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jeunesse, littérature pour la - littérature.

Publié le 28/04/2013

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jeunesse, littérature pour la - littérature. 1 PRÉSENTATION jeunesse, littérature pour la, ensemble de textes composés à l'intention des jeunes, destinés à leur être racontés ou à être lus par eux. La littérature pour la jeunesse, tout au long de son histoire, a aussi intégré de nombreuses oeuvres primitivement écrites pour un public adulte. 2 LA TRADITION AVANT LA LITTÉRATURE POUR LA JEUNESSE 2.1 Contes populaires, légendes, mythes, comptines Tant que l'enfant n'a pas eu d'existence sociale propre et que la notion même d'enfance n'a pas été clairement définie (voir histoire de l'enfance), la littérature pour la jeunesse s'est longtemps résumée à des assimilations ou à des adaptations, orales ou écrites, de formes littéraires originellement destinées à un public adulte. La tradition orale des contes populaires, des légendes, des mythes, des comptines ou des poèmes a ainsi constitué le premier réservoir de textes littéraires susceptibles de toucher les jeunes. En Grande-Bretagne par exemple, les histoires transmises par les parents aux enfants, de génération en génération, étaient des ballades mettant en scène des héros légendaires ou encore des contes chantés par des bardes ambulants, comme Taliesin (poète gallois du 2.2 VIe siècle), en l'honneur d'ancêtres mythiques. L'édification morale de la jeunesse Avec l'avènement de l'imprimerie, au milieu du XVe siècle, des ouvrages à vocation pédagogique destinés aux enfants commencent à paraître. Ainsi, le premier imprimeur anglais, William Caxton, publie Book of Curtesye en 1477. Ce « livre de courtoisie « est un ensemble de poèmes rimés qui définit les règles de conduite d'un enfant sage. Les enfants sont donc soumis à la lecture d'ouvrages non illustrés et moralisateurs -- soit exactement l'inverse de ce qu'on attend aujourd'hui de la littérature pour la jeunesse. Le Télémaque de Fénelon (1699) procède de la même logique. Le Voyage du pèlerin (The Pilgrim's Progress), de John Bunyan, publié en deux parties en 1678 et 1684, connaît un grand succès auprès d'un lectorat très jeune, auquel le livre n'était pas initialement destiné. Ce processus de détournement sera un phénomène constant durant plusieurs siècles. 3 LE DÉVELOPPEMENT DE LA LITTÉRATURE POUR LA JEUNESSE AUX XVIIIE ET XIXE SIÈCLES 3.1 La littérature d'aventure L'exemple le plus manifeste et le plus célèbre de glissement d'un public adulte vers celui des jeunes est sans conteste le Robinson Crusoé (1719) de Daniel Defoe. Conçue à l'origine comme une réflexion sur le libéralisme bourgeois et individualiste, l'histoire de ce naufragé sauvé par sa foi et son ingéniosité est devenue un chef-d'oeuvre de la littérature pour la jeunesse. Le thème de l'aventure sur une île coupée du monde donnera lieu par la suite à nombre de récits, qu'ils soient de véritables « robinsonnades « (le Robinson suisse, de Johann David Wyss, en 1812 ; Vendredi ou la Vie sauvage, de Michel Tournier, en 1971) ou non (l'Île au trésor, de Robert Louis Stevenson, en 1883). 3.2 Un lectorat à part entière Vers 1750, la boutique de John Newbery, située à proximité de la cathédrale Saint-Paul, attire à la sortie du service religieux les enfants de la bourgeoisie londonienne, qui y découvrent la Juvenile Library : romans imprimés sur un papier de qualité, illustrés par des dessinateurs de talent (notamment Thomas Bewick) et rédigés par des écrivains sensibles au monde de l'enfance. Avec l'essor de la bourgeoisie, John Newbery pressent l'émergence d'un nouveau lectorat à qui il faut offrir une « matière à lire « (qui soit en rapport avec son âge et son statut) et en même temps de qualité. Cependant, il limite sa production spécialisée, ne se hasardant à publier qu'une demi-douzaine de livres purement récréatifs comme Little Pretty Book (qui contient l'histoire de Jack-the-Giant-Killer) ou Margery Two Shoes. La plupart de ses autres ouvrages restent didactiques et moralisants. Plus d'un siècle plus tard paraissent, en France, les premiers livres écrits à l'intention des jeunes. Le phénomène, cette fois, est massif : les mentalités ont sensiblement évolué. La loi Guizot de 1833, qui fait obligation à chaque commune d'avoir une école élémentaire, crée un énorme public potentiel de lecteurs. La bourgeoisie s'affirme comme une force sociale, l'instruction s'étend, la presse et les journaux pour jeunes se développent. En 1832, dans le Journal des enfants paraissent les Mésaventures de Jean-Paul Choppard de Louis Desnoyers, l'un des premiers exemples de roman dont l'intrigue se démarque de l'inévitable leçon de morale : un enfant fugueur, non exemplaire, non « vertueux «, amené à vivre avec des bohémiens, y tient le premier rôle. Le roman pour jeunes est né. Il reste aux éditeurs à organiser le phénomène. 3.3 Un phénomène éditorial Pierre Jules Hetzel et Louis Hachette, comme John Newbery avant eux, s'insurgent contre la qualité médiocre des ouvrages s'adressant à la jeunesse et font appel à des auteurs reconnus. Aux écrivains « spécialisés « de la première partie du siècle, femmes, hommes d'Église, éducateurs surtout, succèdent des romanciers professionnels -- ou qui le deviennent à cette occasion : la comtesse de Ségur, Jules Verne, Jules Sandeau, Hector Malot, George Sand, Alexandre Dumas, Charles Nodier. La Libraire Hachette crée en 1855 la « Bibliothèque rose «, collection exclusivement destinée aux jeunes, qui propose des livres à couverture rose disponibles partout à bas prix, y compris dans les gares. Une place de choix est accordée aux romans de moeurs de l'enfance. Louis Hachette conclut notamment un contrat avec la comtesse de Ségur, stipulant que l'auteur cède à la maison Hachette le droit de « publier une édition de 5 000 exemplaires « d'un ouvrage intitulé Contes à mes petites- filles. Les Mémoires d'un âne rapporte à lui seul plus de trois millions or, et la comtesse de Ségur doit écrire deux romans par an jusqu'en 1871 (les Petites Filles modèles, 1859 ; les Malheurs de Sophie, la Fortune de Gaspard, 1864 ; Un bon petit diable, 1865 ; le Général Dourakine, 1866), tous illustrés par de grands artistes, parmi lesquels figure Gustave Doré. Sans doute ce succès s'explique-t-il d'abord par la nature des intrigues qui composent ces ouvrages. Malgré leur mièvrerie apparente et leur cruauté, l'univers qu'ils évoquent est réaliste : désormais l'enfant-lecteur peut s'identifier aux enfants-héros. 3.4 La volonté d'instruire Le développement de l'instruction primaire (voir histoire de l'enseignement) s'accompagne de l'émergence d'une littérature documentaire d'information scientifique et technique, qui se développe parallèlement à la littérature d'imagination. Ce contexte éducatif est à l'origine de la célèbre revue le Magasin illustré d'éducation et de récréation, fondée par Pierre Jules Hetzel. Le premier numéro paraît en 1864. Pas moins de trente-huit ouvrages illustrés de 5 000 dessins vont paraître par le biais de cette revue. Autour d'Hetzel, les écrivains sont groupés selon leur spécialité : Jean Macé se consacre aux livres scientifiques et instructifs, Jules Verne au roman d'aventures, Jules Sandeau et Hector Malot aux romans « domestiques «. L'édition pour la jeunesse progresse au point de permettre à Hetzel de renoncer dès 1872, à l'exception de quelques oeuvres, à tout ce qui ne concerne pas l'enfance et la jeunesse. Le livre pour enfants est définitivement passé dans les moeurs. 3.5 Un phénomène mondial À l'étranger, la littérature pour la jeunesse se développe également, et plusieurs écrivains se tournent vers ce nouveau public. Au Royaume-Uni, Lewis Carroll publie ainsi les Aventures d'Alice au pays des merveilles en 1865 et sa suite, De l'autre côté du miroir, en 1872. Comme ces ouvrages, l'Île au trésor de Robert Louis Stevenson (1883) et le Livre de la jungle de Rudyard Kipling (1894) sont devenus des classiques. De même apparaissent aujourd'hui comme des chefs-d'oeuvre de la littérature pour la jeunesse Heidi (1880) de l'écrivain suisse Johanna Spyri, dont l'héroïne est une petite fille pleine d'allant vivant dans les Alpes suisses ; les Aventures de Pinocchio (1881-1883) de l'Italien Carlo Collodi, texte à visée ouvertement éducative qui relate les malheurs d'une poupée de bois qui fait les quatre cents coups mais parvient finalement à devenir un enfant ; ou encore le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson (1906-1907) de Selma Lagerlöf, écrit directement pour le public scolaire, dont le personnage principal traverse la Suède sur le dos d'une oie. Le regain d'intérêt pour le folklore enrichit, comme au temps de la culture orale, le registre des mythes, des légendes et des histoires merveilleuses. Dans cette veine, les frères Grimm composent des recueils de contes qui sont publiés entre 1812 et 1815 et traduits dans le monde entier (Contes de Grimm). Les enfants ne cessent pas, pour autant, de lire les oeuvres prévues à l'origine pour les adultes. Aussi les romans de chevalerie de Walter Scott font-ils les délices de bon nombre de jeunes lecteurs. Il en va de même pour certains récits de James Fenimore Cooper ou d'Alexandre Dumas (le Comte de Monte-Cristo, les Trois Mousquetaires...), ou encore pour les récits policiers (séries des Sherlock Holmes d'Arthur Conan Doyle). Ils montrent une fois de plus combien le développement de la littérature populaire et celui de la littérature pour la jeunesse sont intimement liés. 3.6 Les livres illustrés Progressivement, l'importance de l'image est prise en considération, et une tradition du livre illustré pour enfants se développe. Des écrivains, véritables précurseurs de la bande dessinée, commencent à agrémenter leurs récits de vignettes. Le texte n'est pas intégré à l'image mais figure généralement dessous. En Allemagne, Wilhelm Busch met en images, dès 1860, l'histoire d'une souris qui perturbe le repos des braves gens ; mais ce sont surtout les aventures de deux garnements, Max et Maurice, publiées en 1865, qui font sa célébrité. En France, Christophe compose à partir de 1873 des récits illustrés : la Famille Fenouillard, 1889-1893 ; les Aventures du sapeur Camember, 1890-1896 ; le Savant Cosinus, 1893-1899. 3.7 Les premiers périodiques pour enfants Les premiers périodiques pour enfants jouent un rôle actif dans le développement de la littérature pour la jeunesse, et leur influence reste tangible jusqu'au début du XXe siècle. En 1775, en Allemagne, Christian-Felix Weiss lance à Leipzig Der Kinderfreund (littéralement « l'ami des enfants «) ; ce journal a pour but d'amuser les enfants et de les amener naturellement à être vertueux. Rapidement, les titres proposés deviennent de plus en plus « soporifiques « (Ô douce et chère application ; Enfant, ressemble à l'abeille), et le succès de cet auteur s'estompe. En France, les publications pour la jeunesse se multiplient au fil des années : l'Ami des enfants (1782), d'André Berquin ; le Portefeuille des enfants (1783), d'Antonin Duchesne et Auguste Savinien ; le Portefeuille récréatif (1791), le Courrier des enfants (1795), le Courrier des adolescents (1797), le Dimanche ou Récréation de la jeunesse (1815). Durant toute cette période, le lectorat se limite aux enfants riches, bourgeois ou aristocrates. Malgré l'accroissement du public potentiel dû aux progrès de l'instruction primaire, le journal pour enfants reste un privilège. Au fil du XIXe siècle, le contenu rédactionnel des journaux pour les jeunes évolue ; il prend en compte les goûts des lecteurs (histoires divertissantes) et s'adapte aux nouvelles méthodes commerciales en vigueur dans la presse adulte (recours à la publicité). L'écrivain Jules Janin définit l'idée du journal moderne pour enfants dans le premier éditorial du Journal des enfants, lancé par Eugène Foa en 1832 : « Dans un siècle où tout se fait par les journaux, nous voulons que les enfants aient leur journal.[...] Nous voulons un journal tout simplement écrit, un enseignement progressif, une littérature facile, des enseignements paternels... Les hommes, les meilleurs de la littérature contemporaine, nous ont tous promis leur concours «. En effet, ce périodique offre des histoires écrites par de grands auteurs : Charles Nodier, Désiré Nisard, Chateaubriand, Alfred de Musset, Jules Janin, Louis Desnoyers. Dans le même esprit, Hachette publie en 1857 un nouvel hebdomadaire pour enfants, la Semaine des enfants. Il est mis en vente au prix compétitif de dix centimes le numéro. Ce journal se propose d'enseigner en retenant l'attention du jeune lecteur par des jeux et des histoires. Il remplit de surcroît une fonction commerciale de premier ordre, puisqu'il permet à son éditeur de se renseigner sur les goûts du lectorat avant de publier des récits sous la forme de livres. Tous les ouvrages de la comtesse de Ségur paraissent ainsi dans cet hebdomadaire avant leur publication en volumes. En Italie, Martini lance en 1881 un Journal des enfants, où paraît en feuilleton l'Histoire d'un pantin, de Carlo Collodi, qui devient deux ans plus tard, publié en volume, les Aventures de Pinocchio. Ce n'est cependant qu'à la toute fin du XIXe siècle que les journaux pour les jeunes prennent un essor véritable, cela pour deux raisons : d'abord parce que l'évolution des techniques d'édition permet alors de lancer sur le marché des feuilles à moindre coût et accessibles à un large public ; ensuite parce qu'apparaît à cette période un gisement de nouveaux lecteurs formés par l'école gratuite et obligatoire. 4 LA LITTÉRATURE POUR LA JEUNESSE AU XXE SIÈCLE 4.1 Les premiers grands succès internationaux Après la Première Guerre mondiale, certains auteurs commencent à concevoir leurs oeuvres en fonction d'une tranche d'âge spécifique, et, par voie de conséquence, à les adapter à un stade de développement intellectuel bien précis. Quelques histoires passent toutes les frontières : le récit des caprices de l'ourson Winnie dans Winnie-the-Pooh, du poète et dramaturge britannique Alan A. Milne, ou les histoires de Mary Poppins, de l'Australienne Paméla L. Travers, sont ainsi devenus des classiques de la littérature pour la jeunesse et ont été adaptés au cinéma par Walt Disney (Mary Poppins, 1964). Il n'en reste pas moins que des oeuvres non destinées à un public particulier, tels les Contes du chat perché (écrits par Marcel Aymé pour les « jeunes de 4 à 75 ans «) ou le Petit Prince de Saint-Exupéry se sont révélées capables, par leur fantaisie et par leur poésie, de toucher le public le plus large. 4.2 L'essor des livres illustrés Commencé dans la seconde moitié du XIXe siècle, le développement du livre illustré se poursuit et s'amplifie au XXe siècle, siècle de l'image par excellence. Les années 1900 voient naître le personnage de Bécassine (1905) -- imaginé par le scénariste Caumery (Maurice Languereau, 1867-1941) et le dessinateur Émile-Joseph Porphyre Pinchon (1871-1953) --, une jeune Bretonne mal dégrossie débarquant à Paris, dont la bêtise et la maladresse sont devenues proverbiales. Parallèlement, Louis Forton (1879-1934) se révèle un talentueux dessinateur réaliste avec ses Pieds Nickelés (inventés en 1909), qui connaissent une carrière d'une longévité exceptionnelle. Cette série, qui met en scène trois filous cambrioleurs, héros de mille aventures, rencontre la ferveur populaire. Forton récidive en 1924 avec Bibi Fricotin, gamin de Paris. Jean de Brunhoff (1899-1937) crée en 1931, dans le Voyage de Babar, un sympathique éléphant, Babar, dont le succès ne s'est pas démenti depuis lors. De cette tradition naît la bande dessinée, genre à part entière qui va toucher aussi bien les adultes que les jeunes, avec des séries telles que les Tintin de Hergé. 4.3 Les grandes collections des années cinquante Après la Seconde Guerre mondiale, les ouvrages pour la jeunesse suscitent un engouement exceptionnel, dû en partie à l'essor des éditions de poche, peu coûteuses, et à l'accroissement du nombre des bibliothèques. Cette période se caractérise par une certaine désaffection du public à l'égard des anciens contes moraux et des récits d'aventures classiques au profit de livres plus réalistes. En France, la « Bibliothèque rose « et la « Bibliothèque verte «, créées par Hachette, détiennent longtemps l'exclusivité sur le marché. Parmi les séries pour enfants les plus importantes figurent Alice de Carole Quine ; le Club des cinq, Oui-Oui, Jojo Lapin, le Clan des sept d'Enid Blyton ; Fantômette de Georges Chaulet ; les Six Compagnons de Paul-Jacques Bonzon ; Bennett d'Anthony Buckeridge. Enid Blyton est une ancienne institutrice anglaise, à qui l'on doit pas moins de cinq cents ouvrages, traduits dans quelque cent trente langues. 4.4 Une production abondante et très diversifiée Le marché du livre pour la jeunesse s'est ensuite diversifié. Après la vogue des « livres dont vous êtes le héros «, dans les années quatre-vingt, dont le principe est fondé sur une lecture interactive des romans, la tendance est revenue à la lecture simple. En France, des collections comme « Folio Junior « proposent des textes d'auteurs classiques (les Aventures de Tom Sawyer de Mark Twain ; Sa Majesté des Mouches de William Golding), suivis de suppléments ludiques (jeux et questionnaires) destinés à prolonger la lecture. La littérature et le support pédagogique y sont donc étroitement associés, tandis que des éditeurs tels que L'École des Loisirs développent des collections de fiction pure. Il est à noter, au passage, que la littérature pour la jeunesse n'est pas étrangère au phénomène des best-sellers : pour ne citer qu'un exemple parmi les plus significatifs, les quatre premiers volumes des aventures du jeune sorcier Harry Potter, de l'Écossaise Joanne Kathleen Rowling, se sont vendus en trois ans et demi à 5 000 000 d'exemplaires en France (plus de 100 millions d'exemplaires dans le monde). C'est dire le poids et l'enjeu commercial que représente, au même titre que la production pour adultes, le marché du livre pour la jeunesse. Des romans spécialement conçus pour les adolescents voient le jour ; ils mettent en scène des jeunes gens confrontés à des questions de vie quotidienne (découverte de la sexualité, difficultés relationnelles, violence, etc.). Daniel Pennac, Jeanne Benameur, Marie-Sophie Vermot, Susie Morgenstern, pour s'en tenir à la France, sont quelques-uns des auteurs de textes spécifiquement écrits pour les adolescents et qui portent la marque d'une vraie recherche stylistique. Les collections se spécialisent, à l'image de celles destinées aux adultes : policier, fantastique, etc. Les « albums «, livres dus souvent au double talent d'auteurs-illustrateurs, mêlent intimement la poésie du dessin à celle du texte. Tel est le cas notamment des ouvrages de l'écrivain et illustrateur américain Maurice Sendak ( Max et les Maximonstres, 1963), de Tomi Ungerer ou encore de Gabrielle Vincent (la série « Ernest et Célestine «). Le documentaire n'est pas en reste, pour toutes les tranches d'âge, du bébé à l'adolescent. S'il ne peut revendiquer le titre de « littérature «, au sens de texte à visée avant tout esthétique, il constitue une bonne part de la production actuelle. 4.5 Diversification des supports La littérature pour la jeunesse présente aujourd'hui une large gamme de supports. Livres de tous formats, périodiques, dont un certain nombre de mensuels, destinés chacun à une tranche d'âge spécifique, comme « J'aime lire « (Bayard jeunesse), « Moi je lis « (Milan Presse), « Je lis déjà « (Fleurus Presse), en France... Les supports autres que le papier se taillent la part belle avec les enregistrements sonores, les livres en plastique ou en tissu pour les tout-petits... Enfin, le CD-ROM et l'Internet, qui offrent d'innombrables possibilités pédagogiques et ludiques, s'adressent aujourd'hui à des enfants de plus en plus jeunes. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« filles.

Les Mémoires d’un âne rapporte à lui seul plus de trois millions or, et la comtesse de Ségur doit écrire deux romans par an jusqu’en 1871 ( les Petites Filles modèles, 1859 ; les Malheurs de Sophie, la Fortune de Gaspard, 1864 ; Un bon petit diable, 1865 ; le Général Dourakine, 1866), tous illustrés par de grands artistes, parmi lesquels figure Gustave Doré.

Sans doute ce succès s’explique-t-il d’abord par la nature des intrigues qui composent ces ouvrages.

Malgré leur mièvrerie apparente et leur cruauté, l’univers qu’ils évoquent est réaliste : désormais l’enfant-lecteur peut s’identifier aux enfants-héros. 3. 4 La volonté d’instruire Le développement de l’instruction primaire ( voir histoire de l’enseignement) s’accompagne de l’émergence d’une littérature documentaire d’information scientifique et technique, qui se développe parallèlement à la littérature d’imagination.

Ce contexte éducatif est à l’origine de la célèbre revue le Magasin illustré d’éducation et de récréation, fondée par Pierre Jules Hetzel.

Le premier numéro paraît en 1864.

Pas moins de trente-huit ouvrages illustrés de 5 000 dessins vont paraître par le biais de cette revue.

Autour d’Hetzel, les écrivains sont groupés selon leur spécialité : Jean Macé se consacre aux livres scientifiques et instructifs, Jules Verne au roman d’aventures, Jules Sandeau et Hector Malot aux romans « domestiques ». L’édition pour la jeunesse progresse au point de permettre à Hetzel de renoncer dès 1872, à l’exception de quelques œuvres, à tout ce qui ne concerne pas l’enfance et la jeunesse.

Le livre pour enfants est définitivement passé dans les mœurs. 3. 5 Un phénomène mondial À l’étranger, la littérature pour la jeunesse se développe également, et plusieurs écrivains se tournent vers ce nouveau public.

Au Royaume-Uni, Lewis Carroll publie ainsi les Aventures d’Alice au pays des merveilles en 1865 et sa suite, De l’autre côté du miroir, en 1872.

Comme ces ouvrages, l'Île au trésor de Robert Louis Stevenson (1883) et le Livre de la jungle de Rudyard Kipling (1894) sont devenus des classiques.

De même apparaissent aujourd’hui comme des chefs-d’œuvre de la littérature pour la jeunesse Heidi (1880) de l’écrivain suisse Johanna Spyri, dont l’héroïne est une petite fille pleine d’allant vivant dans les Alpes suisses ; les Aventures de Pinocchio (1881-1883) de l’Italien Carlo Collodi, texte à visée ouvertement éducative qui relate les malheurs d’une poupée de bois qui fait les quatre cents coups mais parvient finalement à devenir un enfant ; ou encore le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson (1906-1907) de Selma Lagerlöf, écrit directement pour le public scolaire, dont le personnage principal traverse la Suède sur le dos d’une oie.

Le regain d’intérêt pour le folklore enrichit, comme au temps de la culture orale, le registre des mythes, des légendes et des histoires merveilleuses.

Dans cette veine, les frères Grimm composent des recueils de contes qui sont publiés entre 1812 et 1815 et traduits dans le monde entier (Contes de Grimm). Les enfants ne cessent pas, pour autant, de lire les œuvres prévues à l’origine pour les adultes.

Aussi les romans de chevalerie de Walter Scott font-ils les délices de bon nombre de jeunes lecteurs.

Il en va de même pour certains récits de James Fenimore Cooper ou d’Alexandre Dumas (le Comte de Monte-Cristo, les Trois Mousquetaires…), ou encore pour les récits policiers (séries des Sherlock Holmes d’Arthur Conan Doyle).

Ils montrent une fois de plus combien le développement de la littérature populaire et celui de la littérature pour la jeunesse sont intimement liés. 3. 6 Les livres illustrés Progressivement, l’importance de l’image est prise en considération, et une tradition du livre illustré pour enfants se développe.

Des écrivains, véritables précurseurs de la bande dessinée, commencent à agrémenter leurs récits de vignettes.

Le texte n’est pas intégré à l’image mais figure généralement dessous.

En Allemagne, Wilhelm Busch met en images, dès 1860, l’histoire d’une souris qui perturbe le repos des braves gens ; mais ce sont surtout les aventures de deux garnements, Max et Maurice, publiées en 1865, qui font sa célébrité.

En France, Christophe compose à partir de 1873 des récits illustrés : la Famille Fenouillard, 1889-1893 ; les Aventures du sapeur Camember, 1890-1896 ; le Savant Cosinus, 1893-1899 . 3. 7 Les premiers périodiques pour enfants Les premiers périodiques pour enfants jouent un rôle actif dans le développement de la littérature pour la jeunesse, et leur influence reste tangible jusqu’au début du XXe siècle. En 1775, en Allemagne, Christian-Felix Weiss lance à Leipzig Der Kinderfreund (littéralement « l’ami des enfants ») ; ce journal a pour but d’amuser les enfants et de les amener naturellement à être vertueux.

Rapidement, les titres proposés deviennent de plus en plus « soporifiques » (Ô douce et chère application ; Enfant, ressemble à l’abeille), et le succès de cet auteur s’estompe. En France, les publications pour la jeunesse se multiplient au fil des années : l’Ami des enfants (1782), d’André Berquin ; le Portefeuille des enfants (1783), d’Antonin Duchesne et Auguste Savinien ; le Portefeuille récréatif (1791), le Courrier des enfants (1795), le Courrier des adolescents (1797), le Dimanche ou Récréation de la jeunesse (1815).

Durant toute cette période, le lectorat se limite aux enfants riches, bourgeois ou aristocrates.

Malgré l’accroissement du public potentiel dû aux progrès de l’instruction primaire, le journal pour enfants reste un privilège. Au fil du XIXe siècle, le contenu rédactionnel des journaux pour les jeunes évolue ; il prend en compte les goûts des lecteurs (histoires divertissantes) et s’adapte aux nouvelles méthodes commerciales en vigueur dans la presse adulte (recours à la publicité).

L’écrivain Jules Janin définit l’idée du journal moderne pour enfants dans le premier éditorial du Journal des enfants, lancé par Eugène Foa en 1832 : « Dans un siècle où tout se fait par les journaux, nous voulons que les enfants aient leur journal.[…] Nous voulons un journal tout simplement écrit, un enseignement progressif, une littérature facile, des enseignements paternels… Les hommes, les meilleurs de la littérature contemporaine, nous ont tous promis leur concours ».

En effet, ce périodique offre des histoires écrites par de grands auteurs : Charles Nodier, Désiré Nisard, Chateaubriand, Alfred de Musset, Jules Janin, Louis Desnoyers. Dans le même esprit, Hachette publie en 1857 un nouvel hebdomadaire pour enfants, la Semaine des enfants. Il est mis en vente au prix compétitif de dix centimes le numéro.

Ce journal se propose d’enseigner en retenant l’attention du jeune lecteur par des jeux et des histoires.

Il remplit de surcroît une fonction commerciale de premier ordre, puisqu’il permet à son éditeur de se renseigner sur les goûts du lectorat avant de publier des récits sous la forme de livres.

Tous les ouvrages de la comtesse de Ségur paraissent ainsi dans cet hebdomadaire avant leur publication en volumes. En Italie, Martini lance en 1881 un Journal des enfants, où paraît en feuilleton l’ Histoire d’un pantin, de Carlo Collodi, qui devient deux ans plus tard, publié en volume, les Aventures de Pinocchio. Ce n’est cependant qu’à la toute fin du XIXe siècle que les journaux pour les jeunes prennent un essor véritable, cela pour deux raisons : d’abord parce que l’évolution des techniques d’édition permet alors de lancer sur le marché des feuilles à moindre coût et accessibles à un large public ; ensuite parce qu’apparaît à cette période un gisement de nouveaux lecteurs formés par l’école gratuite et obligatoire. 4 LA LITTÉRATURE POUR LA JEUNESSE AU XX E SIÈCLE. »

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