Devoir de Philosophie

injuste et n'a pas fait un usage correct de la rhétorique.

Publié le 22/10/2012

Extrait du document

injuste et n'a pas fait un usage correct de la rhétorique. L'as-tu dis ou non ? — G. Je l'ai dit. — S. Or, voilà maintenant que le même homme, l'orateur, est capable de se montrer injuste. Est-ce vrai ? — G. Évidemment. — S. Dans tes premiers propos, Gorgias, tu disais que la rhétorique concernait les discours, non pas ceux qui traitent du pair et de l'impair, mais du juste et de l'injustice. Est-ce vrai ? — G. Oui. — S. En t'entendant dire cela, j'ai supposé que la rhétorique ne serait jamais chose injuste, puisque la justice est toujours le sujet de ses discours. Mais quand tu m'as dit peu après qu'il pouvait arriver que l'orateur fasse un mauvais usage de la rhétorique, je me suis étonné et jugeant tes propos contradictoires, j'ai déclaré : si tu juges que tu peux trouver le même profit que moi à être réfuté, cela vaut la peine de poursuivre l'entretien dialectique, sinon, mieux vaut le rompre. Or en poursuivant notre examen, tu vois toi-même que nous nous accordons à dire qu'il est impossible que l'orateur fasse un usage injuste de la rhétorique et consente à être injuste. Qu'en est-il au juste ? Un bref échange de propos ne saurait suffire à rendre l'examen concluant. Gorgias, 458e-461b A. LES RÈGLES DE L'ENTRETIEN DIALECTIQUE 1. DIALOGUER, CE N'EST PAS DISCOURIR [RÉCIT DE SOCRATE] Ceux qui étaient présents ayant fait une ovation au beau discours de Protagoras, je lui dis : « Il se trouve que pour ma part je suis un homme oublieux et quand on me tient un long discours, j'en oublie le sujet. S'il se trouvait que je fusse dur d'oreille, il te faudrait pour t'entretenir avec moi me parler plus haut qu'aux autres ; eh bien, de même, puisqu'il se trouve que tu as affaire à un homme oublieux, fais-moi la grâce de condenser tes réponses et de les faire plus brèves, pour que je puisse te suivre. — En quel sens m'invites-tu à faire de brèves réponses ? dois-je les faire plus brèves qu'il ne faut ? — Nullement. Alors, de la longueur qu'il faut ? — Oui. — Mais est-ce de celle que, moi, je juge telle, ou bien de celle que, toi, tu juges telle ? — A la vérité, j'ai ouï-dire que sur les mêmes sujets tu es capable de tenir toi-même ou d'apprendre aux autres à tenir soit des discours aussi longs qu'on veut sans que jamais la parole fasse défaut, soit au contraire des propos si brefs que nul ne soit capable d'en tenir de plus brefs ; alors, si tu veux t'entretenir avec moi, c'est à la seconde méthode, celle de la parole brève qu'il te faut recourir. — Il m'est déjà arrivé d'affronter maints adversaires dans les luttes oratoires, Socrate, et si j'avais fait ce que tu me demandes, si j'avais accepté de mener le débat selon la méthode prescrite par le contradicteur, je ne paraîtrais pas supérieur à quiconque, et le nom de Protagoras ne se serait pas imposé aux Grecs. « — Et moi, comprenant qu'il n'était pas content de lui après ses précédentes réponses et qu'il ne consentait pas de bon gré à être le répondant dans le dialogue, je jugeai que ce n'était plus mon affaire d'assister à ces colloques, et je lui dis : « Mais moi non plus, Protagoras, je n'insiste pas pour que la réunion se déroule de manière différente de celle que tu juges bonne : quand tu voudras bien dialoguer en sorte que je puisse te suivre, je m'entretiendrai avec toi. Car toi, à ce qu'on dit et à ce que tu prétends toi-même, tu es capable de nouer entretien aussi bien en discours longs qu'en discours brefs : c'est que tu es un habile homme ; mais moi, les propos longs me dépassent, quel que soit mon désir d'être à la hauteur. C'était à toi, qui es capable de pratiquer les deux genres, de nous faire concession pour que l'entretien ait lieu. Mais puisque tu n'y consens pas et que, de mon côté, je n'ai ni le loisir ni la capacité de rester te suivre en tes longs discours, car j'ai affaire ailleurs, je m'en vais ; autrement, sans doute n'est-ce pas sans agrément que j'aurais écouté même ces longs discours. « Comme je me levais pour partir, Callias d'une main me saisit le bras, de l'autre retint mon manteau et dit : « Nous ne te laisserons pas partir, Socrate, car si tu t'en allais nos échanges changeraient de nature. Je te prie donc de rester, car rien ne m'agrée davantage que le dialogue entre Protagoras et toi. À tous, fais-nous ce plaisir. « — J'étais déjà debout pour sortir : « Fils d'Hipponicos, lui dis-je, je ne cesse, pour ma part, de me réjouir de ton amour du savoir et en ce moment même je le loue et l'apprécie au point de souhaiter te faire plaisir, si ce que tu me demandes était possible ; mais en l'occurrence, c'est

« A.

LES RÈGLES DE L'ENTRETIEN DIALECTIQUE 1.

DIALOGUER, CE N'EST PAS DISCOURIR [RÉCIT DE SOCRATE] Ceux qui étaient présents ayant fait une ovation au beau discours de Protagoras, je lui dis : « Il se trouve que pour ma part je suis un homme oublieux et quand on me tient un long discours, j'en oublie le sujet.

S'il se trouvait que je fusse dur d'oreille, il te faudrait pour t'entretenir avec moi me parler plus haut qu'aux autres ; eh bien, de même, puisqu'il se trouve que tu as affaire à un homme oublieux, fais-moi la grâce de condenser tes réponses et de les faire plus brèves, pour que je puisse te suivre.

- En quel sens m'invites-tu à faire de brèves réponses ? dois-je les faire plus brèves qu'il ne faut?- Nullement.

Alors, de la longueur qu'il faut? - Oui.

-Mais est-ce de celle que, moi, je juge telle, ou bien de celle que, toi, tu juges telle ? - A la vérité, j'ai ouï-dire que sur les mêmes sujets tu es capable de tenir toi-même ou d'apprendre aux autres à tenir soit des discours aussi longs qu'on veut sans que jamais la parole fasse défaut, soit au contraire des propos si brefs que nul ne soit capable d'en tenir de plus brefs ; alors, si tu veux. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles