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La Lettre à d'Alembert sur les spectacles

Publié le 22/02/2012

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D'Alembert, dans l'article Genève de l'Encyclopédie, conseillait aux Genevois d'établir chez eux un théâtre pour affiner leurs moeurs. Derrière d'Alembert, Rousseau' vit Diderot avec qui il venait de se brouiller, toute la coterie des philosophes, et en particulier Voltaire, cet élégant profiteur de la corruption sociale qui osait ouvrir un théâtre aux portes de Genève. Rousseau prit donc la plume dans un état de grande exaltation : il allait pouvoir en même temps atteindre tous ses ennemis et condamner la société factice dans son expression la plus complète, le théâtre. Après avoir défendu les ministres genevois contre l'accusation de socinianisme, Rousseau attaque le théâtre en lui-même : il est mauvais parce qu'il veut plaire et qu'il ne plaît qu'en flattant les passions 2. La meilleure preuve de fait qu'on puisse en donner c'est le théâtre de Molière, qui est immoral. Puis Rousseau étudie les effets sociaux du théâtre : pour les spectateurs à qui il donne des habitudes de paresse et de luxe, pour les acteurs qu'il corrompt. A Genève en particulier, le théâtre serait fatal à ce vieil esprit d'austérité qui fait la gloire de la cité de Calvin. Si on veut des amusements dignes d'un peuple libre on n'a qu'à s'inspirer de Sparte et organiser des fêtes décentes dans la nature. La Lettre à d'Alembert est une des oeuvres où Rousseau a le plus mis de lui-même. Il fait constamment allusion à sa situation vis-à-vis des philosophes; il s'identifie avec Alceste quand il critique Le Misanthrope de Molière. Il parle avec chaleur de Genève, sa patrie, et des moeurs de la république calviniste : c'est que tout récemment Rousseau était rentré en grâce avec Genève et, abjurant le catholicisme, était revenu à la religion de sa famille.

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