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LA GRANDE DESILLUSION _ Joseph E.Stiglitz

Publié le 29/07/2010

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Le contenu

« La grande désillusion « est un livre dont le titre original était « Globalization and its discontents «, il a été traduit de l’anglais par Paul Chemla pour Fayard dans sa collection livre de poche et publié pour la première fois en 2002. Ce best-seller mondial traduit dans une trentaine de langues est une critique argumentée tant de la politique que de l’action du FMI et de la Banque mondiale quand celle-ci les sert. L’auteur y fustige le fait que ces institutions se soient fortement éloignées de leur rôle premier : promouvoir la croissance et la stabilité économique à l’échelle mondiale. Tout comme l’idée qu’elles aient fait passer l’intérêt des pays les plus industrialisés, particulièrement celui des Etats-Unis, avant celui des pays en développement qu’elles étaient sensées aider. Stiglitz montre tout d’abord que le FMI ne fournit en général des fonds uniquement si les pays ont une bonne situation macroéconomique et à condition qu’ils mènent des politiques d’austérité alors que son but premier était de faire pression pour amener les états à des politiques économiques expansionnistes. De plus, il déclare que les « solutions archaïques et inadaptées « du FMI ne tiennent pas compte de l’impact qu’elles auraient sur la population, elles sont imposées sans débats préalables à partir d’une conception fanatique : la supériorité du marché et de la concurrence. Les trois premiers chapitres sont donc consacrés au jugement hostile de l’auteur sur l’organisation du FMI ainsi que sur son idéologie et sa conditionnalité exprimée à ces pays. Stiglitz va donc dans les chapitres suivants démontrer en prenant comme exemples la crise asiatique de 1997 et la transition russe que ces “politiques“ ont souvent aggravé les problèmes entraînant des conséquences sociales dévastatrices avec potentiellement un accroissement de la pauvreté. Ce tableau noir dressé, Stiglitz dans son dernier chapitre conclut en fournissant différentes propositions pour s’orienter « vers une mondialisation à visage humain « telles qu’ une plus grande autonomie pour les états, mise en place d’un système de règlement de faillites, annulation des dettes et ceci sans se faire d’illusions sur les difficultés et l’opposition rencontrées pour la mise en place de ces réformes.

Avis personnel motivé

Je commencerai tout d’abord par émettre une légère critique envers la traduction française du titre, le mot « globalization « qui signifie mondialisation présent dans le titre original n’apparaît pas, pourtant il me semble évident qu’elle est le thème central du livre et ce qui a poussé l’auteur à rédiger son livre. Il y défend l’idée que la mondialisation qui s’est mise en place est nuisible à certains pays, qu’elle s’explique par une mauvaise gestion des crises par les institutions financières internationales d’où l’importance et la nécessité de réformer. Dès le premier chapitre, j’ai été surprise par la véhémence des critiques formulées par Stiglitz envers les institutions financières, particulièrement envers le FMI comme lorsqu’il déclare que les façons d’agir du FMI sont : «archaïques et inadaptées«, « antidémocratiques «. Critiques qui détiennent d’autant plus de force puisque provenant d’un auteur qui fait autorité de par son statut (un universitaire nobélisé) et qui fit parti du système de par ses emplois précédents (conseiller du président Clinton, vice président et économiste en chef de la Banque mondiale). Cette critique est semblable à celle de Gorbatchev dans ses mémoires… Je suis dans un premier temps d’accord avec Stiglitz dans le sens où certaines organisations internationales servent les intérêts des Etats-Unis et celui des pays les plus avancés .Il pense au FMI mais pour ma part il en est tout autant de l’ONU par exemple. Cela tient avant tout à des raisons historiques, en effet ces organisations ont été crées à la sortie de la seconde guerre mondiale et ont conféré les “ pouvoirs “ aux pays victorieux. Cependant, il me semble tout à fait incorrect que dans le cadre du FMI seul les Etats-Unis détiennent un droit de véto. Ce qui m’a d’autant plus choqué car même si la politique du FMI n’est pas une politique du complot elle préconise toujours les mêmes mesures basées sur l’idéologie du fanatisme du marché s’appuyant donc sur la théorie des néoclassiques et non sur une analyse scientifique. Quel que soit le type de pays, de problèmes les même solutions sont utilisées : privatisation, libéralisation, sollicitations d’investissement étrangers. L’exemple qu’il nous propose en est des plus aberrant. Le FMI impose en Asie et en Afrique des solutions mises au point pour l’Amérique Latine afin de lutter contre l’hyperinflation. En outre, pour l’auteur, le FMI tout comme la Banque Mondiale, se comporte de façon dictatoriale, il ne laisse aucune chance aux pays de s’exprimer alors que certains dirigeants en seraient tout à fait compétents comme en Ethiopie. Les leaders de ces institutions pensent qu’un débat perturberait plus qu’autre chose les pays dépendants. Il ajoute que si de plus les pays ne se soumettent pas à leurs exigences ils ne leur accorderont plus de crédits mais leur feront regretter leur refus en leur faisant payer d’avantage d’intérêts. Il est bon de rappeler l’anecdote lorsque Stiglitz, travaillant à la Banque Mondiale, décida de modifier sa politique. Le FMI a voulu imposer sa politique doctrinaire grâce au soutien du ministre financier américain qui n’a alors plus osé soumettre les décisions importantes au président Clinton de peur qu’il ne s’oppose à ses plans. A partir de ces affirmations et constatations, il est sûr que l’échec de la transition russe et de la crise asiatique étaient prévisible. En conclusion, Stiglitz remarque des similitudes entre la situation actuelle des années 2000 et celle des années 1929-1930. Il propose ainsi de redonner un rôle aux états, tout comme l’avait préconisé Keynes pendant la période de la crise de 1929, même si pour Stiglitz les résultats, il en est certain, ne seront pas parfaits. Il ajoute également que la démocratie est un moteur du développement et qu’il ne faut pas oublier que« pour qu’une économie fonctionne la cohésion sociale compte «reprenant ici la thèse du lien social de Durkheim l’adaptant à la mondialisation qui n’est rien d’autre qu’une division internationale du travail. Je conclurai en disant que Stiglitz a eu au moins le mérite de dire tout haut ce que tous les économistes de ces institutions savent mais ne disent pas et ainsi d’ouvrir le débat. Cependant, je déplore le style d’écriture de ce livre, lourd et sans humour avec de multiples répétitions , rendant ce livre fastidieux .Dommage pour un livre récent pourtant tout à fait d’actualité.

 

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