Henri Focillon, Vie des Formes
Publié le 29/07/2010
Extrait du document
«
forme sera toujours animée par la recherche d'autres nouvelles formes possibles.
C'est ce dynamisme et cerenouvellement de la forme par elle-même que Focillon appelle « vie des formes ».Mais il est important de souligner que Focillon s'oppose ici à une conception linéaire du temps ainsi qu'à une théorieévolutionniste de la forme, trop facile et peu appropriée à son avis, comme celle qu'avait pu établir Taine dans savision déterministe.
A la triade « race, milieu, moment » élaborée par Taine, il oppose trois autres notions aucroisement desquelles il pense que se situe l'œuvre d'art: le style, la technique et l'homme.
Les métamorphoses de la forme seraient donc plutôt coordonnées par des styles, deuxième grand principe introduitpar Focillon, qui dit : « La forme peut devenir formule et canon, c'est-à-dire arrêt brusque, type exemplaire, maiselle est d'abord une vie mobile dans un monde changeant.
Les métamorphoses, sans fin, recommencent.
C'est leprincipe des styles qui tend à les coordonner et à les stabiliser.
»Le terme « style », peut avoir deux acceptions opposées.
Si on parle du style, on entend par là quelque chosed'absolu et d'immobile, alors que si on parle d'un style, il s'agit d'une conception dynamique et individuelle.
Ce stylelà se définit par ses mesures, c'est-à-dire par une série de rapports mathématiques.
A la manière dont l'entendaientles grecs, le style est une question de variations et de recherches sur les mesures.
Ainsi, la véritable différenceentre l'architecture dorique et l'architecture ionique serait donnée non seulement par l'ajout de certains élémentsformels tels que les volutes, mais surtout par un calcul du rapport des différentes parties entre elles.Pour comprendre le mouvement des styles, selon Focillon, il est nécessaire de prendre en compte deux pointsessentiels: « plusieurs styles peuvent vivre simultanément, même dans des régions très rapprochées, même dansune région unique ; les styles ne se développent pas de la même manière dans les divers domaines techniques où ilss'exercent.
»
Le style obéit à une logique interne qui lui est propre et ses métamorphoses correspondent à une rechercheempirique indépendante et continue.
Une fois de plus, cette conception dynamique et expérimentale du style,comme un système organique qui possède un ordre interne qui lui est propre, s'éloigne d'un certain déterminismemécanique.
De même, le style peut se manifester plus à travers une certaine technique qu'une autre, Focillonappelle ce principe « la loi du primat technique » qu'il dit avoir emprunté de Bréhier qui l'utilisait à propos des artsbarbares.
Mais cette domination d'une certaine technique sur un certain style n'est que apparente : en effet chaquemoment de la vie des arts est une recherche continue, et si au début du Moyen Age la peinture semblait être latechnique picturale dominante, elle n'a moins ouvert la voie vers d'autres techniques comme celles du vitrail, qui dèsle gothique rayonnant devient à son tour technique dominante.Ainsi les formes ne sont pas continuellement subordonnées à la loi du primat technique, plutôt, elles s'y adaptentpour ensuite s'en détacher et en tirer de nouvelles expériences formelles.
L'importance accordée par Focillon à latechnique pourrait faire référence à Paul Valéry et aux idées défendues dans son traité intitulé Introduction à laméthode Léonard de Vinci ou encore à l'influence du critique d'art Gustave Geoffroy, ami de Focillon, qui lui aussidéfendait la liberté de la forme en opposition au déterminisme de Taine.
Focillon envisage quatre âges stylistiques : l'état expérimental, l'état classique, l'état du raffinement, l'état baroque.Il se dit débiteur vis-à-vis de l'archéologue Déonna pour ce qui est de ces distinctions, mais il introduit un étatsupplémentaire : celui du raffinement.L'idée derrière cette distinction, n'est pas de fonder une nouvelle schématisation mécanique, mais au contraire desouligner comment indépendamment des époques et des contextes historiques, chaque style traverse ces différentsétat et comment chacun de ces état est un moment de la vie des formes, car il existe indépendamment des autresétats.L' état expérimental ou archaïque est l'état où l'art cherche à se définir, il est caractérisé par une « unité massive »et « ne cherche ses variations que dans un ordre architectural ».
C'est le style de l'archaïsme roman, de l'archaïsmegrec et de des premières architectures gothiques.
L'état classique représente le moment où l'on rejoint une stabilitéaprès l'expérimentation, c'est une sorte de moment culminant où le rapport entre les différentes parties s'accordentpar une proportion parfaite dont la valeur est universelle.
Focillon souligne qu'il ne s'agit pas du résultat d'unconformisme car au contraire, c'est le résultat d'une ultérieure expérience, c'est un moment heureux de la vie desformes, et il insiste sur la notion de moment, comme quelque chose en devenir, qui n'est pas définitif.
A' ce momentcorrespondent l'art gréco-romain, l'épanouissement des cathédrales gothiques et la peinture de la Renaissance.L'état du raffinement prévoit une plus grande élégance, plus de flexibilité et souvent une sorte de froide pureté desformes : c'est le moment où la technique picturale s'affirme et prend le dessus sur la technique architecturale..
Acet âge correspondent l'hellénisme, le gothique rayonnant et l'art japonais du XIIIème siècle.Le quatrième état, celui du baroque, est celui où les formes perdent tout rapport de convenance qui leur étatpropre dans l'état du classicisme, elles s'en libèrent et se développent dans toutes les directions, « prolifèrent tel unmonstre végétal ».
La technique se fait plus ornementale et cet état se manifeste dans le gothique flamboyant,dans le baroque ainsi que dans le romantisme.
S'en vient ensuite l'idée que les styles, outre qu' être différents états de la vie des formes, sont aussi un « milieuformel homogène, cohérent, à l'intérieur duquel l'homme agit et respire ».
L'artiste est donc un instrument par lequella forme va se manifester, « traduisant dans l'espace certains mouvements de l'esprit ».
Ces milieux formels peuventêtre « stables » ou « nomades » : ils peuvent se retrouver tels quels dans différents pays, ou au contraire,n'apparaître que dans un seul pays.
Dans les deux cas, les formes créent une sorte de profil psychologique du pays,que Focillon appelle des « sites psychologiques ».
Ce sont eux qui forgent l'identité artistique d'un pays, avec plusde force que la géologie dont il se trouve doté ou que l'histoire qu'il traverse.
Une fois énoncés les éléments qui structurent la vie complexe des formes, Focillon tient à souligner que cette vision.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- VIE DES FORMES, 1934. Henri Focillon (résumé & analyse)
- HENRI FOCILLON : VIE DES FORMES (Résumé & Analyse)
- CRITIQUE DE LA VIE QUOTIDIENNE, Henri Lefebvre
- VIE DE MALLARME de Henri Mondor (résumé)
- VIE DES FORMES (La). (résumé & analyse de l’oeuvre)