Devoir de Philosophie

Lettre à d Alembert sur les SPECTACLES, par Jean-Jacques Rousseau

Publié le 23/01/2019

Extrait du document

alembert

Lettre à d Alembert sur les SPECTACLES, par Jean-Jacques Rousseau (1758), réplique à l'article « Genève » de Y Encyclopédie, où d'Alembert, pour plaire à Voltaire, préconise l'ouverture d'un théâtre à Genève. La Lettre de Rousseau se situe dans la perspective du Discours sur les sciences et les arts et se refuse à voir dans la littérature le moindre facteur de progrès moral. Elle analyse les dangers du théâtre, qui cherche à plaire plutôt qu'à instruire et donne trop de place à l'amour ; la tragédie nous intéresse à des scélérats, des héros surhumains ou passionnés, la comédie rend le vice plaisant et fait rire de la vertu (Rousseau se livre à une violente critique de Molière). Les spectacles favorisent le luxe et l'oisiveté,

 

l'impudeur des comédiens. Genève enfin y perdrait ses ressources financières et morales. Ce réquisitoire (que les théoriciens catholiques tentèrent d'annexer) s'inscrit dans la critique rousseauiste de la représentation (politique, sociale, esthétique), du signifiant imaginaire que le théâtre, ici, institutionnalise. Rousseau lui oppose la fête (ce faisant, il prenait aussi parti dans les conflits entre « haute » et « basse ville » de sa cité natale), comme présence immédiate du moi à l'autre, élan collectif qui annonce, en d'autres termes, la « volonté générale » du Contrat social.

alembert

« spécifiquement aux réflexions sociopolitiques de Rousseau.

Enfin conviendra-t-il d'étudier l'ambiguïté que laisseplaner le critique par l'utilisation du terme de « sentiment » et de voir s'il s'agit avant tout des sentiments deshommes ou bien de ceux de l'auteur. * * * L'ouvrage se situe dans un contexte d'écriture particulier.

Rédigé à la suite des textes et discours les plusreprésentatifs de la philosophie de Rousseau, tels que le Discours sur l'origine de l'inégalité entre les hommes ou Le contrat social , la Lettre à d'Alembert annonce en quelques sortes les Confessions et la Nouvelle Héloïse par ses aspects autant littéraires que philosophiques. La dimension littéraire de l'ouvrage s'affirme au travers de la posture critique de Rousseau à l'égard duthéâtre.

« On frissonne à la seule idée des horreurs dont on pare la scène française, pour l'amusement du peuple leplus doux et le plus humain qui soit sur la terre ! » explique-t-il ainsi page 83, faisant référence à Mahomet , Médée ou encore Thyeste .

Le travail critique s'exprime aussi au travers d'une remise en question des effets de la « catharsis » aristotélicienne.

« Ainsi le théâtre purge les passions qu'on n'a pas et fomente celles qu'on a » (page70) est une phrase qui sous une apparence équilibrée dénonce une véritable absurdité. Rousseau se pose ainsi dans le domaine littéraire de manière isolée « Ce n'est pas qu'un homme de génie nepuisse inventer un genre de pièces préférables à ceux qui sont établis » lance-t-il finalement page 76, montrantainsi que ses relations avec la coterie des philosophes influencent son travail d'écriture. Un autre aspect littéraire de la Lettre à d'Alembert peut être révélé en étudiant l'œuvre sous l'angle paradoxal de sa théâtralité.

On peut véritablement parler d'un « personnage Rousseau » qui sait bien qu'il sera lu parbien plus de personnes que d'Alembert. La première phrase de la préface, « j'ai tort, si j'ai pris en cette occasion la plume sans nécessité », révèlece trait.

Ce chleuasme qui ouvre un horizon d'attente annonce le monologue du comédien Rousseau. Cette mise en scène de l'isolement intellectuel dans lequel Rousseau se trouve vis-à-vis notamment desphilosophes des Lumières trouve son exutoire dans les nombreuses exclamations que l'auteur semble lancer à unparterre imaginaire.

Ainsi en est-il aux pages 134 et 135 : « mais pourquoi ce désordre est-il inévitable ? Ah,pourquoi ! » « Préjugés populaires ! Me crie-t-on.

Petites erreurs de l'enfance ! Tromperie des lois et de l'éducation !La pudeur n'est rien.

» Passionné, l'auteur s'adresse aux lecteurs de sa lettre ouverte comme au théâtre, et lesabondantes notes de bas de page semblent dans un tel schéma comme autant d'apartés. L'importance de réflexion de Rousseau sur des œuvres théâtrales achève, au travers de l'explication parl'auteur de son sentiment à l'égard des pièces, de donner à la Lettre à d'Alembert son caractère littéraire. Ainsi trouve-t-on à partir de la page 77 à 83 des références précises à Mahomet ¸Atrée , Œdipe et Médée venants étayer ses propos.

Enfin l'auteur s'exprime-t-il plus précisément sur Le Misanthrope de Molière et Bérénice de Racine.

C'est ainsi par exemple l'occasion pour lui d'expliquer page 91 ce qu'avait dû être Le Misanthrope .

Cette capacité ç réécrire dans un objectif de promotion de la vertu d'aussi grandes œuvres témoignant de la sensibilitélittéraire que Rousseau laisse transparaître au travers de cette lettre.

Mais son talent se trouve aussi dans sacapacité à faire entrer sa critique littéraire dans le champ des considérations sociopolitiques.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles