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La mort de Turenne (27 juillet 1675) « Il monta à

Publié le 02/02/2013

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La mort de Turenne (27 juillet 1675) « Il monta à cheval le samedi à deux heures, après avoir mangé ; et comme il y avait bien des gens avec lui, il les laissa à trente pas de la hauteur où il voulait aller et dit au petit d'Elbeuf : " Mon neveu, demeurez là, vous ne faites que tourner autour de moi, vous me feriez reconnaître. " M. d'Hamilton, qui se trouvait près de l'endroit où il allait, lui dit : " Monsieur, venez par ici, on tirera du côté où vous allez. - Monsieur, lui dit-il, vous avez raison, je ne veux point du tout être tué aujourd'hui, ce sera le mieux du monde. " Il eut à peine tourné son cheval qu'il rencontra Saint-Hilaire, le chapeau à la main, qui lui dit : " Monsieur, jetez les yeux sur cette batterie que je viens de faire placer là. " M. de Turenne revint, et dans l'instant, sans être arrêté, il eut le bras et le corps fracassés du même coup qui emporta le bras et la main qui tenait le chapeau de Saint-Hilaire. Ce gentilhomme qui le regardait toujours ne le voit point tomber, le cheval l'emporte où il avait laissé le petit d'Elbeuf ; il était penché le nez sur l'arçon. Dans ce moment le cheval s'arrête, le héros tombe entre les bras de ses gens, il ouvre deux fois de grands yeux et la bouche, et demeure tranquille pour jamais. Songez qu'il était mort et qu'il avait une partie du coeur emporté. On crie, on pleure ; M. d'Hamilton fait cesser ce bruit et ôter le petit d'Elbeuf qui s'était jeté sur ce corps, qui ne voulait pas le quitter et qui se pâmait de crier. On couvre le corps d'un manteau, on le porte dans une haie, on le garde à petit bruit. Un carrosse vient, on l'emporte dans sa tente : ce fut là où M. de Lorges, M. de Roye et beaucoup d'autres pensèrent mourir de douleur ; mais il fallut se faire violence et songer aux grandes affaires qu'on avait sur les bras. On lui a fait un service militaire dans le camp, où les larmes et les cris faisaient le véritable deuil ; tous les officiers avaient pourtant des écharpes de crêpe, les tambours en étaient couverts, ils ne battaient qu'un coup, les piques traînantes et les mousquets renversés, mais ces cris de toute une armée ne peuvent pas se représenter sans qu'on en soit ému. « (Mme de Sévigné.)

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