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Jeune homme à la tête de mort

Publié le 17/04/2012

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Ce célèbre tableau de Frans Hals, peint entre 1626 et 1628, ne prétend à aucune érudition historique. Huile sur toile (92,2x 80,8 cm) l’oeuvre est exposé aujourd’hui au «National Gallery» à Londres.

Malgré les apparences, ceci n’est pas un portrait, mais représente plutôt ce que l’on connaissait à l’époque sous le nom de «vanité». Les thèmes traités étaient la mort et la brièveté de la vie. Catégorie particulière de nature morte  dont la composition allégorique suggère que l’existence terrestre est vide, vaine, la vie humaine précaire et de peu d’importance. Très répandu à l’époque baroque, particulièrement en Hollande. Le temps et la mort ne cessent de vouloir être captés par les artistes. On retrouve à travers cette volonté de capter l’insaisissable, la liaison entre les vanités classiques et contemporaines. Cette oeuvre a été réalisé en appliquant des couches successives, comme il était courant de procéder à l’époque. Il semblerait que Hals avait pour habitude d’appliquer la sous-couche de peinture de façon très lâche, ce qui témoigne de sa virtuosité dès le commencement de l’œuvre. Il a peint cette oeuvre de façon simplifié, sans un fini lisse contrairement à ce que faisaient la plupart de ses contemporains. Ici, il applique la couleur par des taches, des lignes, des points, de larges touches, et peu de détails y sont représentes. Ces effets n’enlève cependant pas le dynamisme du tableau et la vitalité de son sujet y est perceptible.

On voit un adolescent tenant une tête de mort, évocation de la fugacité de la vie et la certitude de la mort. Vêtu de vêtements exotiques rappellant ceux utilisés chez les sujets allégoriques par les disciples du Caravage. Son chapeau est orné d’un plumet quelque peu théâtral pointant vers le bas, en direction du crâne. Malgré la fantaisie de son costume, on peut apercevoir une certaine sagesse dans les yeux du protagoniste en contraste avec son visage rond et ses pommettes rosées. Hals peint toujours des individualites saisies sur le vif , ici sa pose peut nous évoquer qu’il est en plein débat; sa main droite en mouvement semble ferme et vibrante. Sa main gauche est au contraire immobile, soutenant le crâne. Il est vrai que, même s’il est seul représenté, on lui devine un public, ou, plus réellement, un auditoire. Ses cheveux, presque ébouriffés à l’instar de son plumet de couleur rouge, font contraste encore avec la cape, ample et solennelle, qui donne au jeune homme une carrure virile. Enfin, la présence massivede ce personnage (accentuée par l’absence de décors) semble atténuée par la fuite de son regard. Le peintre a une manière un peu analogue de s’exprimer, puisqu’il s’adresse aux autres par l’intermédiaire de ses tableaux chargés de couleur. Cette oeuvre se dispose selon une double tendance au rouge, symbole de feu et de vie (chapeau, manche, visage, plumet) et au noir, représentant la terre et la mort (cape, chevelure, chapeau). Ce mélangé harmonieux de la couleur rappel donc parfaitement l’idée de vanité. La cape et la chevelure, antagonistes en leurs mouvements, sont similaires au point de vue de la couleur . L’opposition rouge-noir, du reste, ne crie pas, puisqu’il s’agit plutôt de rose et de brun, et que tout tend à se noyer dans un beige uniforme.

L’équilibre des couleurs représente tout l’importance du tableau. Tout semble être en dissonance ici, cependant, si cette oeuvre est constituée de contrastes, c’est de contrastes résorbés; Les traits enfantins du personnages subliment la grande intelligence du regard ; il n’observe pas la tête de mort mais la sent peser sur sa main gauche ; il considère un événement extérieur avec une attention sincère et maîtriser. L’utilisation de jeune hommes, femmes est récurent au thème de la vanité, ces artistes évoquent le caractère transitoire et inévitable de la vie humaine comme un problème sans réponse.  Là réside le charme et l’âme du tableau de Frans Hals ; les traits adolescents du personnage n’incitent pas qu’à s’attendrir ; ils sont aussi et surtout charismatiques, infiniment plus en tout cas que le serait la mimique trop sereine d’un vieillard barbu, dont la sagesse traduit simplement la baisse des forces vives. Dans le «Jeune homme à la tête de mort» portrait le futur d’un être humain, destiné a mourir certes, mais la sagesse et la fougue qu’émane le protagoniste nous conforte dans son futur. L’artiste n’expose plus une inévitable tragédie mais montre le temps qui passe comme un moyen de s’épanouir avec grandeur. Frans hals fournit ici une réponse au thème de la vanité; Telle est l’ultime génialité de l’artiste, qui, dépassant les fades allégories en vogue, sut composer une œuvre digne de contemplation, esthétique et morale.

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