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la courbe de tes yeux

Publié le 30/03/2016

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LA COURBE DE TES YEUX Paul Eluard, 1926 Capitale de la douleur La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur, Un rond de danse et de douceur, Auréole du temps, berceau nocturne et sûr, Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu. Feuilles de jour et mousse de rosée, Roseaux du vent, sourires parfumés, Ailes couvrant le monde de lumière, Bateaux chargés du ciel et de la mer, Chasseurs des bruits et sources des couleurs, Parfums éclos d’une couvée d’aurores Qui gît toujours sur la paille des astres, Comme le jour dépend de l’innocence Le monde entier dépend de tes yeux purs Et tout mon sang coule dans leurs regards. Paul Eluard, Capitale de la douleur,  1926 Présentation de l’auteur et du recueil : Eugène Paul Grindel, dit Paul Eluard, est né en 1895 et meurt en 1952 d’une crise cardiaque. Il est considéré comme l’un des grands poètes français du XXe siècle, il incarne poète de l’amour et poète révolutionnaire. Après avoir contribué au mouvement Dada Il a participé au mouvement surréaliste, celui-ci s’intéresse au pouvoir de l’inconscient et du rêve, l’auteur écrit ce qu’il pense sans être influencé par la raison. Il a publié plus de 100 recueils, parmi eux de très grandes œuvres telles que le célèbre poème « La victoire de Guernica » inspiré par le célèbre tableau de Picasso ou encore le poème « Liberté » qui fut parachuté dans différents maquis en 1942, en effet Eluard fut un grand poète de la résistance durant la seconde guerre mondiale, il a publié de nombreux autres textes pour réconforter et encourager les français durant cette guerre. Il entra aussi dans le parti communiste à la même période. Son premier recueil fut Capitale de la douleur, publié en 1926, Il traite des thèmes de l’amour et de la souffrance mais aussi du rêve. Il est composé de quatre parties ; Répétitions, Mourir de ne pas mourir, Les petits justes et nouveaux poèmes comptant en tout 100 poèmes dont « La courbe de tes yeux ». Ce recueil était dédié à sa première femme Gala. Présentation rapide du texte : Ce poème « La courbe de tes yeux » est construit de trois quintiles, la versification est irrégulière. Il est l'avant dernier du recueil. Il est placé sous le signe de la joie d'aimer et du partage amoureux. Ce poème décrit la femme aimée par Eluard, Gala, son épouse de l’époque, à travers ses yeux. Ce poème est influencé par le surréalisme, la femme jouant le rôle de médiatrice entre le poète et le monde. Analyse : Le thème des yeux : La femme est décrite avec la seule aide des ses yeux, ce poème est donc un blason, poème élogieux décrivant la femme à l’aide d’un seul détail physique. Les yeux de cette dernière sont omniprésents : « yeux » placés à la césure des vers 1 « la courbe de tes yeux/ fait le tour de mon cœur » et au vers 4 « c’est que tes yeux/ ne m’ont pas toujours vu ». champ lexical de la courbe, évoquée dans le titre, très présent, v.1 « courbe » et « tour », v.2 « rond, v.3 « auréole », cette courbe semble envoutée le poète, comme le dit le titre « la courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur », . Et si l’on étudie la musicalité on repère aussi une assonance en ou (v.1,2,4,5,6,7,8,10,11,12,13,15) rappelant aussi le cercle. Le poème nous montre que l'amour, selon Éluard, décuple les facultés de perception. La description qu'il fait des yeux de Gala sollicite tous ses sens. La vue occupe naturellement une place privilégiée dans ce blason, Mais l’auteur accorda aussi une importance à l’odorat, deux fois sollicité par les termes «parfumés» (vers 7) et «parfums» (vers 11). Enfin, c’est à l’ouïe que fait appel le groupe nominal «chasseurs des bruits», au vers 10. Pourtant l’œil n’est pas vraiment décrit, peut être par la phrase « Bateaux chargés du ciel et de la mer » vers 9, pour dire que ces yeux seraient de couleur bleu. Ce n’est donc pas l’esthétique de ses yeux qui est important mais ses effets sur le poète et sur le monde. L’omniprésence des yeux renforce l’idée principale de ce poème, tout autour de ses yeux « La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur », ce qui fait penser à une boucle infinie, l’auteur ne voit plus que ca, il est comme enfermé dans ce cercle, il ne vit qu’a travers le regard de cette dernière, traduisant une certaine dépendance. Le sens physique des yeux de la femme n’est pas ce qu’il y a d’important, ils sont très peu décrits, ce que Eluard veut nous montrer c’est ce que les yeux de cette femme ont à offrir. Une femme divinisée qui lui offre l’inspiration et le monde: Par la description de ses yeux, Eluard construit un portrait élogieux de son épouse, il nous décrit ce que Gala lui apporte et apporte au monde. Il assimile sa muse à une sorte d’ange, on remarque un champs lexical angélique « auréole » v.3, « ailes » et « lumière » v.8, « ciel » v.9 et « pur » v.14. Il l’associe aussi à une figure protectrice, ses yeux sont comparés à des « chasseurs de bruits ». Il adjoint surtout ses yeux à des créateurs, « sources des couleurs » v.10, « feuilles de jour »v.6, « ailes couvrant le monde de lumière », l’auteur suggère que les yeux de sa bien-aimée apporteraient lumière et couleur à ce monde, mais aussi à la création artistique du poète. De surcroît, il mentionne que ses yeux donneraient naissance au monde, « les monde entier dépend de tes yeux purs » v.14. Il voit aussi ses yeux comme un refuge, ils lui apportent la protection comme le suggèrent l’image du « berceau nocturne et sûr » et celle des « ailes couvrant le monde ». Mais il n’y a pas que le monde qui dépendrait d’elle, l’auteur aussi semble être dépendant de son épouse, il déclare que sa vie avant leur rencontre n’a plus d’importance, il l’a oublié « Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu c’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu » v.4 et 5. Ses yeux semblent l’aider à vivre, Et tout mon sang coule dans leurs regards », le sang, symbole de vie, ne coule plus dans le cœur du poète, mais dans les yeux de la femme aimée. On peut aussi dire que cet amour fait renaître le poète, avec les termes « berceau » et « couvée d’aurores ». Ainsi, Eluard nous conte ce que les yeux de Gala lui offre, et comment il l’a voit. Le poète suggère que son épouse serait à l’origine du monde, et à l’origine de son inspiration poétique, elle le fait renaître. Elle serait aussi un refuge. C’est une vision surréaliste de l’amour : à lui seul, il permet au poète d’exister. Conclusion : En définitive, Paul Eluard nous montre dans ce poème que l’amour de cette femme lui redonne vie, exalte sa création poétique. Pour cela il nous conte ce qu’il ressent au simple regard dans les yeux de cette dernière. Il laisse penser que sa bien-aimée serait indispensable à sa vie et à l’humanité, mais il laisse entrevoir une faille, l’homme dépendrait trop de la femme, il le montre en évoquant à mainte reprise le cercle. Raisons du choix de ce poème :

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