hospices et hôtels-Dieu - médecine. 1 PRÉSENTATION hospices et hôtels-Dieu, maisons d'accueil qui, du Moyen Âge à la Révolution française, ont pour mission, au nom du principe de charité, d'assister et de soigner les nécessiteux. Il est difficile de distinguer les hospices des hôtels-Dieu, qui accueillent indifféremment pauvres et malades, pèlerins et voyageurs. Toutefois, deux éléments semblent différencier ces deux types d'établissements charitables : l'instance dont ils dépendent et le type de population qu'ils accueillent. En effet, alors que des couvents et des laïcs sont à l'origine de la fondation des hospices, c'est à l'initiative des évêques et sous leur contrôle que se développent les hôtels-Dieu. En outre, une forme de spécialisation s'affirme à la fin du Moyen Âge qui voit les hospices héberger les pèlerins et les indigents, tandis que les hôtels-Dieu se réservent l'accueil des malades. 2 LA NAISSANCE DE L'ASSISTANCE HOSPITALIÈRE 2.1 Des sanctuaires aux oeuvres charitables Il existe dès l'Antiquité des lieux où les malades et les vieillards peuvent recevoir des soins. En Grèce, notamment, outre les établissements traditionnels où officient des médecins, les malades se rendent dans les sanctuaires dédiés au dieu guérisseur Asclépios pour y chercher un remède à leurs maux. La Rome impériale possède des établissements proches des hôpitaux modernes. Néanmoins, on ne peut encore parler d'hospice, car la notion essentielle de charité fait défaut (voir histoire de la bienfaisance). La diffusion de la religion chrétienne permet l'épanouissement d'une forme sociale de la miséricorde : l'assistance hospitalière. Celle-ci est considérée très tôt comme l'une des tâches incombant à l'Église, qui se doit d'accueillir les disciples de Jésus et de faire preuve de bonté envers les pauvres et les malades. 2.2 Du xenodochium à l'hôtel-Dieu À Byzance, le concile de Nicée, en 325 apr. J.-C., institue la création de xenodochium, lieux destinés à héberger et à soigner les pauvres et les voyageurs. Plusieurs établissements de ce type sont ainsi construits, à l'image du Ptocheion fondé par saint Basile à Césarée, en Cappadoce. Grâce au dynamisme des évêques et à l'afflux des dons, les fondations se développent, accueillant de nouvelles catégories de personnes (orphelins ou vieillards, par exemple). En Occident, du fait des Grandes Invasions, les fondations sont plus tardives. À partir des VIe et VIIe siècles, elles se multiplient à Lyon, Reims, Châlons, Poitiers et au Mans. Ces établissements sont cependant beaucoup moins élaborés et spécialisés que ceux de Byzance. Leur tâche consiste à soulager plutôt qu'à guérir. Placés sous l'autorité de l'évêque, ces hospices sont baptisés hôtels-Dieu. Ils sont constitués, pour la plupart, d'une simple bâtisse dotée d'une petite chapelle. Le personnel se compose d'un clerc et de deux ou trois autres personnes. L'Hôtel-Dieu de Paris, fondé par l'évêque saint Landry en 650, déroge cependant à cette règle. Installé dans un couvent, il reçoit un quart des revenus perçus par les clercs parisiens. Il se compose de plusieurs salles : une première accueille les urgences, une deuxième tous les patients hormis les femmes enceintes, auxquelles la salle des accouchées est réservée. À l'exception des lépreux, tous les malades peuvent s'y rendre. Au XVe siècle, l'Hôtel-Dieu de Paris accueille jusqu'à 400 malades en temps normal, chiffre qui peut atteindre plus d'un millier dans les périodes d'épidémie. 3 L'EXPANSION DES ÉTABLISSEMENTS CHARITABLES AU MOYEN ÂGE 3.1 La fondation des ordres hospitaliers Avec le développement des villes, à partir du XIe siècle, les hôtels-Dieu deviennent insuffisants. Des établissements de plus grande taille sont donc construits ou aménagés. Les villes représentées par les assemblées bourgeoises, les grands seigneurs, les clercs et le roi participent à la fondation des hospices. L'hôpital de Compiègne, par exemple, est bâti sur l'initiative de Saint Louis. Les hospices se composent alors de plusieurs édifices. L'un accueille la grande salle où séjournent les malades, d'autres servent de cuisine, de pharmacie, d'entrepôt et de logement pour les religieux ou les religieuses. Au début du XIIe siècle, de nouveaux ordres religieux sont instaurés pour gérer et faire fonctionner ces hospices, comme l'ordre du Saint-Esprit, l'ordre de Malte et l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem. Ces ordres prennent le nom d'hospitaliers. 3.2 Le rôle des abbayes dans le développement des hospices Dans les campagnes, il existe également des maisons-Dieu, qui servent de maisons de soins pour les malades et offrent souvent un abri aux pauvres mais aussi aux pèlerins, si bien qu'elles sont construites, le plus souvent, le long des voies de communication. Dans les abbayes, notamment dans celles qui se trouvent sur les routes de pèlerinage, des bâtiments sont réservés aux soins et à l'hébergement. À Cluny, par exemple, est mis en place un grand hospice accueillant les malades mais aussi les voyageurs. L'un des exemples les plus célèbres de ces hospices monastiques est celui fondé par saint Bernard de Menthon au Xe siècle, au col du Grand-Saint-Bernard, afin de protéger les voyageurs lors des passages difficiles et de leur porter secours. On retrouve ces mêmes préoccupations au moment de la construction des abbayes cisterciennes, à partir du XIe siècle. 4 L'AGGRAVATION DE LA PAUVRETÉ ET LA LAÏCISATION DES ÉTABLISSEMENTS HOSPITALIERS 4.1 Le déclin de l'Église La guerre de Cent Ans affaiblit considérablement l'ensemble des établissements hospitaliers en entraînant la destruction totale ou partielle de plusieurs hospices. Les revenus que les établissements tirent de leurs domaines fonciers diminuent, tandis que les dons et les legs se font également plus rares. L'Église n'est plus capable d'assurer l'accueil des malades et des pauvres, dont le nombre ne cesse de croître. Aussi, progressivement, les laïcs sont-ils amenés à intervenir dans l'administration des hospices -- d'autant que d'autres problèmes surviennent, tels que l'indiscipline ou l'absence injustifiée des religieux. 4.2 De la charité à l'enfermement L'administration hospitalière échappe progressivement à l'Église. Au XVIe siècle, la municipalité de Paris est ainsi chargée de gérer l'Hôtel-Dieu. Les bourgeois ne sont cependant pas les seuls à s'immiscer dans un domaine jusque-là réservé aux clercs : les rois de France réclament aussi un droit de regard. Dès le XVIe siècle, ces derniers interviennent afin de redresser les finances de ces établissements et d'y restaurer la discipline. Henri IV crée ainsi, en 1604, le premier hôpital militaire, réservé aux anciens soldats. En 1656, Louis XIV regroupe cinq hôpitaux parisiens au sein de l'Hôpital général de Paris, qui est chargé d'accueillir, ou plus exactement d'enfermer, plus de 6 000 pauvres afin de lutter contre la mendicité et le vagabondage. À la fin du XVIIe siècle, de nombreuses villes françaises se sont dotées d'établissements semblables, plus proches de la prison que de l'hospice (voir histoire de l'enfermement). L'Église réagit à ce qu'elle perçoit comme une ingérence. Elle encourage les inspections des hospices par les évêques, afin de rétablir et surveiller la gestion et la discipline. En outre, de nouvelles congrégations hospitalières voient le jour : la plus remarquable est sans doute l'ordre de Saint-Vincent-de-Paul. 4.3 De l'hospice à l'hôpital À la fin de l'Ancien Régime, si la vocation des hospices n'a guère évolué depuis le Moyen Âge -- soulager les miséreux et les malades --, le nombre de personnes concernées a considérablement augmenté et les finances manquent. Les hospices sont très critiqués au XVIIIe siècle, en particulier par les philosophes des Lumières. L'hygiène qui y règne est très approximative, et beaucoup d'indigents ou de nécessiteux restent à la rue. Ce système inefficace doit être réformé. Il faut attendre la Révolution française et la Convention pour que les hospices, tels qu'ils existaient au Moyen Âge, disparaissent. Sous la Convention, les établissements hospitaliers sont laïcisés et nationalisés. Le principe hospitalier n'existe plus. L'hôpital moderne est né. Désormais, si le terme hospice perdure, c'est pour désigner les maisons accueillant les vieillards les plus démunis. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.