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Hemingway, Pour qui sonne le glas (extrait).

Publié le 07/05/2013

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Hemingway, Pour qui sonne le glas (extrait). Robert Jordan est gravement blessé, et seul désormais : il a pu convaincre Maria de s'en aller avec les autres républicains. Il doit changer de position, malgré sa jambe cassée, pour pouvoir tirer sur l'ennemi quand celui-ci apparaîtra. La description du blessé opérant sa reptation est d'un saisissant effet de réel, et mime l'effort intense par le procédé de la répétition. Puis, face à la pensée de sa mort inéluctable, Jordan, en héros de guerre et de roman, considère sa chance de ne pas souffrir, sans s'apitoyer sur son destin. Pour qui sonne le glas d'Ernest Hemingway (chapitre 43) Il saisit à deux mains sa jambe gauche et la tira fort, toujours adossé contre l'arbre. Puis, étendu de tout son long et tirant fort sur sa jambe pour que le bout d'os cassé ne sortît pas et ne lui déchirât pas la cuisse, il vira lentement sur ses reins jusqu'à ce que le derrière de son crâne surplombât la pente. Puis, tenant sa jambe cassée à deux mains et, d'une poussée du pied droit, il se trouva là où il voulait aller, tout en sueur. Il tâta du doigt sa cuisse tout en roulant sur sa poitrine, face contre terre. Il dégagea ses coudes, allongea sa jambe gauche derrière lui avec ses deux mains et, d'une poussée du pied droit, il se trouva là où il voulait aller, tout en sueur. Il tâta du doigt sa cuisse gauche : tout allait bien. Le bout d'os n'avait pas déchiré la peau, et l'extrémité cassée était enfoncée dans le muscle. Le nerf principal a dû être écrasé pour de bon quand ce sacré cheval a roulé dessus, pensa-t-il. Ça ne fait vraiment pas mal du tout. Sauf dans les changements de position. Ça, c'est quand l'os pince quelque chose d'autre. Tu vois ? dit-il. Tu vois ce que c'est que la chance. Tu n'as même pas eu besoin de la tueuse de géants. Il tendit la main vers la mitraillette, sortit le chargeur qui était dans le magasin, en prit d'autres dans sa poche, regarda dans le canon, remit un chargeur en place, puis regarda vers le bas de la pente. Peut-être une demi-heure, pensa-t-il. Maintenant, ne t'en fais pas. Puis il regarda le flanc de la montagne, les pins, et essaya de ne pas penser. Il regardait le torrent et il se rappelait comment il coulait sous le pont, et la fraîcheur de l'ombre. Je voudrais qu'ils viennent, pensa-t-il. Je ne veux pas être complètement vaseux avant leur arrivée. Pour qui est-ce plus facile, crois-tu ? Pour ceux qui ont de la religion ou bien pour celui qui prend ça nature ? Ça les console beaucoup, mais nous, nous savons qu'il n'y a rien à craindre. C'est seulement si on rate, que c'est moche. Mourir n'est moche que quand ça prend longtemps et que ça fait si mal qu'on en est humilié. Voilà où tu as de la chance, tu vois ? Tu n'as rien à craindre de ce côté-là. Source : Hemingway (Ernest), Pour qui sonne le glas, trad. par Denise Van Moppès, Paris, Gallimard, 1961. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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