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Kant- Doctrine de la vertu

Publié le 16/11/2012

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kant
-Expliquer le texte philosophique suivant : « L'intempérance animale dans la jouissance de la nourriture est l'abus des moyens de jouissance, qui contrarie ou épuise la faculté d'en faire un usage intellectuel. Ivrognerie et gourmandise sont les vices qui rentrent sous cette rubrique. En état d'ivresse l'homme doit être traité seulement comme un animal, non comme un homme. Gorgé de nourriture et en tel état il est paralysé pour un certain temps, s'il s'agit d'actions qui exigent de l'adresse et de la réflexion dans l'usage de ses forces.- Que ce soit transgresser un devoir envers soi-même que de se mettre en un tel état, c'est là ce qui tombe sous les yeux. Le premier de ces états qui nous ravalent en dessous de la nature animale même, est habituellement l'effet de boissons fermentées, mais aussi d'autres moyens de s'étourdir, tel l'opium et autres productions du règne végétal, et il est séduisant par le fait qu'il procure pour un moment le bonheur rêvé, qu'il libère des soucis et donne même des forces imaginaires ; mais il est nuisible parce qu'il entraîne par la suite abattement, faiblesse, et, ce qui est le pire, la nécessité de prendre à nouveau du produit qui permet de s'étourdir et même d'en prendre plus(...) On prouve dans la doctrine du droit que l'homme ne peut se servir d'une autre personne pour se procurer ce plaisir que sous la réserve particulière d'un contrat juridique par lequel deux personnes s'obligent réciproquement. Mais ici la question est de savoir si par rapport à cette jouissance ne prévaut pas un devoir de l'homme envers lui-même, dont la transgression est une souillure (et non pas seulement une dégradation) de l'humanité en sa propre personne. La tendance à ce plaisir s'appelle amour de la chair (ou simplement volupté). Le vice qui en résulte et l'impudence, et la vertu en rapport avec ces penchants sensibles s'appelle chasteté qu'il faut présenter ici comme un devoir de l'homme envers lui-même... Qu'un semblable usage contraire à la nature (donc un abus) de la faculté sexuelle constitue un transgression de la moralité violant au plus haut point le devoir envers soi-même, c'est ce que chacun reconnaît dès qu'il y songe et cela suscite envers cette pensée un telle répugnance, que l'on tient même pour immoral d'appeler un tel vice par son nom, chose qui n'a point lieu s'il s'agit du suicide que l'on n'hésite aucunement à exposer(...) aux yeux de tous dans toute son horreur. Tout se passe comme si d'une manière générale l'homme éprouvait de la honte d'être capable de faire un usage de sa personne tel qu'il le rabaisse au-dessous de la bête, tant et si bien que l'union charnelle des deux sexes dans le mariage et qui est permise (elle est en elle-même évidemment purement animale) lorsqu'il faut en parler dans une société policée, demande et exige beaucoup de finesse afin de jeter un voile «. Kant, Doctrine de la vertu. Traduction A. Philonenko, Vrin, pp. 98-100

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