père... « à « ma fille « l'opposition est et l'emploi des noms familiers est ici pleine d'ironie et Priam signale que les tentatives d'attendrissement d'Andromaque n'auront pas prise sur lui. De même le « je ne veux pas, ma petite chérie « témoigne de la distance entre la familiarité et la persuasion. Ici, deux registres se mêlent, celui de la familiarité et celui du discours argumentatif borné de questions rhétoriques «Mais savez-vous pourquoi vous êtres là, toutes t si belles et si vaillantes? «, d'explication: « c'est parce que... «. Ainsi, le texte est bel et bien un texte argumentatif où deux thèses s'opposent. Ceci permet un débat d'actualité au sein d'une situation différente. Giraudoux trouve en effet dans la réécriture une possibilité de transposer le réel. La réécriture des mythes grecs est certes une mode de l'entre deux guerres, si l'on regarde du côté de Cocteau avec la Machine infernale, ou de Anouilh avec Eurydice ou Antigone. Pour Giraudoux, ces mythes ont le mérite d'être déjà du réel transposé, soit de la poésie, et qu'ils peuvent servir à véhiculer des idées. Ces réécriture permettent d'écarter les pièces du réalisme. Giraudoux, en donnant au réel un éclairage grec s'empêche de tomber dans une peinture naturaliste de la société, il permet également de donner une dimension universelle à son discours. Le style utilisé par Giraudoux permet de laisser une dimension a-temporelle. « Aussi longtemps qu'il y aura des loups, des éléphants, des onces, l'homme aura mieux que l'homme comme émule et comme adversaire. « Andromaque utilise systématiquement des formules a-temporelles: « aussi longtemps que «, « chaque fois que «. La Grèce de Giraudoux est un espace universel et a-temporel qui permet au discours de prendre une ampleur toute particulière. De même, la nature décrite par Andromaque n'est pas référencée à la Grèce, de même que les descriptions des honneurs militaires. Les personnages évitent de mentionner la Grèce et préfèrent dire « un pays «, « les arcs de triomphe « deviennent ceux de tous les peuples, de toutes les époques. Ainsi, la vision de la Grèce utilise le le lieu comme symbole d'un lieu menacé comme la guerre, qui permet de déréaliser la situation à laquelle pense Giraudoux. De même, les personnages sont des symboles de positions sur la guerre. Giraudoux reprend d'ailleurs des types littéraires très connotés. Andromaque est la figure littéraire victime de la guerre depuis Racine qui en fait une héroïne brisée par la guerre de Troie, son mari Hector a été tué et son fils Astyanax est menacé par la mort. Le texte reprend donc cette figure mais avec une conscience historique différente qui crée une vision anachronique du personnage. Les idées qu'elle soutient ne sont en rien les idées présumées de la Grèce antique qui défendait les vertus de la guerre et de l'honneur. Ainsi, on en fait simplement la femme victime. Elle incarne toutes les femmes comme elle le déclare dès le début du texte: « écoutez ce que toutes les femmes du monde vous disent par ma voix «. elle utilise le « nous « à trois reprises, dont une fois « nous les femmes «. Le personnage incarne donc symboliquement toutes les femmes qui défendent la paix. Cette voix féminine s'oppose à l'homme par excellence, homme de pouvoir, homme d'état, « père «, et homme défendant les valeurs viriles de la guerre. C'est avant tout un débat homme/femme qui vient se greffer sur les personnages. La question de la guerre est un débat de sexes. De même, ces personnages sont symboliquement associés à des espaces différents, la femme à la nature qu'elle évoque au début, « ces lièvres dont nous les femmes confondons le poil avec les bruyères «, la femme est associée à cet espace qu'elle côtoie. L'homme occupe l'espace des champs de bataille. Les personnages par leur appartenance à un monde mythologique sont pris en tant que symboles et non en tant que figures ayant des caractéristiques personnelles. Conclusion: Le passage de l'acte I de Giraudoux est donc une scène à fond politique et social qui débat de sujets de société et de thèmes philosophiques. La réécriture sert de cadre à une argumentation solide et crée un lieu et des personnages symboliques. Si le théâtre est le lieu propice à répandre des idées abstraites, Giraudoux n'oublie pas pour autant le côté dramatique et spectaculaire du théâtre, c'est ce qu'il déclare dans l'Impromptu de Paris : « le théâtre n'est pas un théorème mais un spectacle, pas une leçon, mais un philtre.

 

giraudoux

« et des début d'annexion, la question de la guerre se pose déjà en France et en Europe qui se remet à peine desséquelles de la première guerre mondiale.

Le débat mime les réflexions politiques de l'époque.

Par la transpositiondans le contexte de la Grèce antique, Giraudoux reprend une tradition qu'il étend à toutes les époques, à tous leslieux.

Il insiste sur l'universalisation de son propos: « écoutez ce que toutes les femmes du monde disent par mavoix », dit Andromaque.

La réflexion dépasse largement son cadre de référence et se confond avec une réflexion surla condition humaine.

La guerre n'est pas prise comme cas particulier mais comme constante de l'humanité. Le thème de la guerre est récurrent dans tout le théâtre de Giraudoux, cette pièce dès le titre permet d'y porterl'attention.

Ce titre correspond à un pari que font les personnages face au destin, s'opposer à la guerre et enrayerle mécanisme du « fatum » (destin) tragique.

Les deux thèses d'Andromaque et de Priam sont en fait celle dunationaliste, croyant en la guerre comme creuset du sentiment national et comme dépassement de l'homme, et cellede l'humaniste qui croit en l'homme et à sa possibilité d'être meilleur s'il arrive à la paix.

« Laissez nous nos mariscomme ils sont.

Pour qu'ils gardent leur agilité et leur courage, les dieux ont créé autour d'eux tant d'entraîneursvivants ou non vivants ! » Ainsi, la nature et les dieux créent les conditions nécessaires à la grandeur de l'homme etau bonheur, et la guerre ne fait que gâter cet équilibre.

Cependant on devine que la pensée de Giraudoux se trouveau delà de ces deux points de vue, dans un pessimisme désabusé.Guerre et pessimisme.

Les deux thèses, masculines et féminines, qui reprennent les stéréotypes de la penséetraditionnelle, qui mettent la guerre du côté de la virilité et de la sublimation de désirs de conquête et la femme ducôté de la paix, sont détruite par Giraudoux qui se situe dans un pessimisme flagrant.

Il ne croit pas à la sublimationde l'homme dans la guerre que soutient Priam : « S'ils avaient été paresseux aux armes, s'ils n'avaient pas su quecette occupation terne et stupide qu'est la vie se justifie soudain et s'illumine par le mépris que les hommes ontd'elle, c'est vous qui seriez lâches et réclameriez la guerre.

» Ainsi, la guerre serait d'après Priam associée à un reculsur la vie, elle lui donnerait un sens.

La réflexion par phrases conditionnelles est indexé d'une forte incertitude, et le« si » qu'emploie Priam n'est pas très convainquant.

De même, son nationalisme échevelé est quelque peu détruitpar les grandes phrases éloquentes: « La première lâcheté est la première ride d'un peuple », c'est-à-dire que lapremière lâcheté est de refuser de mourir pour la patrie.

Cette grandiloquence de la maxime de Priam nous pousse àcroire que Giraudoux se situe bien au delà d'un patriotisme primaire faisant de la guerre la fierté d'une nation.

Demême, on remarque que les argument pacifistes d'Andromaque sont trop utopistes pour Giraudoux.

Notamment, laréflexion sur la place de l'homme dans la nature et sur ses « entraîneurs » qui permettent à l'homme de se sublimersen s'attaquant aux éléments et aux animaux.

« Chaque fois que j'ai vu tuer un cerf ou un aigle, je l'ai remercié.

Jesavais qu'il mourait pour Hector.

» Un raccourci permet de passer de la nature comme canalisation des violenceshumaine à un remède contre la guerre et l'auto-destruction.

L'homme est pensé à la base comme porteur depulsions destructrices qui demandent à ses déverser, cependant, un optimise voit dans la nature une auto-régulation de ces pulsions.

Il est certain que Giraudoux n'est pas dupe de cette illusion de bonheur à laquelle serapproche Andromaque au début de la pièce.

Mais la lente dérive vers la guerre et sa réalisation inéluctable laisseles dieux vainqueurs et les illusion humaines inertes. La réflexion sur l'existence humaine.

On le voit par les visées universalistes du texte, la guerre est prise non commecas particulier, comme événement historique précis, mais comme caractéristique de l'humanité.

Il y a quatreoccurrences du mot « homme » dans le texte, qui rythment le propos, et c'est l'homme, son existence tendu vers lamort qui est le véritable propos du texte.

« Il n'y a pas deux façons de se rendre immortel ici-bas, c'est d'oublierqu'on est mortel.

», dit Priam.

Ainsi, la guerre est prise comme manière de se hausser vers un dépassement de sacondition humaine, de nier ce qui fait la faiblesse de sa condition, c'est-à-dire la mort.

En oubliant qu'il est mortel enpartant au combat, l'homme tente de se sublimer, de lutter contre ses propres limites, d'où la grandeur de l'acteguerrier.

Mais cette thèse de Priam est démontée par Andromaque qui énonce la vanité de tels propos, puisque lamort prend les plus valeureux et que la tentative de dépassement de soi est vouée à l'échec.

Toute la gloire échoitaux couards, à ceux qui par peur, par calcul, ou par chance ont échappé à la mort.

Après la guerre, il ne reste d'unpeuple que les moins valeureux, et rien de positif n'émane de ces combats, si ce n'est la certitude, toujours plusforte des limites de l'humanité.

Pour Andromaque au contraire, la grandeur de l'homme est comprise dans les lois dela nature mêmes.

En se confrontant aux forces de la nature tel « l'orage », « les bêtes », l'homme est forcé demener une lutte pour la survie qui le préserve car il décharge ses pulsions et sa violence dans ses « entraîneursvivants ou non vivants », et n'éprouvent donc pas le besoin de s'entre-tuer.

Le point de vue de Priam est celui del'homme vu dans la réussite d'une société, compris dans un devenir historique, au sein d'un peuple, tandisqu'Andromaque prend l'individu comme membre de l'espèce humaine, qui progresse sur un plan ontologique.

Laglorification dans une société n'a pour elle aucune valeur, et n'est que fictive.

La réflexion sur l'humain ici ébauchéeest fondamentalement fataliste car les espoirs de l'homme, ceux de Priam dans la glorification de son peuple par lecombat, ou ceux d'Andromaque sur la capacité de l'homme à vivre en paix sont réduit à néant par la progression dela pièce.

La guerre vient elle-même détruire ces utopies. Ainsi, le théâtre sert de cadre et de diffusion à des idées abstraites, il faut donc utiliser les procédés de ce théâtrede la parole et de la réflexion. II- Les procédés d'un théâtre de la réflexion. La vision du théâtre comme lieu de débat met la parole au centre de l'action dramatique.

Par divers procédés,Giraudoux incarne le débat de son époque dans une écriture théâtrale argumentative et dans un monde fictif auquelil aboutit par la réécriture de mythes grecs. L'argumentation est au centre de l'action dramatique.

Ici la parole est réellement liée à une nécessité des. »

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