la poésie
Publié le 28/09/2014
Extrait du document
«
Exalte la pâmoison odorante des calices
Et le jeune soleil baise les feuillées neuves »
Le jeu des sons semble très sensuel (on remarque ici des assonances en [a] et [eu] alliées aux allitérations en
[z]).
La poétesse inscrit en écho les consonnes liquides de « soleil » et « feuillées » et les sons en [eu].
Le
choix est donc celui d'une écriture lyrique.
La musique des mots chante le désir éprouvé par l'Ève.
Très
librement, la poétesse associe alexandrins et vers de mètres très variés.
Krysinska situe le désir dans la nature
et la palpitation de la chair : « la douceur magnétique de ces beaux flancs nus » dont elle nous donne un
aperçu dans une écriture qu'il faut bien appeler érotique.
Apollinaire situe pour sa part le thème dans la ville.
Cette fois le décor est fait de « quartiers énormes » et de
« machines ».
Lui, est-ce parce qu'il est un homme ? est beaucoup plus visuel que Krysinska.
Alors qu'elle
sentait et ressentait, lui voit, il est ébloui par les yeux.
Il décide de reprendre la tradition du poème blason
qui depuis la Renaissance est une description érotique du corps féminin.
Le champ lexical de la couleur est
donc assez foisonnant : « d'or ; violine ; couleurs de France ; bleus ; blanches ; rouges ».
Mais le poète
propose en vers libres, lui aussi un lyrisme qui se fait personnel par l'anaphore du pronom de première
personne dans « J'aimais » et nous amène au plus intime de sa confusion devant le désir.
Baudelaire écrit en prose.
Est-ce un refus de la poésie du désir ? L'éveil printanier de la nature correspond ici
à une situation de départ dans un récit qui bascule avec le mot « cependant ».
Alors le lyrisme est amené par
la situation de ce personnage étrange, anachronique, inexplicable.
Le poème ressemble en somme à une
vaste antithèse entre le printemps joyeux et le fou souffrant : l'« admirable journée » contre « ma tristesse et
(...) mon délire ».
Le poète choisit le discours direct, le discours intérieur du personnage qui correspond à
une voix discordante dans le beau concert du printemps.
C'est une autre antithèse : à « l'orgie silencieuse »
répond le cri solitaire : « Ah ! Déesse ! » au vocatif exclamatif.
On a pu voir que le thème du désir, associé au printemps et à la femme, peut être actualisé selon des choix
très variés.
Pourquoi ne pas dire l'ardente préférence pour la sensualité de Marie Krysinska ?.
»
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