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« Je tiens dit Duhamel, que le romancier est l'historien du présent » Cette formule appliquée à Pierre et Jean vous paraît elle exacte ?

Publié le 18/09/2010

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Le XIXe siècle, et notamment  le courant artistique du  romantisme, a révélé certains rapports entre l'histoire et le roman. L'historien symbole de l’objectivité, est en constante recherche de la vérité, s’appuyant sur des documents réels. Le romancier lui pour composer, doit s'appuyer sur les observations qu’il constate au sein de sa propre société, mais aussi sur son imagination. Cette formule s’applique donc bien à Pierre et Jean le roman de Maupassant.

Nous devrons nous demander dans un premier temps si comme le dit Duhamel, le romancier est bien l'historien du présent. Dans un deuxième temps, si le romancier n'était qu'un raconteur d'histoire et non pas un « historien du présent «. Enfin nous finirons par voir si le romancier n'est pas au final un modèle unique, historien de son époque en se permettant quelques libertés.

Le romancier est il l’historien du présent ?

 

I. Le romancier est l’historien du présent

1. Le romancier part d’éléments du réel

 

Le romancier s’appuie sur le réel pour composer les principaux éléments de son roman, par des faits observés ou par des faits divers de journaux, qui lui inspirent des histoires, de la même façon que les historiens s’appuient sur des bases réelles. Comme Maupassant l’explique dans la préface de Pierre et Jean, le courant auquel il appartient marque bien la rupture avec le passé et s’inspire d’éléments du réel. « Donc, après les écoles littéraires qui ont voulu nous donner une vision déformée, surhumaine, poétique, attendrissante, charmante ou superbe de la vie, est venue une école réaliste ou naturaliste qui a prétendu nous montrer la vérité, rien que la vérité et toute la vérité. «. Dans le roman expérimental, Zola lui, affirme que « l'imagination n'est plus la qualité maîtresse du romancier «.

 

2. Le romancier sociologue de son temps

 

Les romanciers en général, mais en particulier les naturalistes comme Guy de Maupassant ou bien Zola ont cherché à faire des analyses précises de leurs sociétés en parlant de thèmes tabou comme dans Pierre et Jean avec l’adultère de Mme Rosémilly. On retrouve aussi chez Zola ce désir de comprendre la société qui l’entoure :  « J'en suis donc parvenu à ce point : le roman expérimental est une conséquence de l'évolution scientifique du siècle ; il continue et complète la physiologie, qui elle-même s'appuie sur la chimie et la physique ; il substitue à l'étude de l'homme abstrait, de l'homme métaphysique, l'étude de l'homme naturel, soumis aux lois physico-chimiques et déterminé par les influences du milieu ; il est en un mot la littérature de notre âge scientifique, comme la littérature classique et romantique a correspondu à un âge de scholastique et de théologie. «

3. Le romancier utile à l’historien de demain

Le romancier, dans sa manière de décrire la société qui l’entoure, la façon dont les gens se comportent au sein de cette même société, est très importante pour les historiens de demain, qui grâce au roman comme preuve pourront dresser un tableau de cette société avec du recul comme tout bon historien.  Comme le disait Norman Mailer « Le romancier est indispensable à l'historien et, inversement, il n'y a jamais eu de grand romancier qui n'ait été un peu historien.«

 

II. Le romancier n’est pas l’historien du présent

   1. Le roman : définition

 

Un roman est, par définition, est une œuvre imaginaire. « : Récit en prose d'aventures imaginaires «. Donc dans tous les romans il y a une part d’imagination, même chez les naturalistes comme Maupassant. Donc dans ce cas on ne peut dire que le romancier soit semblable à un historien du présent.

 

2. Le roman imaginaire

Certains romanciers composent des œuvres totalement imaginaires comme on le retrouve dans les romans fantastiques, ou de science-fiction. Dans la mesure où l’intégralité de ses œuvres soit imaginée par le romancier, on ne peut pas dire qu’il soit l’historien de son époque.

 

3. Le romancier : embellisseur de la réalité

Certains romanciers embellissent la réalité comme le dénonce Maupassant : « le romancier qui transforme la vérité constante, brutale et déplaisante, pour en tirer une aventure exceptionnelle et séduisante, doit, sans souci exagéré de la vraisemblance, manipuler les événements à son gré, les préparer et les arranger pour plaire au lecteur, l’émouvoir ou l’attendrir. «. Selon Charles Plisnier, « Le romancier est l'historien de ce qui ne se voit pas.«

 

III. Le romancier, un être unique

 

Le romancier est un être hors normes. C'est un alliage subtil puisque il ne puise pas toute son inspiration dans les faits réel et qu'il n'invente pas toute une histoire à chaque livre. Chaque œuvre a ça dose de vrai et d'imaginer selon les auteurs qui sont sensiblement différents les un des autres.  Le romancier est très important cependant pour les historiens, car il sait maître en lumières leurs sociétés et ils ont un rôle majeur pour les historiens de demain. Pour illustrer ceci, nous pouvons cités Rivarol « L'historien et le romancier font entre eux un échange de vérités, de fictions et de couleurs, l'un pour vivifier ce qui n'est plus, l'autre pour faire croire ce qui n'est pas.«

 

Conclusion. — Le roman et l'histoire utilisent les mêmes facultés de l'esprit, mais en proportion inverse, et doivent rester distincts. Comme le disait Duhamel lui-même « Le but suprême du romancier est de nous rendre sensible l'âme humaine, de nous la faire connaître et aimer dans sa grandeur comme dans sa misère, dans ses victoires et dans ses défaites. Admiration et pitié, telle est la devise du roman.«

 

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