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la complexité psychique et social de l'être humain

Publié le 02/01/2012

Extrait du document

Au 20ème siècle, les sciences humaines, en particulier la psychologie de l'enfant et la psychanalyse, ont profondément modifié notre conception de l'être humain, en soulignant comment ses comportements et son développement (tant individuel que collectif) sont déterminés par cette caractéristique spécifique et universelle de l'espèce humaine : l'immaturité tardive de l'enfant, et corrélativement, sa dépendance aux autres êtres humains.

Les études menées dans diverses disciplines (sociologie, anthropologie, psychanalyse, …) sont encore en pleine évolution pour mieux connaître l'Homme.

 

La complexité psychique et sociale de l'être humain

 

Dans le cours précédent, nous avons insisté sur deux caractères de l'espèce humaine : l'immaturité tardive du petit d'Homme et sa dépendance corrélative aux autres êtres humains.

Cette spécificité humaine implique que le petit d'Homme devient un être humain grâce à d'autres êtres humains à Pas d'être humain sans relations humaines

Or, les relations humaines appellent un éclairage sur la double complexité de l'être humain : sa complexité psychique et sociale.

 

~        La complexité psychique de l'être humain

La vie psychique d'un être humain se développe en relation avec d'autres psychismes humains, sans être toutefois réductible à leurs influences

 

~        La complexité sociale de l'être humain

Un être humain se développe dans un environnement social particulier, en termes de comportements, langage, façons de penser, rites, ... Sans être toutefois réductible aux influences de cet environnement social

 

  1.        I.            La complexité psychique de l'être humain

(Conception freudienne de la complexité psychique)

 

Histoire de l'humanité

à La complexité psychique de l'espèce humaine n'a pas attendu les précurseurs de la psychologie (philosophes, poètes, …), ni les psychologues, pour exister 

L'Homme a eu une vie psychique complexe bien avant de s'intéresser à sa propre dimension psychique, et d'en faire un véritable sujet d'étude au 19ème siècle

 

Histoire d'un individu

à Le fait de ne pas s'intéresser à sa propre vie psychique, ou à celle des autres, ne fait pas qu'on n'a pas de vie psychique, ni que les autres n'en ont pas

Nous avons chacun une vie psychique dès notre naissance, et peut-être même déjà in utero, c'est-à-dire bien avant de s'intéresser soi-même à sa propre dimension psychique.

Question (Science humaine)

                                   

Qu'est-ce qu'un être humain ?

Freud a complètement révolutionné notre conception de l'être humain, en tentant de montrer sa très grande complexité psychique, dont on ne mentionnera ici que deux points.

 

 

 

Freud a révolutionné la conception psychiatrique de la santé mentale

Freud était médecin. Il a cherché à soigner des malades, qui souffraient principalement de graves névroses hystériques, obsessionnelles ou phobiques. Mais il a d'abord cherché à observer, et surtout à écouter, les malades pour comprendre les processus psychiques de la maladie, en pensant qu'il ne pourrait pas guérir un malade s'il ne cherchait pas à comprendre l'histoire et le sens de sa maladie.

 

à comment un individu devient psychiquement malade, pourquoi il est devenu malade, pourquoi il devient malade plutôt de telle ou telle maladie ,.. ?

 

A partir de ses observations cliniques (« cliniques » = auprès des malades), Freud a modifié la conception psychiatrique de la maladie mentale, dans la mesure où il estime que celle-ci ne tombe pas comme ça sur un individu, mais qu'elle s'inscrit dans l'histoire même du Sujet.

 

Freud modifie également la conception de la pathologie, en affirmant que la maladie psychique n'est qu'un grossissement de la normalité, autrement dit que la différence entre normalité et pathologie ne serait pas une différence de qualité (= deux états psychiques de nature différente) mais plutôt une différence de quantité (= la maladie psychique accroît en quantité excessive un ou plusieurs traits psychiques normaux)

Pour Freud, il n'y a donc pas d'opposition radicale entre normalité et maladie psychique, puisque la maladie psychique ne serait que le développement excessif d'un processus normal.

Ainsi, la gravité de la maladie psychique varierait selon l'importance et la durée de cet excès.

 

Freud a révolutionné la conception cartésienne de l'Homme

Freud s'est beaucoup intéressé à l'histoire de l'humanité, en accordant une attention particulière aux croyances et aux mythes, issus surtout de la mythologie grecque et latine.

Depuis Descartes, l'Occident croit à l'idée que l'être humain aurait, grâce à sa raison (la conscience de penser), le pouvoir de diriger sa vie. Freud a bouleversé de façon inattendue cette conception cartésienne de l'Homme, en soulignant toute la complexité de sa vie psychique : celui-ci ne serait pas vraiment le maître de ses propres pensées, de ses propres comportements, donc de sa propre vie.

La psychanalyse considère que l'Homme n'est en fait « même pas le maître chez lui-même », selon l'expression de Freud, mais qu'il est au contraire dirigé par une vie psychique complexe car celle-ci est nécessairement pulsionnelle, conflictuelle, et inconsciente.

 

àLes pulsions

Freud nous rappelle que l'Homme, c'est d'abord un corps qui a sa propre vie, ses propres lois. Freud définit donc d'abord l'Homme à partir de ses besoins pulsionnels, de ses « pulsions »

En allemand > « Trieb » = pulsion (du verbe allemand « trieben » = pousser)

Au début de ses recherches, Freud oppose chez l'Homme deux grands types de pulsion

FAIM et AMOUR (= pulsion de vie ) et (= pulsion sexuelle).

Puis Freud change sa conception des pulsions humaines et oppose : VIE et MORT (= créativité / faim et amour) et (= destructivité)

 

 

Pour Freud, ce qui fait la spécificité de la vie pulsionnelle, qui existe dès la naissance et dure toute la vie, c'est la dualité des pulsions, que je schématiserai ainsi :

 

Pulsion de vie : pulsion de savoir, désir d'apprendre et de comprendre

~        Créativité psychique à bon développement psychique de l'individu (désir de connaître, de travailler, d'aimer, d'être aimé)

~        Progrès culturel de l'humanité (outils, habitats, langages, lois, rites, arts, jeux, , …)

 

Pulsion de mort : pulsion de détruire

~        Désir de retourner à son état originel d'inexistence, de néant

~        Destructivité psychique àMauvais développement psychique de l'individu (incapacité d'apprendre, de travailler, d'aimer, d'être aimé)

~         Régression culturelle de l'humanité (guerres, génocides, crimes, vols, ..)

 

àLa conflictualité psychique

Pour Freud, la vie psychique de l'adulte s'est constituée dans la vie psychique de l'enfant qui a déjà une vie psychique complexe et conflictuelle, c'est-à-dire que nous avons des pulsions, des besoins, des désirs, des sentiments contradictoires, qui entrent en contradiction les uns avec les autres, par exemple :

~        avoir envie de manger tout le gâteau, mais peur de se faire punir

(la peur de la punition entre en contradiction avec le désir de manger tout le gâteau)

~        avoir besoin de dormir, mais peur du noir (la peur du noir empêche le besoin de dormir)

La conflictualité intrapsychique de l'être humain réside d'abord dans l'opposition permanente entre ses pulsions àpulsions de vie (créatrices) et pulsions de mort (destructrices)

(intrapsychique = à l'intérieur du psychisme d'un même individu)

 

Mais elle réside également dans le conflit intrapsychique entre ce que Freud appelle les différentes « instances psychiques » du Sujet = ça / surmoi / moi.

~        Le ça représente les désirs pulsionnels du sujet (désirs conscients ou inconscients)

Ex : envie de manger tout le gâteau

~        Le surmoi représente les interdits parentaux ou sociaux (interdits conscients ou inconscients)

Ex : interdit des parents, de la société (menace de punition ou règles sociales intégrées)

~        Le moi essaie de concilier les désirs pulsionnels du ça et les interdits du surmoi

Le Moi cherche des solutions pour satisfaire les exigences contraires du ça et du surmoi

Ex : manger la moitié du gâteau en oubliant l'autre à côté du chien (punition sur le chien)

Ex : tomber malade et obtenir une gentillesse supplémentaire de ses parents (le gâteau par ex)

 

àL'inconscient psychique

La grande révolution freudienne, c'est l'inconscient. Par définition, l'inconscient n'est pas conscient (on ne le connaît pas), mais il n'est pas pour autant absent ou inactif. Bien au contraire, nous dit Freud, c'est même lui qui nous gouverne. Ainsi, Freud montre que le désir inconscient le plus actif dans la vie psychique, c'est le désir oedipien, inspiré du mythe d'Œdipe, le fils de roi Laïus et de la reine Jocaste auxquels les dieux prédisent : « il tuera son père et couchera avec sa mère ».

Freud a beaucoup insisté sur le caractère psychiquement structurant du Complexe d'Œdipe, dans la mesure où le désir oedipien inconscient va se heurter à l'interdit universel de l'inceste, c'est-à-dire à la question de la Loi humaine.

Freud dit aussi que le premier lien d'amour aux parents est un lien inconscient d'identification (devenir comme mon père, comme ma mère)

Enfin, la vie psychique est en grande partie constituée de désirs et de fantasmes inconscients.

 

  1.      II.            La complexité sociale de l'être humain

 

Dépendance humaine à relations humaines à vie et organisation sociale à sciences sociales : l'Homme est par nature un être social

 

Sciences sociales : Disciplines dans lesquelles l'Homme étudie les sociétés humaines, c'est-à-dire la vie des hommes en collectivité, en groupes.

> Exemples de disciplines : sociologie, économie, ..

Sociologie (19ème s.) Du latin « socius » compagnon et « logos » étude. Etude des sociétés humaines et des faits sociaux, impact du social sur les manières de penser (les représentations) et sur les manières d'agir (les comportements) des individus, objets de recherche : pouvoir, groupes, famille, travail, rapports hommes/femmes, …

 

Précurseurs de la sociologie :

PLATON - ARISTOTE - MONTESQUIEU - CONDORCET - TOCQUEVILLE

Références de la sociologie

ü  Auguste COMTE (France, 19ème s)

ü  Emile DURKHEIM (France, fin 19ème s - Déb 20ème s) :Un des fondateurs de la sociologie, qui a écrit « De la division du travail social »

ü  Gustave Le BON (France, fin 19ème s - Début 20ème s) : Anthropologue, psychologue et sociologue, qui a écrit « Psychologie des foules »

ü  Max WEBER (Allemagne, fin 19ème s - Déb 20ème s) : Un des fondateurs de la sociologie, qui a écrit « le savant et le politique»

ü  Karl MARX (Allemagne, 19ème s)

ü  Marcel MAUSS (France, 20ème s)

ü  Pierre BOURDIEU (France, 20ème s)

 

àPsychologie sociale

Nouvelle science humaine (née au début du 20ème siècle) qui étudie les influences réciproques entre la dimension psychique et la dimension sociale de l'être humain, en particulier dans les comportements de groupe

 

  • Définition ALLPORT (1968)

« La psychologie sociale tend à comprendre et à expliquer comment les pensées, les sentiments, les comportements des êtres humains sont influencéspar un autrui réel, imaginaire ou implicite »

 

  • LEYENS (1979) ajoute :

«…et comment ils peuvent également influencer cet autrui réel, imaginaire ou implicite »

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