Koltès : Une scène brutale
Publié le 21/01/2012
Extrait du document
Une scène brutale : a) un drame familial Deux frères et sœurs se déchirent à propos d’une maison. La dispute révèle les enjeux des problèmes de familles : Mathilde parle de la femme d’Adrien en disant « ce qui te sert de femme », elle renie son père décédé : « La mémoire de mon père, je l’ai mise aux ordures », Adrien juge le passé de sa sœur : « Tu n’es qu’une femme, une femme sans fortune, une mère célibataire, une fille-mère »… b) l’agression comme mode de communication Le mode de dialogue est l’agression verbale et physique. -violence verbale : les personnages s’insultent (« Pauvre folle »), se blessent (« on te cracherait au visage et on t’enfermerait dans une pièce secrète pour faire comme si tu n’existais pas »). Les sentiments entre les personnages sont très brutaux : « cela est déjà très sale tout seul. » -violence physique : présente dans les didascalies : « Edouard retient sa mère, Aziz retient Adrien. », « Aziz entraîne Adrien, Edouard entraîne Mathilde. Mais ils s’échappent et reviennent.». c) Le reflet de la société. Cette pièce est ancrée dans une époque précise, celle de la guerre d’Algérie : cette violence excessive n’est que le miroir d’une période de trouble, et prend les forme de la société. Transition : Si le sujet reste quelque peu classique (conflits entre frères et sœurs, dénonciation des violences pendant la guerre, etc.…), l’extrait de cette pièce s’inscrit dans une écriture contemporaine particulière. II. Une Ecriture contemporaine. a) Une écriture théâtrale originale Habituellement, une scène de dispute familiale ne se compose pas de cette manière : en effet, si les marques d’oralité ponctuent l’extrait (interrogatives, interjections : « Eh bien oui », phrases averbales, …) et accentuent le réalisme, une force poétique se dégage de ce dialogue aux préoccupations « quotidiennes ». Entre violences physiques et verbales, viennent s’intercaler des images fortes : « Je défie cette ville […] et les enfants dans le ventre de leurs mères. b) L’importance des didascalies. Les didascalies, même si elles ne sont pas abondantes, font l’objet d’un statut particulier, dans la mesure où elles sont aussi travaillées que le reste de la scène : un système d’écho est mis en place entre les deux blocs de didascalies, comme une sorte de chiasme. Cela donne du poids à la violence de la scène, l’effet d’insistance rajoute de la tension à l’extrait. L’importance de la didascalie se développe dans le théâtre contemporain depuis le Théâtre de l’Absurde (Voir les indications scéniques chez Beckett, Ionesco). Conclusion : Comme dans le théâtre engagé (Sartre, Camus, etc.…), Koltès recrée un climat de tension lié aux troubles de la guerre d’Algérie ; mais son écriture prend une dimension particulière : quand la dramaturgie moderne s’est chargée de décomposer le langage, le personnage etc. (Ionesco, Beckett …), Koltès redonne au langage sa place d’origine, à la manière d’Olivier Py quelques années plus tard
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