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Hume : Enquête sur l'entendement humain

Publié le 22/02/2012

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hume
Un miracle est une violation des lois de la nature ; comme une expérience ferme et inaltérable a établi ces lois, la preuve qui s'oppose à un miracle par suite de la nature même du fait est aussi entière qu'aucun argument imaginable tiré de l'expérience. Pourquoi est-il plus que probable que tous les hommes doivent mourir ? que du plomb ne peut, de lui-même, rester suspendu en ? que le feu consume le bois et que l'eau l'éteint ? sinon parce qu'on a trouvé que-ces événements étaient conformes aux lois de la nature ; et il faut donc une violation de ces lois ou, en d'autres termes, il faut un miracle pour les empêcher de se produire. On n'estime pas qu'un fait est un miracle s'il se produit jamais dans le cours commun de la nature. Ce n'est pas un miracle qu'un homme, apparemment en bonne santé, meure subitement ; car un tel genre de mort, bien que plus inhabituel qu'un autre, on a pourtant fréquemment observé qu'il se produisait. Mais c'est un miracle qu'un mort puisse revenir à la vie ; car le fait n'a jamais été observé à aucune époque ni en aucun pays. Il faut donc qu'il y ait une expérience uniforme contre tout événement miraculeux, sinon l'événement ne mériterait pas cette appellation. Et comme une expérience uniforme se monte à une preuve, il y a ici une preuve directe et entière, tirée de la nature du fait, contre l'existence d'un miracle ; une telle preuve ne peut être détruite et le miracle rendu croyable que par une preuve contraire supérieure. [...] Quand un homme me dit qu'il a vu un mort rappelé à la vie, je considère immédiatement en moi-même s'il est plus probable que cet homme me trompe ou qu'il se trompe, ou que le fait qu'il rapporte s'est réellement produit. Je pèse, l'un après l'autre, les deux miracles ; et, selon la supériorité que je découvre, je prononce ma décision et rejette toujours le plus grand miracle. Si la fausseté de son témoignage était encore plus miraculeuse que l'événement qu'il rapporte, alors, et alors seulement, il peut prétendre gouverner ma croyance et mon opinion. David HUME, Enquête sur l'entendement humain, 1748, section X, première partie.

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