Devoir de Philosophie

La pensée de david HUME

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

hume

 

1.Réflexion critique sur la notion de causalité. Je fais mille fois la même expérience et j'obtiens mille fois le même résultat : quand je mets en place les conditions \"A\",  j'obtiens à chaque fois le résultat \"B\". Quelle conclusion en tirer ? Qu'il existe une connexion nécessaire entre A et B, que A entraine B, autrement dit que A est la cause de B ? C'est en fait une généralisation hâtive. D'abord, interrogation postérieure à Hume, il faudrait s'interroger sur ce que j'appelle \"le même résultat\", qui n'est le \"même\" qu'en fonction de mes découpages, de mon mode d'appréhension, car il ne se passe jamais strictement la même chose. Ensuite, les mille fois font que nous serions très étonnés d'un résultat différent la mille et unième fois, mais la réalité n'a souci de nos étonnements, et cette fois là peut, même si cela devient peu probable, donner un résultat différent. Quelle preuve que ce soit impossible ? Aucune, l'expérience révèle uniquement des conjonctions et des successions constantes, jusqu'à cas contraire. La croyance en une nécessité n'est jamais qu'une manière d'hypostasier les habitudes de notre expérience. Enfin, il y aurait à s'interroger sur l'équivalence entre \"A entraine B\" et \"A est la cause de B\". La première formule croit pouvoir relever une connexion nécessaire, la seconde introduit un pouvoir mystérieux de production de la part de A, ce qui est très différent. Il y au fond de cette attitude une sorte de projection anthropomorphique : de même que notre volonté produit des effets (comme les mouvements de notre corps), nous nous imaginons que des objets du monde agissent d'une manière identique, mais l'existence de ce pouvoir ne nous est jamais donné en lui-même par l'expérience. On reste dans une pensée magique (voir textes 1 et 2). Cette critique de la causalité sera l'une des sources de la philosophie critique de Kant.

2. Quel moi ? Quelle identité ? Moi, mon identité : de quoi parle-t-on ? Rien de tel en tout cas ne nous est donné dans l'expérience que nous avons de nous-mêmes. La réalité est celle de la diversité de nos comportements, qui ne sont pas toujours, de beaucoup s'en faut, cohérents entre eux. Aucun invariant notable à découvrir sous la succession multiple et diversifiée de nos perceptions. Poser cette sorte de réalité sous-jacente mystérieuse est une pure pétition de principe : rien ne permet de poser l'existence réelle d'un \"Moi\" (texte3). Si poser l'existence d'une identité relève de la fiction, cette idée imaginaire a sans doute au moins une fonction psychologique : elle nous aide à construire notre représentation. La lucidité demanderait cependant de ne pas attribuer d'existence réelle à ce qui reste de l'ordre de l'imagination  (texte 4). Là aussi, on reconnait une source d'interrogation pour la philosophie critique de Kant.

3. Un scepticisme raisonnable. Loin d'un empirisme dogmatique comme il peut en exister par ailleurs, la \"méthode\" de Hume est celle d'un empirisme prudent, qui ne prétend pas donner de valeur absolue à ses résultats. Toutes nos connaissances ne sont finalement que des croyances. Ces croyances peuvent être d'origines diverses. Au mieux, elles reposent sur ce à quoi l'expérience nous a habitué. L'expérience nous instruit sur ce qui s'est passé, l'habitude nous détermine à attendre le même pour l'avenir. Une \" forte tendance à considérer fortement les objets sous le jour où ils m'apparaissent \", et cimentant tout cela, l'imagination (texte 5). Il est donc raisonnable de s'en tenir à une attitude sceptique : ne prendre aucun savoir pour absolu. Il serait cependant ridicule pour ce scepticisme, et contraire à sa propre logique, de se crisper sur lui-même, de prendre des poses héroïques, comme il peut arriver chez d'autres philosophes. Gardons le doute modeste. Un peu de vie réelle, dîner, parler, se réjouir, ramène nos spéculations à leur juste proportion : \"Un vrai sceptique se défiera de ses doutes philosophiques aussi bien que de sa conviction philosophique\".

4. Morale et religion, des phénomènes humains. Il est vain et factice de vouloir déduire la morale de la conformité à la raison, c'est un mélange des genres illusoire. Le propos général de Hume est centré sur l'idée que la compréhension de l'homme ne passe pas par une jolie reconstruction rationnelle, mais par une étude empirique de la nature humaine telle qu'on peut la constater : tel est le sens de la notion d'enquête. Une action est dite vertueuse ou vicieuse \" parce que sa vue cause un plaisir ou un malaise d'un genre particulier.\" La morale est affaire de sentiment, non de raisonnement (texte 6). Nous pouvons notamment remarquer une qualité remarquable de la nature humaine, qui est une tendance naturelle à saisir les sentiments et les inclinations des autres, même s'ils sont différents, voire opposés aux nôtres. Hume étant du genre sceptique optimiste, il nomme sympathie cette tendance que nous pourrions, avec un langage plus moderne, nous contenter d'appeler empathie. La religion est à traiter au même titre que les autres phénomènes humains. Les textes dits sacrés, les institutions religieuses ne prouvent évidemment rien du tout sur l'existence d'un dieu. Mais les tendances théistes du dix-huitième siècle, qui voudraient faire de l'existence de dieu, en dehors de toute \"révélation\", un quasi constat logique ne prouvent rien de plus. On ne peut prouver l'existence de dieu, puisque de toutes façons aucune existence ne se peut prouver, mais ne peut qu'être constatée. Or, justement, celle de dieu ne peut pas faire l'objet d'un \"constat\". Dire, par ailleurs, que puisque tout a une cause, le tout en a nécessairement une, n'a rien de logique, c'est au contraire un propos incohérent, puisqu'il amènera alors à supposer une cause de la cause, et cela à l'infini. Comme l'expérience, nécessairement locale, ne peut en aucun cas être celle de \"tout\", elle est impuissante sur une telle question : il ne faut pas opérer de passage à la limite injustifiable, il ne faut pas \"forcer l'expérience à prononcer sur les objets mêmes qui sont au delà de sa sphère.\" On peut envisager d'autres hypothèses, éventuellement logiquement plus satisfaisantes, comme celle d'un monde existant de lui-même (puisque de toutes façons on n'explique pas une existence), et doué d'une force aveugle (texte 7). Face à ce qui nous échappe nécessairement de par notre nature, la sagesse réside donc dans \"le doute, l'incertitude, la suspension du jugement\".

Liens utiles