Devoir de Philosophie

« Histoire vraie » de Maupassant

Publié le 11/09/2006

Extrait du document

histoire

Au dix-neuvième siècle, époque de découvertes scientifiques, le courant littéraire dominant est le réalisme. À l'instar de Zola, Maupassant aborde, dans ses écrits, des thèmes chers aux réalistes. Dans le conte « Histoire vraie «, par exemple, il traite des différentes classes sociales et de l'amour impossible, thèmes récurrents dans son oeuvre. Il démontre ainsi certaines injustices entre les classes, ainsi que le pouvoir des hommes sur les femmes.

 

 

 

Dès le début d'« Histoire vraie «, il est évident qu'il y a deux types de personnages : ceux qui appartiennent à la noblesse, aux mondes des bien nantis, et ceux plus pauvres, provenant du secteur ouvrier et paysan. Le champ lexical se rattachant aux riches est éloquent : « demi-seigneurs, mi-hobereaux, riches, ferme-château, baron, marquis, fortune «. Celui des paysans démontre bien la différence de classe : « servante, fermiers, paysans, bonne «. Plusieurs inégalités séparent aussi ces classes. L'argent entraîne en effet le pouvoir. Lorsque de Varnetot explique les termes de l'entente concernant le changement de propriétaire de Rose, il le fait dans ces termes : « Il me céderait sa servante et je lui vendrais ma jument noire, Cocote [...] « (l. 36). Il parle de Rose comme d'une marchandise à peine plus importante qu'un cheval. Ce pouvoir sur les gens, seuls les riches avaient les moyens de l'exercer. Ce pouvoir leur permet aussi de passer outre à certaines normes sociales. Par exemple, au début du texte, les chasseurs « parlaient comme on hurle, riaient comme rugissent les fauves, et buvaient comme des citernes « (l. 10-11). Ils regardent et parlent de la servante comme d'un objet, et c'est de cette manière que de Varnetot traite Rose. Leur richesse leur permet ces écarts de conduite. Bref, à plusieurs reprises, et par divers procédés, Maupassant nous rappelle sans cesse l'existence de différentes classes sociales.

 

 

 

En parallèle, l'auteur aborde le thème de l'amour impossible par l'entremise de Rose et de de Varnetot. À cette époque, l'homme avait le pouvoir sur la femme. Dans l'histoire, de Varnetot achète littéralement la femme qui l'intéresse et, toutes les fois qu'il y pense, elle lui rappelle sa chienne Mirza et les sentiments qu'elle avait pour lui, ce qui laisse supposer une certaine conception de l'amour. Il est important, pour lui, qu'il ne perde par son pouvoir et c'est pourquoi il se répète qu'on ne le « prend pas facilement « et qu'il n'est « pas de ceux qu'on enjôle avec deux baisers « (l. 47)-48. De plus, les femmes de l'époque acceptent généralement leur rôle de dominées et se soumettent à la volonté masculine. Rose est en effet achetée sans protestation et tient son rôle de « divertissement «. Lorsqu'il en a assez et qu'il veut s'en débarrasser, monsieur de Varnetot décide de marier Rose qui n'a pour seule réaction que cette faible opposition : « c'est vous qui me proposez ça! c'est vous! « (l. 117). Malgré tout l'amour qu'elle a pour son maître, elle sait très bien qu'elle n'a pas d'autre choix que de refouler ses sentiments et d'accepter ce mariage arrangé. De nos jours, ce genre de situation est plutôt rare dans notre société et serait sans doute décriée par les ligues féministes... Par surcroît, les valeurs partagées par la majorité au XIXe siècle n'encourageaient pas le mariage entre différentes classes sociales. Cette union entre pauvres et riches était surtout mal vue par la noblesse. Lorsqu'il apprend que Rose est enceinte, de Varnetot ne pense pas une seconde à la marier, il cherche, au contraire, un moyen pour s'en défaire. Il déclare ainsi : « Vous comprenez, j'avais mon père et ma mère à Barneville, et ma soeur mariée au marquis d'Yspare, à Rollebec, à deux lieues de Villebon. Pas moyen de blaguer « (l. 53-55). Les pressions familiales et sociales ont plus d'importance dans son raisonnement que ses propres sentiments. Vu les circonstances, le mariage entre Rose et de Varnetot était donc impossible. Tout comme les hommes de son époque, de Varnetot a le pouvoir sur les femmes, tandis que Rose accepte son rôle d'opprimée. Le nouveau mari de cette dernière la bat d'ailleurs, ce qui ne semble pas déranger ou surprendre de Varnetot. L'opinion publique est contre cette union, ce qui rajoute à l'impossibilité de celle-ci.

 

 

 

En conclusion, il est évident que les différentes classes sociales et l'amour impossible sont des thèmes majeurs dans le conte « Histoire vraie « de Maupassant. D'un point de vue qui se veut objectif, l'auteur démontre ce qui différencie la classe ouvrière et paysanne de la noblesse tout en montrant la conception du mariage et des relations hommes-femmes au XIXe siècle. D'autres sujets de moindre importance auraient pu être abordés dans cette dissertation, tels que les relations entre maîtres et serviteurs, ou l'importance accordée à l'amour à l'époque comparée à aujourd'hui. Encore une fois, Maupassant réussit à démontrer certaines injustices sociales en démontrant certains mauvais aspects de la noblesse et des hommes. Tout comme plusieurs autres textes appartenant au courant réaliste, les conséquences d'un mauvais usage du pouvoir sont montrées explicitement et objectivement, ce qui fait d'ailleurs une des forces de ce genre littéraire.

Liens utiles