Devoir de Philosophie

La philosophie selon Picasso

Publié le 07/03/2011

Extrait du document

philosophie

Par son analyse profonde et sans cesse renouvelée des enjeux de la représentation, Picasso est l’un des plus grands peintres du XXe siècle. Son œuvre plastique — peinture, sculpture, gravure, céramique — traverse divers courants artistiques — cubisme, surréalisme — sans jamais s'y cantonner. Toute sa vie, Picasso engage un dialogue serré avec l'image, et met au défi le regard du spectateur, des premiers dessins de picadors dans son Espagne natale, aux bouleversants autoportraits des dernières années, ultime réflexion sur la peinture.  Un jeune Andalou dans la Barcelone interlope de 1900 Né en 1881 à Malaga, en Andalousie, Pablo Ruiz Picasso peint son premier tableau, Le Petit Picador, à l'âge de huit ans. Son père, peintre, décide d'arrêter la peinture en constatant le talent stupéfiant de son fils, alors que celui-ci n'est âgé que de treize ans. La famille Ruiz Picasso s'installe à Barcelone en 1895. Là, le jeune Pablo fréquente les milieux artistiques catalans, et se lie d'amitié avec des artistes, notamment Carlos Casagemas, rencontrés au célèbre café Els Quatre Gats, dont il décore les murs. Il se fait illustrateur de journaux pour assurer sa subsistance. Paris. Période bleue (1900-1904) Attiré par Paris comme toute une génération d'artistes européens, Picasso arrive dans la capitale fin 1900 en compagnie de son ami Casagemas. Celui-ci se tue quelques mois plus tard : Picasso, bouleversé, peint plusieurs tableaux évoquant son ami commeL'Enterrement de Casagemas. Ces années parisiennes sont synonymes pour le peintre espagnol de pauvreté, solitude et angoisse — thèmes que l'on retrouve dans ses toiles de l'époque, et dont les tonalités bleutées et verdâtres ont incité les historiens de l'art à inventer le terme de « période bleue ».  Paris. Période rose (1904-1907) A la période bleue succède la période rose, où les thèmes abordés sont le cirque, les danseuses, les saltimbanques. Picasso, installé au Bateau-Lavoir, à Montmartre, rencontre Guillaume Apollinaire, qui commente ses œuvres. Plusieurs collectionneurs commencent à acquérir ses toiles, notamment le Russe Chtchoukine, et l'AméricaineGertrude Stein, dont l'artiste fréquente le salon, et en 1906, le marchand Ambroise Vollard achète une grande partie des toiles du peintre. Le choc des Demoiselles d'Avignon  En 1906, la découverte au Louvre de sculptures ibères antiques, puis de la sculpture africaine, marque profondément Picasso. L'artiste commence alors à rendre de manière plus appuyée le relief dans ses toiles, comme en témoigne le Portrait de Gertrude Stein.  L'année 1907 marque une nette évolution stylistique dans l'œuvre de Picasso, qui travaille pendant des mois à un tableau manifeste, Les Demoiselles d'Avignon. L'artiste y bouleverse les codes de la figuration, et annonce le cubisme par la synthétisation des formes, héritée de CézanneL'aventure du cubisme Peu après l'exécution des Demoiselles, Picasso fait la rencontre de Georges Braque, qui est le réel inventeur du cubisme. Ensemble, les deux artistes mettent au point le cubisme « analytique » : la perspective centrale est abandonnée au profit de formes éclatées en multiples facettes. A partir de 1912, Picasso inclut des éléments réels dans ses toiles, ainsi dans laNature morte à la chaise cannée, toile sur laquelle est collé un morceau de toile cirée imprimée. Les collages évoluent vers le cubisme « synthétique », qui offrent une vision simultanée des angles d'un objet. Parallèlement à la peinture, Picasso s'engage dans un travail de sculpteur et de graveur, qui sont essentiels dans sa réflexion sur la représentation (Lire aussi  notre article Picasso et le cubismeLe retour à l'ordre Parvenant aux limites de l'abstraction, Picasso s'en éloigne résolument à partir de 1917, sous l'influence notamment de Cocteau, avec lequel il se rend en Italie, et les Ballets russes de Diaghilev, pour lesquels il crée décors et costumes. Cette période de « retour à l'ordre », sensible chez plusieurs artistes au lendemain de la Première Guerre mondiale, correspond à un nouveau regard porté sur l'art classique, et, chez Picasso, à un retour à des formes harmonieuses, pleines, et à des coloris plus tendres, dont témoignent ses portraits ingresques des années 1920.  Picasso surréaliste Inclus malgré lui au groupe surréaliste dans les années 1920, Picasso, à cette période, interroge dans ses œuvres la double signification des images, confrontant différents angles de vue dans une même figure. Les figures mythologiques, notamment le Minotaure, et les femmes en pleurs deviennent des thèmes de prédilection. A partir de 1930, Picasso se retire fréquemment dans le château de Boisgeloup, dans l'Eure, où il se consacre en particulier à la sculpture. Guernica  Le peintre est un homme de passions, amoureuses mais aussi politiques : il peint en 1937 la toile monumentale Guernica, qu’il nomme lui-même un « instrument de guerre pour la défense contre l’ennemi ». Opposé à Franco, il ne retournera jamais en Espagne. Résistant passif au nazisme, Picasso reste à Paris pendant l’Occupation et peint des œuvres aux tons sourds et à l’atmosphère étouffante. Le peintre de la sensualité Après la guerre, Pablo Picasso s’installe dans le Midi de la France et ses œuvres (peintures, sculptures et céramiques) retrouvent la joie de vivre et une grande sensualité, au contact des femmes qui traversent sa vie. Dans les années 1960, l'artiste redécouvre les grands maîtres et s’en inspire pour des séries d’après VélasquezDelacroix ou Raphaël... Dans ses dernières années, il explore plus encore l’érotisme du corps féminin et scrute son propre visage dans des autoportraits bouleversants d’introspection.

Liens utiles